Mieux que Nadine de Rothschild, voici comment recevoir en temps de Corona

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Pour ceux qui sont un peu perdus devant ce énième changement de mesures, le virologue Yves Van Laethem nous explique très précisément comment recevoir des convives à la maison en toute sécurité. Et parce que les règles sanitaires n’empêchent pas les bonnes manières, on revient également sur la bonne façon de se tenir à table.

A partir de ce vendredi, on ne pourra plus qu’inviter 4 personnes ne faisant pas partie de son foyer à la maison. De quoi décourager les grandes bacchanales, mais pas la bonne ambiance selon les autorités. Pour prouver qu’une vie sociale est tout de même possible, le virologue Yves Van Laethem a développé un mode d’emploi en prenant l’exemple d’un dîner à la maison. Celui-ci se déroule en quatre étapes qu’il a pris la peine d’expliquer dans le menu.

Mieux que Nadine de Rothschild, voici comment recevoir en temps de Corona
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L’invitation

On évite l’impromptu. On planifie désormais les visites. Vous précisez d’emblée la manière dont cela va se passer, soit en indiquant très clairement que vous respectez les mesures de sécurité, comme le port du masque. L’invité ne pourra dès lors pas dire qu’il ne savait pas. Et vous, vous savez exactement qui vous avez invité. La politesse élémentaire recommande aussi de décliner l’invitation si on ne sent pas bien ou si on sait que l’on est un contact à haut risque.

Bien recevoir ses invités

L’hôte, comme les invités, mettra son plus beau masque. Il ne tendra pas la main ni ne claquera la bise. Dès lors que faire pour ne pas se montrer grossier ? Une option suggérée par monsieur Van Laethem est le cognage de coude. « Mes petits-enfants m’ont appris qu’on se cognait le coude ou la cheville pour se dire bonjour, et que c’était très gai aussi ».

Chacun enlève son propre manteau et va le déposer dans un endroit accessible. On ne s’attarde pas dans le hall, souvent trop étroit. L’important, dès que l’on passe la porte, est de garder 1.5 mètres de distance (sauf si vous n’êtes qu’à 4 et que les trois personnes sont celle de votre bulle familiale). On se rend sans traîner dans la pièce où l’on dîne. On évitera de déambuler un peu partout ou de « chipoter aux bouquins ou aux disques ». On reste « le plus fixe à sa place possible ».

Dressage de la table

Une fois à table, ou sur un divan avec un verre ou des chips devant soi, vous pouvez enlever votre masque, pour vous sustenter. Mais attention, on ne met pas son masque n’importe où. On offre donc, par politesse, un réceptacle, comme une enveloppe. On va aussi se désinfecter les mains. « Sur la table, il y aura une bouteille de vin, une bouteille de bière ou d’eau et il y aura aussi maintenant une bouteille de gel hydroalcoolique ».

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La personne qui va servir le fera, si possible, avec un masque. « Vous aurez désormais l’occasion d’être impoli. De rester sur votre chaise et de ne pas aider à débarrasser. C’était une marque d’impolitesse, et maintenant ça devient une marque de respect », nous indique Yves Van Laethem.

Que faire quand ce n’est pas bon ?

L’idéal est de s’abstenir de tout commentaire. Si vous êtes allergique ou que vous suivez un régime spécial, il est de bon ton d’en informer l’hôte suffisamment à l’avance. Si cela n’a pas été fait, on se tait et on se sert la plus petite portion possible, en toute discrétion. On attendra aussi l’hôte pour commencer à manger. On prendra, sans choisir, le morceau de viande ou de poisson qui est devant nous. On ne se resserre pas non plus de fromage ( et on en prend pas plus de trois). En ce qui concerne le sel et le poivre, on goûte d’abord et ensuite seulement on assaisonne si besoin.

On évitera aussi les plateaux communs ou tout le monde picore. Chacun son petit bol, plus de buffets et couverts que tout le monde utilise. On doit aussi avoir chacun son verre, ses propres couverts et sa serviette.

Comment placer couverts, verres et serviettes ?

Les repas comme on les connaît aujourd’hui date de 1810 a été introduit par le prince Kourantine, alors ambassadeur du tsar de Russie à Paris. C’est ce qu’on appelle le service à la russe. Soit un seul plat est servi à la fois. Les verres sont posés sur la table avant l’arrivée des invités et les couverts se dédoublent ou se triplent. Le convive est invité à se servir lui-même dans le plat qu’on lui présente. La table se dresse dorénavant en symétrie: fourchettes à gauche, couteaux et cuillère à droite disposés à environ 2 centimètres du bord de la table et séparé les uns des autres d’une égale distance. Comme le couteau vient naturellement se loger dans la main droite, la fourchette doit se positionner à gauche. Et si possible, en autant d’exemplaires qu’il y aura de services. A l’anglaise, on prendra la peine de tourner ses dents vers le haut. A la française, les pointes reposeront sur la nappe. Les couverts à dessert et fromage seront positionnés au-dessus de l’assiette. Le verre à eau, le plus grand, sera situé à la pointe du grand couteau et directement suivi des verres à vin rouge ou blanc disposés légèrement en diagonale… Certains n’hésitent pas à sortir le double décamètre pour s’assurer que chaque banqueteur dispose bien des 70 centimètres de bord de table nécessaires à un repas confortable. Le corona étant passé par là, on quadruplera donc ce chiffre.

