Demna Gvasalia quitte Vetements

Demna Gvasalia

Demna Gvasalia, auteur de collections provocatrices aux forts messages politique et sociétaux, quitte la marque Vetements, maison cofondée avec son frère en 2014 qui compte parmi ses fans Rihanna ou Kanye West.

« Je sens que j’ai accompli ma mission », a déclaré lundi le créateur de 38 ans, qui est également directeur artistique de Balenciaga, dans un message au journal en ligne spécialisé WWD.

« J’ai lancé Vetements parce que je m’ennuyais dans la mode et contre toute attente, la mode a changé une fois pour toute depuis Vetements qui a ouvert la porte à tant de gens », assure celui qui a étudié à la Royal Academy of Fine Arts à Anvers en Belgique, avant de travailler chez Margiela et Louis Vuitton. Vetements « a mûri » et est prête à un nouveau chapitre », juge-t-il.

Contactée par l’AFP, la marque n’était pas immédiatement joignable.

Rescapé de la guerre

Demna Gvasalia, designer qui passe son temps entre Paris et Zurich, où est situé le siège social de Vetements, est né à Soukhoumi, en Abkhazie, région de la Géorgie, alors république soviétique. Dans les années 1990, après la chute de l’URSS, Demna Gvasalia a fui avec sa famille le « nettoyage ethnique » de Géorgie par les séparatistes abkhazes.

La famille s’arrête à Tbilissi, puis repart pour l’Ukraine, fait un passage en Russie avant de s’installer en Allemagne, à Düsseldorf.

En 2018, Demna Gvasalia a consacré une collection de Vetements à son enfance géorgienne et à l’Ukraine, en plein conflit armé avec les séparatistes prorusses soutenus par Moscou. La même année, il a placé celui de Balenciaga dans un tunnel anxiogène où apparaissait le « blue screen of death » au début du spectacle, un message affiché par un ordinateur provoquant un sentiment de panique. « Rien ne m’angoisse en ce moment, mais j’ai dévoilé dans ce show tout ce qui m’angoissait avant », expliquait alors Demna Gvasalia à l’AFP. « Regardez ce qui se passe autour de nous. Mon oeuvre c’est le miroir de mon âme ».

Dans un autre défilé, en 2018, il explorait le côté sombre de l’internet.

« Nouvelle ère » pour Vetements

Les collections pour Vetements à l’esthétique grunge post-soviétique, avec ses habits oversize, mêlant uniformes de travail, inspiration streetwear et fripes, compte parmi ses fans Rihanna et Kanye West.

Le dernier défilé de Vetements en juin s’est déroulé dans un McDonald’s sur les Champs-Elysées, certains mannequins se promenant avec un cornet de frites à la main en tenues utilitaires, avec de couches de tissus superposées et de vêtements à message ou détournant des marques et logos.

Plaidant pour plus de « rareté » dans le luxe, Vetements a bousculé le calendrier de la mode mêlant les modèles masculines et féminins et en cantonnant ces collections mixtes à deux par an.

Vetements a par par ailleurs souvent fait recours à des mannequins non-professionnels de tous les âges et à l’allure atypique.

Guram Gvasalia, frère de Demna et PDG de Vetements, a pour sa part évoqué lundi dans WWD une « nouvelle ère de croissance et de grande expansion » pour la marque en promettant de nouveaux projets « dans un très proche avenir ».

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