Le maître de maison cultive le goût du terroir, de l’art et de l’amitié… Tout l’été, ses copains le rejoignent dans cette belle demeure de la vallée du loir, patiemment aménagée, pour savourer de bien douces vacances.

L a maison est accrochée à un coteau. La vue, sur les vallées du Loir et de la Bray, est superbe. Les couleurs des pierres et celle des tuiles sont douces tout comme la lumière de la région. Les vignes qui, autrefois, entouraient la petite bâtisse ont disparu, recouvertes par la campagne : leur souvenir est conservé par un pressoir, de splendides caves et une treille qui, vaillamment, continue de courir sur la façade.

Quand, se détournant de son Midi natal pour se rapprocher d’amis installés en Loir-et-Cher, le décorateur français Philippe Barle l’a découverte, la maison était abandonnée, oubliée, en partie en ruine. Victime de l’absence de vie, offerte à tous les éléments, elle était dans un état catastrophique, mais son charme, pourtant, était intact. A quoi tient la magie d’un lieu ? A de belles portes, toujours en place ? A des morceaux d’enduits aux teintes chaleureuses ? A une cheminée, étonnamment grande dans une maison si petite, prête à accueillir des flambées réjouissantes ? Sans doute à tout cela à la fois. Mais cette maison était surtout séduisante par son art de laisser entrer la lumière à profusion. A flanc de coteau, derrière les ronces et les outrages du temps, c’est bien un petit joyau û c’est-à-dire une amie, une chance û que Philippe Barle a déniché.

Ces murs, qui ont hébergé des générations de vignerons, le décorateur les a aménagés en maison d’été, ouverte des premiers bourgeons aux dernières feuilles des arbres. C’est là, rituellement, dès qu’arrivent les beaux jours, que, pour de longues agapes champêtres, ses amis accourent de la France entière fêter son anniversaire.

La maison, bordée d’une nature superbe, est entourée de terrasses, parfois couvertes, qui sont autant de lieux dédiés au repos et, tournés vers les quatre horizons, recommandés à chacune des heures de la journée. A l’aménagement intérieur, correspondent, pour chaque fonction domestique, des installations extérieures. Salle de séjour, salle à manger, cuisineà chaque pièce, en plein air ou dans une cave troglodyte, a ainsi son double.

Avec la patience, l’art et le talent de celui qui connaît û et qui aime, c’est la même chose û la vigne et le vin, Philippe Barle, quand il a pris possession des lieux, a tenu à être profondément respectueux non seulement de leur âme, mais de l’âme du terroir : est-ce lui qui avait donné ses teintes aux murs ? Il les a conservées. Est-ce à lui que les menuiseries devaient leur charme ? Il ne les a pas touchées. Cette terre a-t-elle imposé la secrète harmonie qui unit les constructions à la campagne ? Il ne l’a pas modifiée.

Il voulait une maison de vacances, aussi peu sophistiquée que possible, facile à ouvrir et à fermer (dut-il, à ces objectifs, sacrifier un peu de confort… ). Il voulait ne rien toucher au caractère des murs et à leur apparence : aussi, sa marque, est-ce dans la décoration qu’il l’a imprimée, tout en nuances, en raffinements, en contrastes. Il aime, par exemple, le rouge, en apprécie le feu, le brillant, le moderne. Eh bien, c’est autour de cette couleur qu’il a décliné sa palette. Quant aux aménagements et au mobilier, ils sont, jusque dans l’audace, la provocation et les chocs voulus, une juxtaposition harmonieuse d’éléments apparemment rustiques, d’objets indiscutablement classiques et d’£uvres résolument contemporaines.

De l’ensemble se dégage une impression, calculée et très construite, de dépouillement, de naturel, d’évidence familière . à quelques encablures de La Possonière, où est né et a vécu Ronsard, c’est tout cela que la douce lumière de la Vallée du Loir, met radieusement en valeur.

Robert Colonna d’Istria

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