Depuis Montréal, la blonde Aurélia Filion décoince le discours sur le vin par le biais de courtes séquences diffusées sur le Net. Ce buzz gorgé de fruits rouges a pour nom  » Bu sur le web « .

« Le vin, c’est la terre. Celle-ci est légèrement graveleuse, c’est un médoc. Le vin, c’est aussi le soleil. Celui-ci a profité d’une belle exposition sud-ouest sur un coteau de bonne pente…  » Si vous en êtes resté au Léoville Las Cases 1953 décrit par Charles Duchemin – Louis de Funès -dans L’Aile ou la cuisse (1976), il est grand temps de se réveiller. Aujourd’hui, la parole sur les crus s’est libérée, elle n’est plus l’apanage du quinquagénaire bedonnant n’ayant que le mot bordeaux à la bouche. Le témoignage le plus pertinent de ce Mai 68 en rouge et blanc se trouve au Québec. Amusant, c’est au pays de l’orignal et des micro-brasseries que l’on s’autorise à mettre le vin en scène autrement. Cerise bien rouge sur le gâteau envoyé à la tête des vino-machos, c’est une petite bombe de 32 ans qui joue du tire-bouchon, et pas n’importe comment.

Depuis le 1er décembre 2009, Aurélia Filion buzze le Net avec  » Bu sur le web « , des capsules audiovisuelles de 5 minutes hypervitaminées qui allèchent tant l’amateur averti que le novice. Destinées à ouvrir le palais du public québécois sur d’autres saveurs, les séquences font désormais le tour de la francophonie comme en témoignent les commentaires enthousiastes des internautes. Yeux bleus légèrement maquillés, ongles laqués de rouge, look étudié, montage rythmé, images HD et surtout langue bien pendue… difficile de résister au charme de ces programmes manucurés.

Le pitch est à chaque fois le même. Hilare et sémillante, Aurélia Filion ouvre une bouteille qu’elle partage avec tous. En live, elle livre ses impressions aussi pétillantes que spontanées pour un vrai moment de communion.  » Je veux amener les gens dans mon trip, le vin c’est comme les chaussures, il y a une paire pour chacun de nous.  » Zéro prise de tête, la jeune femme parle de  » vins de chasse  » habillée d’une peau d’ours polaire, de  » vins de casse-croûte  » et même de  » vins à lunettes « . Nul parti pris, la Montréalaise  » se balade à travers tous les vignobles « , même si elle affiche un léger penchant pour la France et les vignerons  » en marge « . En bonne groupie de la grappe, elle cite volontiers feu Marcel Lapierre (Beaujolais), Pierre Overnoy (Jura) ou Jacques Selosse (Champagne) en guise de panthéon. Elle a même lu tout Jules Chauvet, l’homme à l’origine des vins naturels. C’est que l’Hexagone lui a donné le goût du raisin.

À 20 ans, alors étudiante en communication, Aurélia Filion s’installe quatre ans en France.  » J’ai rencontré le vin en acceptant un job de vendangeuse à Sauternes. Je n’y connaissais rien mais j’ai été scotchée par ces grains de raisin que l’on triait un par un.  » L’expérience est fondatrice : lorsqu’elle revient dans son pays natal, elle n’a qu’une envie,  » bosser dans le vin « . Avec deux associés, elle fonde înopole, une société qui fait du lobbying afin d’ouvrir la gamme officielle de la SAQ, la société d’État qui gère le commerce des boissons alcooliques au Québec, à de nouveaux vignerons.  » J’avais peur de passer davantage de temps à remplir des papiers plutôt qu’à parler de vin, c’est comme ça que j’ai imaginé « Bu sur le web »… Mon amour de la caméra a fait le reste. « 

Les sollicitations ne manquent pas, mais jusqu’ici, Aurélia Filion a presque tout refusé, si ce n’est une collaboration régulière au magazine Terre de vins. Dommage, elle passe tellement bien à la télé, comme lorsque, pour le nouvel An, elle s’est fendue d’une séquence iconoclaste sur une  » piscine  » – du champagne servi dans un verre rempli de glaçons – bue sur le web en version cul sec. Difficile de mieux commencer l’année !

www.busurleweb.com

PAR MICHEL VERLINDEN

 » LE VIN, C’EST COMME LES CHAUSSURES. « 

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