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Mère et filles derrière le concept store Irina Khä, à Liège: « L’idée n’a jamais été de remplacer notre mère mais de développer notre propre domaine d’expertise »

Leur nom de famille ne vous dira rien, mais de nombreuses filles suivent les traces de l’entreprise de mode prospère de leur maman. Catherine Lindenberg et ses filles Morgane et Salomé Lindenberg pilotent ensemble le concept store de mode Irina Khä, à Liège

Morgane (38 ans): « Notre goût pour les jolies choses, les pièces un peu « waouw » à Salomé comme à moi nous vient de notre mère. Et de notre grand-tante qui était vraiment visionnaire. Elle avait ses créateurs fétiches comme Saint Laurent ou Louis Féraud. Un sens du détail aussi qui n’appartenait qu’à elle. Depuis toutes petites, notre vie de famille tournait autour d’Irina Khä que nous avons vu grandir, évoluer. Mais je ne me suis jamais dit que j’y ferais forcément ma carrière.

Après avoir fait Solvay, j’ai enchaîné différentes expériences professionnelles avant de rejoindre l’entreprise familiale, en 2013. Ma sœur a sauté le pas elle aussi l’année suivante. Nous nous étions donné pour but de faire exister la boutique en ligne. Et par-là même de montrer bien au-delà de Liège à quel point l’œil de notre maman – elle est beaucoup trop humble pour le reconnaître elle-même -, sa curation si particulière sont vraiment géniaux et méritent de pousser notre porte.

Notre grand plaisir à toutes les trois c’est d’aller ensemble aux défilés. On ne va pas se mentir, l’achat – et le petit shoot d’adrénaline qui va avec – c’est l’un des aspects les plus chouettes du métier. Même si nous ne sommes pas toujours 100% d’accord, on discute sans jamais se fâcher. Au final, c’est toujours l’intérêt du magasin qui prime.

Chez nous, vous ne trouverez peut-être pas tout ce qui s’affiche sur les grandes plates-formes d’e-commerce mais c’est comme cela justement que nous rivalisons gentiment avec elles. Nos clientes trouveront ici la pièce dont elle rêvait mais elles pourront aussi se laisser inspirer par l’accessoire qui va finir leur tenue, par des associations auxquelles elles n’auraient peut-être pas pensé, telles que vous les verrez dans les shootings que nous réalisons pour notre compte Instagram. »

Aaron Lapeirre © Aaron Lapeirre

Salomé (37 ans): « Jamais nos parents ne nous ont demandé de travailler avec eux. Mais le magasin a toujours été omniprésent. C’est là que l’on rentrait après l’école. Le soir à la maison, c’était un sujet de discussion récurrent pour nos parents. Nous étions les témoins privilégiés de toutes leurs décisions. Aujourd’hui nous les prenons ensemble.

L’idée n’a jamais été de remplacer notre mère mais de développer notre propre domaine d’expertise en parallèle du sien. Il y a dix ans, tout restait à faire en terme d’e-commerce et de communication sur les réseaux sociaux. J’ai étudié l’histoire de l’art à l’ULB et travaillé justement pour un site de ventes en ligne d’œuvres d’art. Lorsque j’ai commencé à mettre mon expertise au service d’Irina Khä, nous pensions que nous étions en train de préparer la fin possible de la boutique physique. Et c’est tout l’inverse qui s’est produit. Rien ne remplace le contact client et l’expérience d’un bon vendeur. Dans ce domaine, notre mère a une force qu’on ne pourra jamais lui enlever: sa connaissance fine des matières, du fitting, des associations qui fonctionnent. Elle « sait » ce qui va plaire.

Notre philosophie va bien au-delà de la sélection que nous pouvons proposer. Quand elles entrent chez nous, nos clientes savent qu’elles vont passer un bon moment. Que leurs achats se deviendront jamais des regrets. »

Catherine (53 ans): « A priori, rien ne me prédestinait à travailler dans la mode. Je venais d’une famille de restaurateurs, j’avais fait l’école hôtelière, ma voie semblait toute tracée. Jusqu’à ce que je rencontre Michel qui allait devenir mon mari. Ses parents possédaient un magasin spécialisé dans le cuir et le daim. J’adorais déjà les beaux vêtements. Ensemble, nous avons décidé d’élargir l’offre de la boutique au prêt-à-porter. J’étais fan alors de la marque Marithé & François Girbaud. C’est avec elle que tout a commencé.

D’autres ont suivi auxquelles nous sommes restés fidèles. Et d’autres ont disparu. A nous d’être sans cesse à l’affût de nouvelles pépites. Pour autant qu’elles nous correspondent. Nous y veillons désormais ensemble toutes les trois. Mes filles ont l’avantage d’avoir un regard neuf là où j’ai parfois l’impression d’avoir bouclé la boucle, d’avoir déjà tout vu. Ne dit-il pas que la mode est un éternel recommencement?

Notre force, c’est d’avoir pour partenaires des créateurs fantastiques qui nous font confiance. De pouvoir choisir dans leurs collections les pièces que nous pourrons faire vivre ici. Inspirer à notre tour nos clientes parce que nous les connaissons bien. Même celles qui nous ont découvertes en ligne grâce au travail phénoménal réalisé par Salomé et Morgane sur les réseaux sociaux et sur notre web shop. Et qui nous a permis de nous faire connaître au-delà même de nos frontières. La mode est loin d’être aussi futile qu’on le dit, au contraire. Les vêtements vous rendent forts, ils forgent votre personnalité. Nous aimons conseiller nos clientes, les guider. Toujours avec bienveillance. »

Retrouvez notre série Mères et filles dans la mode:
Mère et fille derrière la marque de bijoux Wouters & Hendrix: « Quand je travaille, je vois ma mère comme une patronne ou collègue »
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