Écoles de mode: à La Cambre et Anvers, les talents de demain font leur show
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Juin rime avec examen et quand on est étudiant en mode, cela se traduit par un défilé, en apothéose. La Cambre Mode(s) et l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers organisaient ces 3 et 4 juin leur show « en présentiel ». Une vitrine pour les créateurs de demain, une émulation pour le secteur de la mode, une fête créative pour tous, pour toutes.
2022 a une saveur particulière. Parce que, après ces années d’enfermement et de grand basculement, les étudiants des écoles de mode défilent à nouveau pour présenter leur collection de fin d’année, de fin d’études. C’est peu de dire que ces shows ont quelque chose de l’ordre du rituel de passage.
À Bruxelles, dans la très belle Abbaye de la Cambre, la Cambre mode(s) prend le parti de l’intimité alternative. Son défilé met en scène les collections des étudiants de Bachelor3, Master 1 et 2 devant un parterre de professionnels, d’amis de l’école, d’élèves avides de liberté créative, le privilège de la jeunesse. Sous les yeux du jury présidé par Anthony Vaccarello (Saint Laurent), il est question, dans l’ordre, de penser une garde-robe masculine inspirée par un dandy au choix, de revisiter très conceptuellement les volumes autour d’un « corps moteur », de finaliser une collection « signature » comme un aboutissement.
Les consignes sont là pour que les futurs créateurs s’emparent des codes, les explorent, les explosent. Le résultat est à l’image de ce qui traverse cette génération : la question du genre et du non-binaire, les références et les citations décomplexées, l’humour et la poésie aussi.
On a hâte de voir les Bac3 grandir, ils sont plus que prometteurs, dans une émulation partagée qui fait plaisir à voir. On salue le travail expérimental des Master 1, comme socle à la construction de leur signature. Et on souhaite bon vent à Florent Seligmann, le seul étudiant de ce Master 2 post pandémie, l’avenir est à lui, le monde est vaste.
Les consignes sont là pour que les futurs créateurs s’emparent des codes, les explorent, les explosent.
À Anvers, le long de L’Escaut, dans ce décor portuaire de la Waagnatie, l’Académie Royale des Beaux-Arts fait la fête à Walter Van Beirendonck, responsable de cette section mythique, qui a vu naître les « Six d’Anvers » dont il fut partie prenante e qui révolutionna le monde de la mode.
Après 35 ans d’enseignement et 15 à la tête du département, il prend sa retraite pour mieux continuer à créer pour lui et sous sa signature avec le succès que l’on sait. On appelle cela « finir en beauté ». Les étudiants, issus de 40 pays différents, se devaient donc de remplir le cahier des charges. Soit, dans la progression du cursus, l’expérimentation sur la jupe, la chemise et la veste, la réalisation copie conforme d’un costume historique et puis d’un « world costume », l’ébauche d’une collection et enfin une véritable proposition de vestiaire contemporain, dégagé de l’idée de commercialisation – dans cette Académie, on enseigne l’art, pour mieux se confronter ensuite à cette industrie qui fait visiblement rêver tous ces jeunes gens.
Le jury, sous la présidence de Demna Gvasalia (Balenciaga) réunissait une belle brochette d’anciens élèves qui savent d’où ils viennent. Évidemment que l’émotion fut au rendez-vous, ce dernier défilé placé sous le sceau de Walter Van Beirendonck clôt un chapitre de l’histoire de l’Académie et de la mode. La suite est à écrire, avec un.e autre responsable, le défi est à la hauteur des bouleversements que connaît la mode, on est à un moment-charnière, tout tremble, tout bouge, tout questionne, vers où allons-nous ?
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