Plébiscitée par les plus grands metteurs en scène, Naomi Watts donne la réplique à DiCaprio dans J. Edgar, le nouveau film de Clint Eastwood. Rencontre à Los Angeles, récit d’une incroyable success-story et portrait d’une éblouissante quadra.

Elle a le cheveu blond et le regard bleu. La quarantaine épanouie et le sourire enjôleur. Elle a séduit David Lynch, s’est lovée dans la main de King Kong et a fait craquer Woody Allen… Rien ni personne ne semble résister au charme de Naomi Watts. D’ailleurs, quand elle n’ensorcèle pas les écrans hollywoodiens, la belle Anglo-australienne donne un visage au parfum Angel de Thierry Mugler, vante les mérites de Pantene Hair Care et joue les égéries pour la griffe de mode américaine Ann Taylor.

Dans J. Edgar (*), le nouveau film de Clint Eastwood qui retrace la vie d’Hoover, père fondateur du FBI, Naomi incarne Helen Gandy. Celle qui fut pendant près de cinquante ans sa fidèle et dévouée secrétaire.  » Je donne la réplique à deux beaux mecs tout en ayant la tête de ma grand-mère « , plaisante l’actrice d’un éclat de rire franc dans un luxueux hôtel de Los Angeles. Et pour cause, ce biopic, elle en partage l’affiche avec Leonardo DiCaprio et Armie Hammer, la gueule d’amour qui jouait les jumeaux Winklevoss dans The Social Network, le film sur Facebook de David Fincher.

DE LA GALÈRE À LA GLOIRE

Née le 28 septembre 1968 dans le Kent, élevée au pays de Galles avant de partir à 14 ans pour l’Australie dont sa grand-mère est originaire, Naomi en bave avant d’accéder aux strass, paillettes et tapis rouges. Quand David Lynch la repère pour Mulholland Drive, il y a une bonne dizaine d’années, la jeune femme galère à Los Angeles. Continuellement rejetée des castings – selon son agent, elle est tellement désespérée qu’elle fait peur aux gens -, elle a l’impression de vendre son âme à des rôles imbéciles pour lesquels elle est choisie à contrec£ur. Elle a même trois mois d’arriérés de loyer, perd son assurance médicale et projette de retourner vivre en Australie lorsque le réalisateur d’Elephant Man et de Lost Highway demande à la rencontrer. Il l’interroge sur son enfance et sur son père, Peter Watts, ingénieur du son et tour manager de Pink Floyd (on entend son rire machiavélique au début de l’album Dark Side of the Moon). Cet homme, Naomi l’a très peu connu. Peter s’est rapidement séparé de sa mère et est mort d’une overdose alors qu’elle n’avait que 7 ans (en 2008, son ex-petit ami Heath Ledger connaîtra la même fin tragique). Sans doute l’une des explications à son penchant pour la noirceur. Qu’on parle peinture, littérature ou cinéma… Souvent d’ailleurs, l’actrice écoute Money du Floyd sur les plateaux pour se concentrer. Un morceau qu’elle affectionne au point de l’avoir choisi comme sonnerie de GSM.

Son amie Nicole Kidman rencontrée en Australie lors du casting d’une pub pour Bikini le sait et le lui répète. Il suffit d’un film pour qu’une vie change. Qu’une star naisse. Qu’une carrière s’envole. Le double rôle de Betty et de son alter ego Diane dans Mulholland Drive lui ouvre ainsi les portes de Hollywood et les faveurs de ses plus grands réalisateurs. Un rôle de junkie dans 21 Grammes d’Iñarritu (qu’elle a accepté sans avoir lu le scénario), une plongée dans l’enfer de la mafia russe avec Cronenberg ( Les Promesses de l’ombre) ou encore une longue séquestration devant les caméras d’Haneke ( Funny Games US)… Le CV de Naomi Watts est éblouissant. Aujourd’hui, selon le magazine Forbes, elle est l’une des actrices les plus bankables de Hollywood. Des plus sportives aussi… Fan de football et de boxe à l’adolescence, elle aime les arts martiaux et pratique régulièrement le yoga. Il lui a, se réjouit-elle, épargné des séquelles sérieuses après une lourde chute sur le tournage de King Kong en Nouvelle-Zélande en 2005. C’est lors de la première qu’elle se présente au bras de Liev Schreiber ( Scream, X-Men) rencontré sur le plateau du Voile des illusions et depuis devenu son mari.