Selon Nadine on commence généralement par utiliser les couverts les plus éloignés de l’assiette pour se rapprocher petit à petit. La cuillère et la fourchette situées en haut de votre assiette sont réservées au dessert. Sauf si le maître de maison se trompe. Dans ce cas on le suit dans son erreur puisqu’il est malpoli de le lui faire remarquer en utilisant d’autres couverts que lui.

En ce qui concerne les boissons, ne vous servez pas vous-même, sauf si personne ne fait le service. Et si vous n’en voulez plus, indiquez-le en laissant un peu de vin au fond de votre verre.

Enfin à la fin du repas, placez transversalement la fourchette, la cuillère et le couteau avec la pointe, dos bombés et la lame vers l’assiette. Les bonnes manières recommandent par ailleurs d’utiliser le moins possible son couteau. On ne poussera donc pas la moindre miette sur sa fourchette avec son couteau. En ce qui concerne la serviette, on s’essuie la bouche avec le coin de la serviette, d’une ou deux mains. L’idéal est de tapoter négligemment. Ladite serviette doit d’ailleurs se trouver à gauche au début du repas et à droite, sans la plier, à la fin.

Parler avec les autres

On évite de crier et de chanter. « On émet des dizaines de particules de plus que quand on parle normalement », précise Yves Van Laethem. « On évite dès lors de mettre la musique trop fort pour ne pas devoir crier pour s’entendre ».

Avec qui et comment converser ?

La baronne de Rothschild conseille de converser avec son voisin de droite au premier plat. Avec son voisin de gauche, au second plat, et de bavarder avec qui l’on veut au dessert…

On veillera aussi à ventiler un maximum les pièces, même quand il fait froid, pour évacuer un maximum de miasme et de particules virales qui restent suspendues. Comment bien ventiler en Belgique, un pays pas vraiment connu pour son climat tropical ? Là aussi Yves van Laethem nous l’explique : « Il faut entrebâiller les fenêtres, si possible deux fenêtres qui se font plus ou moins face, tout en évitant un grand courant d’air. Il vaut mieux avoir un peu frais et une bonne ventilation, que bien chaud et une transmission du virus. »

Un peu de tenue

C’est à partir de 1526 et Erasme que l’on codifie certains comportements de table. Dans son Traité de civilité puérile, l’humaniste hollandais reprend l’ensemble des manières (hygiène, tenue, maîtrise, etc.) que l’enfant doit assimiler pour s’intégrer correctement à la société. Il n’est plus question de « lécher ses doigts gras ou de les essuyer sur ses habits. Il vaut mieux se servir de la nappe ou de sa serviette ». De même, « commencer un repas par boire est le fait d’ivrognes qui boivent, non parce qu’ils ont soif, mais par habitude. C’est non seulement inconvenant, mais mauvais pour la santé ». Fini aussi de « Se dandiner sur sa chaise et s’asseoir tantôt sur une fesse, tantôt sur l’autre, c’est se donner l’attitude de quelqu’un qui lâche un vent ou qui s’y efforce »…

Lire aussi: Les arts de la table

Aujourd’hui, selon la baronne de Rotschild, la pire erreur consiste à se nettoyer les dents avec les doigts, ou encore poser le téléphone sur la table, parler la bouche pleine et s’accouder. Mais ce ne sont là que quelques exemples d’une longue liste. Car comme le précise Yves Van Laethem : « Garder une vie sociale est important, mais il faut le faire avec précaution, avec respect. »

Quelques derniers conseils de Nadine en conclusion

– On veillera à appliquer le « quart d’heure de politesse ». « Cela consiste à arriver 15 minutes après l’heure indiquée, ce qui permet à la maîtresse de maison de finaliser les derniers détails déco ou de se recoiffer en toute tranquillité. »

– « Gardez votre petit doigt au creux de votre main lorsque vous buvez ». La politesse c’est aussi la sobriété. « Et c’est en restant simple et souriant que l’on se conduit le mieux ».

– On coupe sa salade avec sa fourchette et non son couteau (mais l’idéal étant de ne pas avoir à couper sa salade)

– Si l’on mange des spaghettis, on ne les enroulera surtout pas dans une cuillère. On ne le coupe pas non plus. On est supposé avoir suffisamment d’adresse que pour utiliser uniquement la fourchette.

– On ne souhaite pas un bon appétit, car c’est sous-entendre que, peut-être, le repas n’est pas réussi.

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