Le jean bouscule les codes. De la coupe à l’imprimé, en passant par la matière, zoom sur les dix tendances denim pour l’automne-hiv
Laver ou ne pas laver…
… telle est la question. Avant tout, il convient de déterminer le but recherché. Pour un effet usé, le jean peut passer sans sourciller en machine. Le fil blanc du denim est teint, et cette teinture s’estompe au lavage. Quand elle disparaît, la couleur d’origine réapparaît en transparence. En lessivant son pantalon à l’envers, on protège la teinte et les fibres extérieures de l’abrasion et du contact avec le détergent.
Résultat: le jean s’use moins vite. Les puristes, avides de le garder intact le plus longtemps possible, le lavent à la main, à l’envers, dans de l’eau froide. Le denim brut ou selvedge se nettoie d’ailleurs le moins souvent possible puisque ce tissu non lavé et non traité se bonifie en étant porté. Plus on enfile ces pièces sans les laver, plus elles se patinent joliment. La règle? Les porter une trentaine de fois avant de les nettoyer à la main, à l’envers, avec une lessive douce, puis de les laisser sécher à l’air libre. Et – cela vaut aussi pour tout type de jean – on évite l’adoucissant et on ne les met jamais au sèche-linge.
Mise au vert
Le jean le plus durable reste évidemment… celui qu’on n’achète pas. Ou alors, en seconde main. Les possibilités sont infinies, en ligne comme en boutique, pour dénicher la perle vintage. Si vous optez pour du neuf, privilégiez un modèle intemporel. RÙADH, par exemple, un label éthique et durable de la directrice artistique écossaise Jac Cameron, et basé à New York. «Rùadh» signifie «rouge» en gaélique écossais et symbolise la force et la résilience. La marque met en avant l’artisanat et propose des collections en édition limitée, faites main, avec des matériaux soigneusement sélectionnés comme le coton bio.
ruadh.com – disponible notamment sur net-a-porter.com
Tendance 1: Messes basses
Pour celles et ceux qui ont connu les années 2000, détourner le regard pourrait être tentant: le jean taille basse est en effet de retour. Boostée par la Gen Z et des icônes comme Kylie Jenner, Addison Rae, Bella Hadid et Hailey Bieber, cette tendance revisite les favoris de Britney Spears, Paris Hilton et Jennifer Lopez. Même si le baggy populaire se porte bas également, c’est plutôt une coupe droite et ajustée qui évoque le style Y2K.
La mode masculine met elle aussi en avant les tailles basses. À Milan, Diesel a présenté des jeans si bas qu’ils laissaient entrevoir une partie des fesses – clin d’œil au modèle «bumster» d’Alexander McQueen de 1993 – nécessitant même un jockstrap pour les maintenir. Renzo Rosso a d’ailleurs recruté en 2020 le designer belge Glenn Martens afin de séduire la nouvelle génération avec les jeans de leurs parents. Quelques graffitis, un skatepark géant, des raves de douze heures et des tonnes de préservatifs Diesel plus tard, mission accomplie: la cible jeune est conquise par cette esthétique ultrasexy. Dsquared2 aussi a proposé des tailles basses. Alaïa a quant à lui imaginé des versions avec empiècement en jersey (type jean de grossesse), plus faciles à assumer au bureau.
Tendance 2: Le travailleur s’habille en Prada
Le workwear est partout, si omniprésent que même la haute couture s’y met (lire par ailleurs). Et bien sûr, quand on pense workwear, on pense denim, et inversement. Peut-être s’agit-il également de pièces que les créateurs aiment porter eux-mêmes…
Blouse de travail, veste barn, pantalon d’ouvrier ou salopette: tout existe désormais en version jean, estampillée de grands noms. De la chemise Boulanger de Jacquemus à la veste indigo de Loewe, en passant par une salopette Prada ou un Carpenter Jeans signé Dior, il existe un denim de créateur pour chaque petit boulot.
Tendance 3: Wild Wild West
Le Far West est à la mode, et qui dit cow-boy dit jean. Ou dit… Beyoncé. Les tenues de scène de sa tournée Cowboy Carter comportaient de nombreux looks denim dignes des grandes plaines. Levi’s surfe également sur cette vague western, avec une campagne où le musicien Shaboozey et l’acteur Matty Matheson s’encanaillent en 501.
Bref, ce dernier et les chaps ressortent des placards. L’étoile montante à suivre? Le label parisien Ouest Paris, jeune marque déjà inscrite au calendrier officiel de la Fashion Week Homme et finaliste du prix Andam 2023 un an seulement après son lancement. Son créateur, Arthur Robert, a étudié la mode à l’Atelier Chardon Savard, à Paris, et a travaillé dix ans chez Maison Kitsuné et Ami Paris, notamment. Il traduit sa passion pour le denim, la pop culture, l’americana, le surf et le streetwear dans ses collections – cette saison avec un vrai twist cow-boy.
