Barbara Witkowska Journaliste

Un cocktail de recherche, de sophistication et de nonchalance caractérise les collections 05-06. Un mélange subtil qui signe une nouvelle silhouette urbaine à l’esprit dandy.

Carnet d’adresses en page 126.

L e mot d’ordre de cet hiver 05-06 ? La finesse. L’élégance fait son retour dans la mode masculine.  » Certes, l’horizon, comme toujours, est assez large et plusieurs tendances coexistent, explique Emmanuelle Kerdaffrec, styliste au Bureau de Style Chaussure Maroquinerie Cuir à Paris. Le point commun toutefois, c’est une envie de raffinement. Dans le prêt-à-porter, la silhouette a une allure fine, plus ajustée, les épaules sont étroites. Les pieds la terminent dans le même esprit de finesse et de souplesse.  »

Très présent, l’esprit dandy n’est ni stéréotypé, ni coincé. Il affiche un look décontracté et séduit par son petit côté  » négligé chic « . Le derby et la chaussure cycliste, les deux modèles phares de la saison, ont pris un coup de jeune et sont irrésistibles de qualité et de design. Simple, souple et presque minimaliste, la chaussure lacée renoue avec la sophistication des années 1950 : un univers soyeux et glamoureux avec ses ambiances jazzy des croisières hyperchics, des grands hôtels ou des music-halls. Le nec plus ultra ? Associer les souliers fins et élégants à une dégaine  » mauvais garçon  » : un pantalon court porté avec une veste dépareillée ou un blouson un peu étriqué. L’accessoire incontournable ? Une casquette tombant légèrement sur un £il.

Côté matières, c’est le vernis qui détient la vedette. Souple et  » vivant « , il est talonné de près par le veau velours, avec son toucher doux et sensuel. Chez Louis Vuitton, les modèles habillés se portent de façon décalée avec une tenue décontractée et les modèles plus épurés avec une tenue sophistiquée. Pendant la journée, le mocassin à bout arrondi en veau velours, agrémenté de pompons, sera parfait. Pour le soir, on adoptera des modèles très forts en cuir verni grainé, accessoirisé d’un n£ud papillon moiré ou de pompons. Chez Yves Saint Laurent, la chaussure en vernis noir, très stylée avec son lacet en gros grain, accompagne idéalement le smoking. Elle sera aussi du plus bel effet avec un jeans. Les créations du jeune styliste français Pierre Hardy s’inscrivent dans le même univers, chic et épuré, où le terme  » soulier  » est bien à sa place.

La chaussure cycliste, devenue culte avec Serge Gainsbourg et le photographe Jeanloup Sieff, fête son grand retour. Et elle va s’imposer davantage encore en 2006, dans les collections d’été. En effet,  » ses références historiques et son look futuriste en font un produit contemporain type « , souligne Emmanuelle Kerdaffrec. Cet hiver, on la trouve chez Repetto. Elle est présente aussi chez Louis Vuitton, en veau velours moka. Réalisée d’une unique pièce de cuir, sa construction Goodyear lui garantit un confort absolu. Comble du raffinement, son look épuré est rehaussé de détails discrets, tels que le cube gravé LV dans le talon et le bout fleuri perforé aux initiales LV.

Les formes classiques de chaussures masculines se transforment en modèles surprenants et pleins de fantaisie. Fratelli Rossetti redécouvre les lignes belles et confortables et innove dans les détails. Les pointes sont effilées, carrées ou rondes. Surpiqûres à gros fil, perforations en fleur, grosses franges et boucles finies main, soulignent l’allure des derbies, des mocassins et des bottillons  » beatle « . L’homme Hermès arpente le bitume avec des richelieus ou bottines en veau, déclinés en quatre nuances chicissimes : feu, noir, moka ou kraft. Pour des balades à la campagne, il enfilera des bottes en box moka et peau lainée, soulignées d’une élégante fermeture Eclair. Chez Santoni, les matières acquièrent un aspect noble, grâce à un très beau travail de surpiqûres, de finitions patine et de semelles colorées. L’une des pièces phares est le modèle George (en série limitée), chaussure légèrement montante, nette, élancée, sur des pointes longues semi-carrées, juchée sur une semelle gomme joliment travaillée. Quant à Pirelli, son style inimitable s’exprime dans l’association du plus pur style britannique et des semelles à empreintes de pneus.

