L’artiste

Yahel Chirinian est née à Avignon, en 1970. Elle découvre le monde de l’art grâce à son père, collectionneur, ami d’artistes. Atom Egoyan et Pina Bausch passent à la maison. Après l’école des beaux-arts de sa ville natale, section sculpture, elle rencontre des amis artistes qui l’emmènent à Tokyo. Piquée de voyages, elle ne reviendra plus en France. Aujourd’hui, après Los Angeles, elle a posé ses valises à Goa, dans le sud de l’Inde. Un pays qu’elle connaît pour y avoir appris le sanskrit, plus jeune. Avec lequel elle entretient une relation intense, sensuelle. Un pays  » génie de la couleur « , dit-elle, qui nourrit son £uvre débordante d’énergie, doucement kitsch, dopée à l’émerveillement et à une certaine forme de magie. Celle de la lumière, qu’elle travaille à la faveur de petits morceaux de miroirs qu’elle colle sur des formes organiques en fibre de verre. Intimement liées à l’environnement qui les entoure, ses £uvres, forcément mouvantes, s’habillent des reflets de couleurs tantôt d’une galerie, d’un jardin, où d’une plage où elle les a un jour installées. Déconnectée, loin des foires d’art contemporain et des tendances du marché, Yahel Chirinian se sent ainsi  » protégée dans sa phase créative « . Inclassable, entre la sculpture et le design, un pied dans l’art, l’autre dans la déco, elle s’en fout à vrai dire, elle veut rester une enfant,  » et que le monde brille « .

L’expo

Elaine Levy fait figure d’ovni dans le réseau des galeries bruxelloises. C’est dans son appartement, à Saint-Gilles, que cette jeune Française bouillonnante d’énergie et allergique aux chapelles monte depuis quelques années des expositions. Jusqu’au 6 mars prochain, Elaine va donc dormir entre les  » floating rocks  » de Yahel Chirinian (photos). Ou plutôt faire la nouba. Pendus à des énormes cordes, ces rochers flottants recouverts de petits bouts de miroir, à la manière d’une mosaïque, revisitent en quelque sorte la boule à facettes. Version organique. Le titre de l’expo, If I can’t dance tonight souligne la boutade. On accroche particulièrement à cette autre idée : projeter sur une des pièces les plus imposantes, un film de Bollywood, référence obligée à la culture populaire indienne qui coule dans les veines de l’artiste. Et pas seulement la culture populaire. Depuis quelques années, à la demande de clients indiens, Yahel Chirinian applique sa technique sur des sculptures de dieux hindous. Un honneur, qu’elle reçoit comme la plus belle preuve d’acceptation pour une étrangère, d’obédience juive de surcroît. Que le monde brille.

Yahel Chirinian : If I can’t dance tonight, Elaine Levy Projet, 9, rue Fourmois, à 1050 Bruxelles. Jusqu’au 6 mars prochain. Tél. : 02 534 77 72. E-mail : elaine@elainelevyproject.com www.elainelevyproject.com

Chaque mois, Le Vif Weekend vous propose le décryptage d’une exposition. Parce que l’art contemporain est souvent taxé d’hermétisme, nous vous donnons les clés de lecture pour passer les portes des galeries et apprécier le meilleur de l’art vivant.

Baudouin Galler

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