Tendance 4: Libéré, déchiré
Cet automne, le denim destroy fait son grand retour. Rien à voir avec les skinny troués de l’adolescence, Balenciaga, Simone Rocha, Diesel et Acne Studios en ont fait de véritables œuvres d’art. Versace et Dolce & Gabbana ont aussi proposé leur version haute couture.
Pharrell Williams a, lui, utilisé l’eau de javel façon Jackson Pollock pour la collection masculine Louis Vuitton de l’été prochain. Pour éviter tout lien négatif avec les années 2000, on opte pour un modèle baggy.Dans cette tendance, on retrouve des jeans semblant démontés puis reconstruits: effilochés, rapiécés avec des patchs contrastés, des lavages différents, des coutures apparentes, des Zips ou d’autres reprises visibles. L’upcycling dans toute sa splendeur.
Tendance 5: Droit au brut
Le jean brut et indigo est omniprésent, chez Chanel, Prada ou Isabel Marant. S’il s’inscrit dans le revival des années 2000, son bleu profond reste un classique indémodable, à la fois élégant et épuré.
Sa teinte se situe aussi dans une logique durable: un jean non traité confère une allure intemporelle, est un véritable basique et requiert moins de traitements durant la production. Les jeans non teints – écrus ou beiges – renforcent encore cette impression, même si leur naturel «brut» en rayon peut prêter à discussion.
Tendance 6: La saison des marrons
Les tons terre font une incursion au rayon denim. Ainsi, Stella McCartney a présenté un jean évasé chocolat, Veronica Leoni a choisi, pour ses débuts chez Calvin Klein, une coupe droite associée à une chemise à carreaux, et Bottega Veneta a décliné la veste de travail en brun délavé. Plus chaud que le noir, le marron évoque aussi la vibe vintage seventies, surtout associé au cuir.
Chez Dries Van Noten, Julian Klausner a proposé un jean ample rouille enduit. Autre déclinaison: le jean brun à imprimé léopard, à shopper notamment chez Ganni, Baum und Pferdgarten et Essentiel Antwerp.
Tendance 7: Avoir du flare
Le bootcut revient en grâce. Certains attribuent cette résurrection à Kendrick Lamar et son look Super Bowl composé d’un jeans flare signé Celine. Mais Chloé, Coperni ou Schiaparelli avaient sans doute d’autres références.
Dans les années 1990, toutes les icônes en portaient, de Posh Spice à Paris Hilton, Britney Spears, Carolyn Bessette-Kennedy ou même Buffy (contre les vampires). Aujourd’hui encore, Pharrell Williams et Bella Hadid s’y affichent. Bonne nouvelle: le flare version 2025 se porte le plus souvent taille haute, pour celles et ceux qui ne se voient pas les hanches à l’air.
Tendance 8: Dans les grandes largeurs
Le baggy poursuit sa route, mais dans une version plus pratique. Plutôt qu’oversized à l’extrême, il prend un virage davantage boyfriend, c’est-à-dire ample et confortable. Valentino, Stella McCartney et Prada l’ont adopté.
Chez Celine, les jambes s’arrondissent, annonçant par-là la variante barrel, resserrée aux chevilles. Tout aussi commode, elle est également omniprésente chez Loewe, Alaïa ou The Row.
Tendance 9: Arty party
Le jean se pare de motifs. Ainsi, Chanel a présenté à Paris une version rayée façon craie délavée, Pucci l’a habillé de son imprimé Marmo iconique, Gucci d’un logo décoloré, Louis Vuitton a imaginé des jacquards monogrammés et Acne Studios, pour sa part, a exploré les structures textiles. Plus fous encore que ces graphismes ton sur ton, le patchwork artisanal à la Katie Holmes et les trompe-l’œil signés Acne Studios, les maîtres du denim.
Parfois, on se rapproche même de l’œuvre d’art. La preuve avec la collaboration Levi’s x Kiko Kostadinov, inspirée par des timbres-poste. Ou encore, à Anvers, avec Eat Dust qui a confié ses vêtements de travail en denim à l’artiste Katie Tomlinson pour les transformer en toiles vivantes.
Tendance 10: Tout ce qui brille
Le jean en pièce maîtresse scintillante? C’est Noël avant l’heure. Pour les amoureux du bling, voilà la saison rêvée. Broderies brillantes (chez Blumarine, ou inspiration western chez Louis Vuitton), strass sur les coutures, éclats métallisés (Acne Studios), paillettes (Miu Miu), applications scintillantes, cristaux (Dolce & Gabbana), franges étincelantes (Stella McCartney)… Tout est permis.