Le sport en ville

L’esprit des années 1970 souffle dans les collections casual, comme chez A. Testoni. Clarks, la marque culte, synonyme d’une jeunesse insouciante, acquiert un statut haut de gamme. Les bobos de la génération 30-40 ans apprécient la souplesse de la tige et le confort de la semelle grasse et épaisse. La Desert Boot, référence emblématique de Clarks s’affiche cet hiver en version cuir, d’un rouge subtilement patiné, tandis que la Wallabee, autre modèle toujours très prisé et grand classique de la marque, est baptisé Wallabee Boot Collar et pourvu d’une tige plus haute, fourrée d’agneau, parfaite pour affronter le froid.

Chez Gant, les semelles en PVC assurent une démarche souple et confortable. Albany est un modèle classique et lacé, tandis que Quincy interprète le look des Seventies en bottine cavalière. Mexx dessine une ligne très effilée, terminée par un bout carré. Quelques perforations rythment le dessus, clin d’£il à l’élégance british. Chez Flexa, les formes sont belles, pratiques, construites pour mettre à l’aise. Leur allure arrondie est des plus attrayantes. Le sneaker ne perd pas de terrain, mais gagne en finesse. Ses lignes sont plus épurées, plus aériennes et plus fluides. Clin d’£il à la ligne icône du prêt-à-porter, le modèle en toile Damier de Louis Vuitton évoque la doublure des imperméables.

Chez Emporio Armani les alliances sont multiples. Les matières associent cuir et textile ou cuir et tissu high-tech. Les coloris sobres et classiques dominent largement. Les palettes plus flashy séduiront les partisans de l’excentricité. Que diriez-vous du blanc ?  » Les blancs d’hiver se portent tout autant que le noir avec jeans ou veste de costume « , conseille Emmanuelle Kerdaffrec. Chez Lacoste, par exemple, le blanc se taille la part du lion dans la gamme chromatique et habille plusieurs modèles de sneakers ou encore de baskets montantes.

Bottes version 2006

La saison hivernale est également très riche en propositions plus musclées.  » Les marques proposent des allures parfois contradictoires, note Emmanuelle Kerdaffrec. Ainsi, la botte imposante, épaisse, réalisée en cuir  » vécu « , avec son côté grossier et militaire, tout à fait à l’opposé du dandy, est très actuelle. On la porte avec un pantalon très large ou encore avec une salopette.  » Heschung s’inscrit dans cette tendance avec plusieurs modèles. Champions de l’étanchéité, ils bénéficient tous du fameux cousu norvégien, obtenu grâce à un fil de coton passé dans la poix. Parmi les pièces fortes, on épingle la botte équestre en barénia, juchée sur une semelle crantée et bien virile, la bottine en toile et cuir avec une patte qui enserre la cheville façon guêtre, la botte de motard revisitée sur deux hauteurs de tiges et, enfin, la bottine en cuir barénia, équipés de vrais crochets de chaussures de montagne. Les semelles Vibram, en cuir et gomme, cumulent les atouts de confort et de fonctionnalité. Pointé aussi à l’attention de tous les montagnards chics des villes : le bien nommé modèle  » Megève  » de Paraboot.

Chez Kenneth Cole, le styliste new-yorkais très pointu, la botte équestre est taillée dans un cuir velours robuste et rustique, aux finitions brutes et un peu sauvages. Elle ravira tous les Urban Cowboy (c’est son nom). Chez Yohji Yamamoto, la botte à grosse semelle a un look un peu zen, japonisant et privilégie un beau cuir glacé. Design vigoureux et qualités techniques exceptionnelles, la botte Casing d’Oakley en cuirs graines et nubuck est équipée d’une semelle en caoutchouc vulcanisé, dotée de crampons à  » géométrie agressive « .

Barbara Witkowska

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