MAMAN AVANT TOUT

Même si elle a déjà travaillé comme nounou pour Tom Cruise et Nicole Kidman du temps où elle ramait à Hollywood, Naomi n’endosse que récemment le rôle de mère. À 39 ans.  » Je pouvais parfaitement comprendre la panique de mon personnage dans le film de Woody Allen Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, confie-t-elle. J’ai vécu cette angoisse que l’on ressent lorsqu’on voit les gens autour de soi avoir des bébés. Quand on se demande ce qui ne va pas chez nous et se dit qu’on en veut absolument un maintenant. J’ai aussi beaucoup d’amis confrontés à cette situation, qu’ils soient ou non dans le cinéma.  »

Maman de deux petits garçons, Samuel et Alexander, respectivement âgés de 3 et 4 ans, Naomi semble se faire plus rare et discrète sur les plateaux. Plus sélective sans doute aussi.  » Tous mes choix de films sont liés à notre organisation familiale, avoue-t-elle. La première chose qui compte pour moi avant d’accepter un projet, c’est le réalisateur. Quand il s’agit de quelqu’un avec qui je désire travailler, j’ai envie de lire le script. Après, les deux questions fondamentales sont : où est-ce qu’on tourne et combien de temps ? « 

L’actrice vient de passer six mois en Thaïlande et en Espagne pour The Impossible, avec Ewan McGregor, quand on lui propose J. Edgar.  » Ma famille m’avait accompagnée sur le tournage mais c’était long et loin de la maison, souligne-t-elle. En même temps, comment dire non à Clint Eastwood avec qui j’avais toujours voulu bosser. Vous savez, il n’y a rien de tel que les enfants pour vous garder en mouvement. Je ne me sens pas jeune mais ils me maintiennent active.  »

SIX HEURES DE MAQUILLAGE PAR JOUR

S’il faut souffrir pour être belle, il faut aussi parfois s’accrocher pour paraître plus vieille. L’action de J. Edgar se déroulant sur plus de soixante ans, les comédiens ont dû se soumettre à des séances de maquillages interminables et pénibles. Environ six heures par jour…  » Ce fut l’une des choses les plus compliquées de ce tournage, concède Naomi. Il est difficile de rester assis et immobile aussi longtemps. Tu as ton bouquin, ton iPod, ton téléphone… Toutes ces choses qui font que le temps passe plus vite. Il n’en semble pas moins long.  »

En guise de consolation, les comédiens ont chacun eu une sacré garde-robe… Leonardo DiCaprio a porté pas moins de 80 costumes différents pour ce seul long- métrage.  » Il y avait quelque chose d’amusant à s’habiller dans des tenues des années 20 à nos jours mais mon personnage évoluait sur son lieu de travail. Ses vêtements devaient être élégants. Pas flashants ni même voyants. Rien de très à la mode. « 

Naomi a tout de suite été subjuguée par le calme, le flegme, la discrétion, la force de son personnage Helen Gandy.  » Comme peu d’informations étaient disponibles à son sujet, je me suis posé des questions. Comme de savoir pourquoi elle a continué à travailler pour Hoover aussi longtemps. Était-elle amoureuse de lui ? Avait-elle un homme dans sa vie ? Était-elle obsédée par Edgar ou obnubilée par son travail ? « 

EN ATTENDANT MARILYN…

Amie de Mark Ruffalo, de Kate Hudson et de Sean Penn, marraine du fils de Simon Baker ( The Mentalist), Naomi Watts donnera prochainement la réplique à Robin Wright dans The Grandmothers. Le premier film en langue anglaise d’Anne Fontaine. Elles y joueront deux amies de longue date qui tomberont chacune amoureuse du fils de l’autre.

Plus glamour, Naomi devrait aussi bientôt (le projet semble en suspens) incarner Marilyn Monroe dans l’adaptation de Blonde, le roman controversé de Joyce Carol Oates.  » Je pense que chaque femme s’identifie à Marilyn d’une façon ou d’une autre. C’est une telle icône et une femme magnifique qui a connu de nombreuses tragédies. Il y a évidemment beaucoup de pression mais c’est en même temps une formidable opportunité.  » Opportunité qu’a déjà saisie Michelle Williams. L’actrice de Dawson et de Shutter Island prête ses traits à l’icône dans A Week with Marilyn dont la sortie est prévue chez nous en mars (lire aussi en page 28). Poupoupidou…

(*) Sortie en Belgique ce 11 janvier. Lire aussi l’interview de Leonardo DiCaprio dans Focus Vif, en pages 8 à 11.

PAR JULIEN BROQUET

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