L’Hardcore couture de Marine Serre, manifeste radical
Au deuxième jour de la Fashion Week parisienne, Marine Serre questionne la mode. Et apporte des réponses radicales. (R)évolution hardcore.
Elle a convié le soleil et ses invités sur une passerelle de bois qui longe d’un côté les Jardins d’Eole, de l’autre, les voies de chemin de fer qui finissent par aboutir plus loin à la gare de l’Est. C’est que, en ce matin clair du deuxième jour de la Fashion Week parisienne, Marine Serre présente sa deuxième collection officielle. Car la jeune créatrice française, 26 ans, formée à La Cambre Mode(s) et couronnée du prix LVMH 2017 est entrée dans la lumière il y a peu, remettant en question une industrie qui admet le faux-semblant, pas elle. Son printemps-été au titre manifeste, Hardcore couture, est donc radical. En 44 silhouettes riches – au point qu’on aura l’impression que son show en montre bien plus encore -, elle enfonce le clou. Son Future Wear de cet automne se prolonge ainsi en une deuxième saison qui pose les fondements solides d’une nouvelle façon de faire et de penser la mode.
Pour en savoir plus sur le travail de Marine Serre, lire le portrait d’Anne-Françoise Moyson Marine Serre : la mode du futur, c’est maintenant
En 4 lignes claires, elle définit ses partis-pris, sans compromis, mais avec » résolution, persistance et amour « . La gold line (ou » avant-garde ready-to-wear « ) privilégie l’hybridation des genres et des matières, la green line (ou » upcycled eco-futurism « ), le recyclage conscient et amoureux, la white line (ou » core brand ready-to-wear « ), les références amusées déclinées aussi en accessoires et la red line, la couture, elle aussi entièrement upcyclée et osant même un certain » mauvais goût « , parfaitement bienvenu quand il s’agit de red carpet, l’humour fait mouche. Ajouté à cela son talent à penser un vestiaire fonctionnel, éthique, singulier, créatif, précis.
Marine Serre sait que l’heure est à l’urgence, et que cela tombe sous le sens de faire sens. Elle se plaît donc à travailler pour moitié des pièces de seconde main qu’elle repense contemporain – une couverture de lit ou des gilets de pêche deviennent ainsi des robes grand soir. Car lui importent la fin du gâchis, l’attitude et les proportions bien plus que la préciosité des matières. A sa manière, elle s’inscrit dans la lignée d’un Martin Margiela qui en son temps bouleversa la mode. L’époque n’est plus la même certes mais la proposition de Marine Serre est de cet ordre-là.
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