Les architectes Marie-Françoise Geurts et Marc Bouillot ont privilégié la lumière et l’espace pour redonner vie à un ancien atelier de menuiserie. Résultat : un équilibre parfait.

La couleur vive rouge brique qui illumine la façade rigoureuse de ce petit immeuble, situé dans un quartier d’Ixelles à Bruxelles, la différencie singulièrement de ses voisins. En franchissant la porte d’entrée, on s’attend à une rénovation peu banale. Et on n’est pas déçu en découvrant cet espace étonnant et séduisant : une vraie maison conçue comme trois lofts sur trois niveaux, totalisant 350 m². Le bâtiment vivait, il y a deux ans à peine, une déchéance qu’il ne méritait pas. Le couple d’architectes Marie-Françoise Geurts et Marc Bouillot lui a donné une transparence et une circulation qui s’apparentent à l’esthétique parfaite, au ton juste et au confort moderne.

Construit en 1945, l’immeuble était destiné à accueillir un atelier de menuiserie, réparti sur plusieurs étages, le dernier servant, sans doute, d’appartement de fonction. D’où cette profondeur impressionnante, variant entre 20 et 26 mètres selon les niveaux.  » Nous possédons une maison avec jardin dans les environs de Namur, explique Marie-Françoise Geurts. A Bruxelles, nous vivions dans une maison tout à fait classique, à Schaerbeek. Titillés par le changement, nous voulions une habitation urbaine dans un quartier agréable. Ce grand espace aux allures de loft nous a séduits, car l’esprit de maison familiale y est très présent « . Les travaux ont démarré en février 2000. Menés tambour battant, ils se sont achevés en août de la même année.

Commençons l’état des lieux au rez-de-chaussée.  » C’est un volume mitoyen. Sur 26 mètres de profondeur, il n’y a aucune ouverture, donc pas de lumière, explique Marc Bouillot. D’où notre idée de transformer ce niveau en garage pour quatre voitures « . Au premier étage, un appartement-loft, destiné à la location, a été aménagé. Les niveaux supérieurs sont occupés par le couple d’architectes et ses trois enfants.  » Au départ, nous disposions de deux plateaux, mais comme les maisons mitoyennes sont suffisamment hautes, nous avons eu la possibilité de rehausser notre immeuble d’un étage, pour créer un triplex « , poursuit Marc Bouillot.

Le bas appartient aux enfants. On y accède soit par l’ascenseur, soit par un escalier  » transparent  » qui remplace l’ancien, enfermé entre deux murs. Les matériaux d’origine, murs en briques, plafonds en béton, ont été conservés et peints en blanc, laissant aux volumes leur simplicité. La couleur apparaît en touches légères, donnée par un tableau, un objet, le tissu d’un canapé ou d’un coussin. Au centre, une vaste pièce à vivre est dédiée aux jeux, aux séances de télé et… aux courses à bicyclette. Aux extrémités les chambres et les salles de bains des filles et du fils sont aménagées avec un parti pris de charme, de douceur et de confort.

Sur le niveau médian, un volume magnifique est prolongé par une belle terrasse de 50 m². Dans ce grand espace que se partagent la cuisine, la salle à manger et le salon, la lumière joue un rôle prépondérant. Qu’elle tombe verticalement de la verrière, ou qu’elle éclaire la pièce latéralement par les baies vitrées, elle sculpte les volumes en soulignant la sihouette rigoureuse de l’escalier industriel, fabriqué sur mesure, et les poutres apparentes en béton.  » On a voulu respecter l’esprit industriel de l’ensemble, tout en lui conférant un aspect doux et familial « , précise Marc Bouillot. Le mobilier s’intègre parfaitement dans cette harmonie de non-couleur – blanc, noir, bois – que vient briser par endroits la tache vive d’un objet, d’un tapis ou d’une table basse. Une cloison dessine une courbe généreuse et occulte la porte d’ascenseur, ainsi que tous les endroits  » techniques  » : un vestiaire, un WC et un débarras. La même courbe cache aussi, partiellement, les placards de la cuisine. Celle-ci est une mise en scène très réussie de finitions raffinées : l’Inox côtoie des carrelages en ciment gris-beige, contraste avec des portes en MDF noir, teint dans la masse et vernis.

Le dernier volume, nouvellement construit sur le toit, est consacré à l’intimité du couple. Un écran-paravent, qui sert également de tête de lit, sépare la chambre de la salle de bains. On dirait une sculpture en marbre rare. En réalité, il s’agit d’une construction en MDF, lissée avec de l’enduit de carrossier et agrémentée de stucco veneziano de couleur ocre, appliqué au couteau. Dans la salle de bains, les architectes ont craqué pour un aménagement dans l’air du temps : une baignoire au look légèrement rétro, non encastrée et deux vasques blanches en guise de lavabos. Le plafond, en bois peint, confère au volume beaucoup de légèreté, un esprit de vacances.

Ce vaste loft-maison invite à la sérénité. Il abrite en ses murs une vie familiale que chacun accommode à son goût, en toute liberté : flâner, travailler, cuisiner, s’isoler pour commencer un bouquin-fleuve, se dorer au soleil.  » On a séparé les fonctions, tout en sachant qu’elles déborderont, conclut Marie-Françoise Geurts. C’est un beau compromis pour une famille « . Une sorte de paradis tranquille, à quelques minutes du centre-ville.

Barbara Witkowska Photos : Laurent Brandajs

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