Barbara Witkowska Journaliste

Visionnaire, Robert Clergerie chausse les femmes exigeantes depuis plus d’un quart de siècle. L’£il vif et de l’énergie à revendre, il vient de racheter sa propre marque pour la sauver du naufrage et met sur pied un programme de stages à l’intention des jeunes créateurs. Pour leur transmettre son savoir-faire inestimable.

L a nouvelle collection. Robert Clergerie, c’est avant tout un style : architecturé, audacieux, avant-gardiste, immédiatement reconnaissable et… un brin masculin. Dans la collection de cet hiver, côté coloris, pas d’extravagances. Mais le noir, le gris, le chocolat et le taupe sont dopés, parfois, par un violet chaleureux ou un rouge profond. Les peaux sont belles et de grande qualité. On remarque aussi le retour du vernis, utilisé en total look ou mixé avec le cuir ou le daim. Les derbies ? On les aime en cuir argenté. On craque pour ce mini-motif pied-de-poule ou celui davantage graphique en noir et blanc. La version tricolore gris perle, gris et noir est tout aussi classe. Hissées sur des hauteurs vertigineuses, les sandales compensées Nephys sont déclinées en cuir violet ou en vernis pied-de-poule. Les babies compensés ont, elles, de belles lignes arrondies et fluides et s’affichent en nubuck gris métallisé ou en cuir vernis gris taupe. La salomé-derby Letty et le derby à plateau Lola ? Un clin d’£il aux années 1940. Les bottes et les bottines sont plates ou légèrement compensées. A épingler aussi : depuis quelques années, la marque flirte aussi avec les sacs.

Un nouveau départ. Robert Clergerie a bâti une entreprise florissante, reconnue internationalement. Au seuil du IIIe millénaire,  » avec l’âge « , il a ressenti le besoin de souffler, de se consacrer à la lecture de Voltaire et d’Aristote, ses auteurs préférés, et de  » cultiver son jardin  » dans tous les sens du terme. Il vend l’affaire en 2001. Privée de son talentueux patron, celle-ci périclite et dépose le bilan en 2004. Robert Clergerie vole au secours de son  » bébé « , rachète aussitôt l’entreprise, fait appel à son fils aîné Xavier et installe une nouvelle direction. Et ça repart ! Moins présent physiquement que par le passé, il garde un £il sur tout. Il vient de lancer par ailleurs un beau projet à l’intention des jeunes.  » La chaussure, c’est un métier druidique qui se transmet oralement, conclut-il. Nous avons un savoir-faire et un tour de main extraordinaire et il est de notre devoir de permettre à de jeunes élèves d’accéder à ce patrimoine. J’ai donc lancé un stage gratuit de huit semaines, destiné aux élèves des meilleures écoles de style.  » La première session a démarré le 4 septembre dernier. Parmi les premiers heureux élus figure Kim Stumpf, diplômée de La Cambre en juin 2007.

Barbara Witkowska

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