Louis Vuitton défile à Séoul et surfe la vague coréenne

Louis Vuitton Final

En avril dernier, Louis Vuitton transformait un pont géant à Séoul en podium pour son tout premier défilé pre-fall, avant de fouler à nouveau les catwalks, fin mai, sur une île italienne cette fois.

Les collections pre-fall, qu’on retrouve en boutiques en mai et juin, n’ont jusqu’à présent jamais été présentées lors d’un défilé, contrairement aux collections croisière, pour lesquelles les grandes marques de luxe parcourent le monde chaque printemps depuis une dizaine d’années, de La Havane aux pyramides de Gizeh.

Avant même la pandémie, on entendait de nombreuses critiques à l’encontre de ces shows de mi-saison: d’abord, ils sont tout sauf durables, et surtout ils ne contribuent en rien à tempérer le rythme infernal de la mode. Ils sont synonymes de toujours plus, or tout indique que faire moins est plus intelligent.

Mais depuis que le monde a repris ses droits après le Covid, le tempo, dans la mode, s’est encore accéléré. Dior a été le premier à lancer de grands défilés pre-fall l’année dernière – pas plus tard que le mois dernier à Mumbai – et désormais Vuitton passe à son tour à la vitesse supérieure.

Fans hystériques

La griffe s’est posée pour la première fois à Séoul fin avril, avec un méga show de 15 minutes pour 1600 invités, dont environ 600 venus de l’étranger. Un pont géant sur le Han, le fleuve qui traverse la métropole sud-coréenne, a servi de podium.

Le choix de la capitale est pertinent. La Corée du Sud est au premier plan de la culture pop depuis des années, les jeunes adorent les groupes de musique BTS et Black Pink. La K-pop est un phénomène mondial. Pratiquement toutes les grandes marques de luxe ont conclu un accord avec les filles de Black Pink (Dior, Gucci, Celine, Saint Laurent) ou les garçons de BTS (Vuitton, Dior, Valentino, Celine, Calvin Klein). Depuis plusieurs saisons, des centaines, voire des milliers de fans hystériques attendent régulièrement Jimin, Lisa ou Jisoo aux abords des défilés parisiens. Milan n’est pas en reste puisque le boys band Enhypen était présent au show de Prada en janvier dernier.

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Louis Vuitton pre-fall 2023

Séoul est également un lieu de rendez-vous apprécié par d’autres marques. Gucci y organisera son défilé croisière le 15 mai. L’an dernier, Dior et Ami Paris y ont fait escale. Abstraction faite de la K-pop, le Pays du matin calme compte sur la planète fashion, fort de son pouvoir d’achat et d’une sensibilité particulière à la mode.

Les Coréens, autrefois frappés par la pauvreté, seraient sur le point de devenir plus riches que les Japonais. En 2022, ils ont dépensé 16,8 milliards de dollars en produits de luxe, selon la banque américaine Morgan Stanley. Ils déboursent, par habitant, cinq fois plus que les Chinois. Même si, bien sûr, la population chinoise est plusieurs fois plus grande. Vuitton possède 35 boutiques en Corée du Sud, dont 18 à Séoul.

Un symbole d’harmonie, contre vents et marées

Le pont géant Jamsugyo datant de 1976 et qui a servi de décor à la présentation de la collection comporte deux niveaux. Au-dessus, la circulation s’est poursuivie à un rythme effréné. Le niveau inférieur, qui disparaît parfois sous la surface de l’eau lors de fortes pluies, et qui est surtout utilisé par les piétons et les cyclistes, a été dégagé pour le show.

Le vent, glacial, cherchait furieusement à se frayer un chemin entre les piliers de béton habillés de lumière bleue. « C’était intense. Mais le pont est un symbole d’harmonie entre la ville et la nature, et le vent violent a permis de mieux exprimer ce sentiment », a expliqué Hwang Dong-Hyuk, réalisateur de la série télévisée Squid Game et conseiller créatif du défilé à WWD.

Louis Vuitton Seoul

La collection n’était « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre », a résumé la marque française, elle-même, dans un communiqué. Ce qui est plutôt typique des pré-collections, qui tendent à être un peu plus commerciales et qui reposent sur celles dévoilées lors des semaines de la mode. Soit Paris, dans le cas de Vuitton.

Hoyeon Jung, mannequin, actrice de Squid Game et égérie de la maison, a ouvert le show, vêtue d’une jupe trapèze en cuir noir cloutée et d’un blouson bleu électrique, accompagnée d’un vieux tube pop sud-coréen. Lous et the Yakuza a également défilé, sur un catwalk à peu près aussi long que le pont, soit 795 mètres.

Lous and the Yakuza voor Louis Vuitton

Nicolas Ghesquière, directeur artistique de la griffe, a souligné dans ses commentaires qu’une grande attention avait été accordée à la technique et aux matières, « l’un de mes exercices préférés ». Il a ainsi évoqué « des mailles transmutées, des vinyles craquelés, des laines crêpées, des effets tweed, des fausses fourrures et des broderies qui deviennent des imprimés de fleurs ».

Ainsi que des décolletés V plongeants et des robes et pantalons à damier blanc et noir, motif emblématique des accessoires du maroquinier français. “Pour cette première fois à Séoul, c’est une façon de présenter ce que nous savons faire, comme une sorte de voyage diplomatique, le caravansérail Louis Vuitton qui vient raconter en Corée du Sud les chapitres de son histoire.”

Un arc-en-ciel liquide

A la fin, le pont s’est transformé en une fontaine géante, avec des dizaines de jets d’eau plongeant du niveau supérieur dans la rivière sombre. Nicolas Ghesquière a comparé cet effet à « un arc-en-ciel liquide » et a décrit cette passerelle comme un monument vivant pour les habitants de Séoul, disparaissant parfois sous l’eau pour réapparaître ensuite. « Un lieu tout à fait inspirant pour y installer un défilé », a-t-il déclaré.

Le prochain rendez-vous Vuitton aura lieu dans moins d’un mois, le 24 mai, à l’occasion du défilé croisière sur Isola Bella, au lac Majeur. Les shows classiques ont, eux, déjà eu lieu à Paris, pour les hommes en janvier dernier et pour les femmes début mars. En juin, le nouveau directeur artistique de la ligne masculine, Pharrell Williams, présentera sa première collection.

Sans oublier la spectaculaire campagne mondiale lancée au début de l’année pour la collaboration avec l’artiste japonaise Yayoi Kusama. Parce que Vuitton est toujours prêt, et jamais loin.

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