Profession personal shopper: 4 pros nous racontent leur job

Si le personal shopping ne date pas d’hier, à quoi ressemble-t-il en 2025? 4 personnes dont c’est le métier nous racontent en quoi consiste leur activité.
Voilà un job qui en fera rêver plus d’un. Si à l’ère de l’IA, des réseaux sociaux et des applis qui peuvent largement faire le job, le personal shopper en chair et en os pourrait se sentir en voie d’extinction, il existe encore, et plus seulement dans la mode. Laura Carpels, Hélène Rebelo, Maxence Nourric et Heleen Vervondel expliquent comment ils en sont arrivés à faire ce métier particulier, pour lequel il n’existe pas de formation à proprement parler.
Personal shopper et styliste professionnelle, Laura Carpels (33 ans) est spécialisée dans la recherche des pièces de luxe les plus rares
«Mettre la main sur un sac Chanel qui n’a été produit qu’à dix exemplaires dans le monde? Ou une robe Loewe qui n’est disponible que dans une boutique à Londres? Je peux tout vous trouver. A condition que vous soyez prêt à y mettre les moyens… et que vous les ayez.
J’ai commencé ma carrière dans le milieu de la nuit. Il m’arrivait souvent qu’on me demande où trouver les baskets ou les sacs de luxe auxquels j’avais accès grâce à mes relations. Ce qui a commencé comme le service qu’on rend à un ami s’est transformé en travail à part entière.
Ma première cliente importante était une Egyptienne basée à Dubai qui m’a découverte sur Instagram. Elle m’a immédiatement fait venir en avion et m’a passé une énorme commande. Depuis, mon téléphone ne cesse de sonner. Mon réseau est mon plus grand atout. J’ai mes entrées dans des boutiques comme Verso à Anvers et Labels à Sittard, aux Pays-Bas, mais aussi des grands magasins parisiens comme les Galeries Lafayette. J’y suis en contact avec un vendeur qui passe pour moi d’un bâtiment à l’autre lorsque j’ai besoin de quelque chose. Il me donne accès à des collections exclusives qui sans cela resteraient hors de ma portée.

A un moment donné, j’ai été la quatrième cliente en France chez Balenciaga, ce qui me donnait le droit de réserver des pièces uniques. J’ai même pu organiser deux dîners avec la marque pour mes meilleurs clients. Et depuis peu j’ai remis cela chez Delvaux. Le rêve!
J’ai toutes sortes de profils de clients, cela va des jeunes femmes qui veulent dépenser leur premier salaire dans un sac de luxe aux DJ qui veulent se distinguer à Tomorrowland avec des pièces uniques. Je travaille aussi pour des acteurs et des mannequins qui n’ont ni le temps ni l’envie de faire du shopping. Je reçois parfois une liste de pièces spécifiques, parfois carte blanche avec un certain budget. Je prends généralement une commission de 10% sur ce que j’achète, mais cela varie en fonction du montant dépensé et de l’ancienneté du client.
Je n’ai qu’une seule limite, ce sont les sacs Birkin et Kelly d’Hermès. J’ai une bonne relation avec la maison française et je ne veux pas risquer de la mettre à mal. Ils n’apprécieraient pas que je revende leurs sacs dans leur dos. Pour le reste, rien n’est impossible.»
Prix sur demande. @styledbycarpels
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En marge de son travail d’architecte d’intérieur, Hélène Rebelo (36 ans), basée à Bruxelles, recherche pour ses clients amateurs de design le meuble ou l’objet ultime
«Vintage ou contemporain, signé ou pas par un grand nom, peu m’importe. Je cherche au feeling, avec mon regard de décoratrice. Ce qui m’importe, c’est que la pièce s’intègre dans l’ensemble de l’intérieur.
Le sourcing n’est pas un travail à temps plein pour moi. Mais il fait partie de mon boulot d’architecte d’intérieur et de consultante. Lorsque je décore une maison ou que je crée une scénographie, je dois aussi chercher les bonnes pièces. Parfois, un job peut mener à un autre. Ainsi, en cherchant une table de salle à manger pour un couple, j’ai fini par meubler toute leur maison.
J’ai lancé mon service de sourcing lorsque j’ai constaté que certains de mes clients ne cherchaient plus à obtenir des conseils en déco, mais voulaient simplement un nouveau canapé. Pour trouver mes pièces, je m’appuie sur le réseau que j’ai constitué au cours des dernières années. Avant de me consacrer pleinement à des projets complets de déco d’intérieur en 2022, j’ai dirigé pendant sept ans le concept store en ligne Cool Machine, qui proposait du design vintage et contemporain.

Je m’approvisionne auprès de particuliers et de professionnels: je cherche aussi bien sur des plateformes comme 2ememain et Marketplace que dans les ventes aux enchères, et bien sûr les brocanteurs et les antiquaires. Si vraiment je ne trouve pas, j’utilise mes stories Instagram pour avoir le tuyau en or. Mes meubles proviennent principalement de Belgique, de France et des Pays-Bas. Travailler localement, c’est économiser des frais de transport et c’est plus écologique.
Tous mes clients, qui ont pour la plupart entre 30 et 40 ans, sont des passionnés de design. Ils aiment ce qui est beau et sont prêts à payer le prix qu’il faut pour cela. Le budget peut être aléatoire: pour les icônes vintage réputées, j’ai une idée assez précise de ce que cela vaut. Pour les pièces non signées, je me fixe à moi-même un montant maximum. Je propose et ensuite, c’est au petit bonheur la chance, comme on dit.
Si ce n’est pas en parfait état, ce n’est pas un problème pour moi, au contraire, plutôt une occasion de personnaliser le meuble, par exemple en choisissant un nouveau tissu. De cette manière, j’ai un jour trouvé un fauteuil usé non signé que j’avais restauré. Il s’agissait d’un modèle rare du Belge George van Rijk. J’adore ce genre de trouvaille: je suis plus chasseuse que collectionneuse. Mon œil est toujours en alerte.»
Pour la recherche d’une pièce, Hélène Rebelo prélève 15% du prix de vente. Pour une pièce de plus de 2.000 euros, ce pourcentage tombe à 12%. D’entrée de jeu, il vous en coûtera 90 euros, déduits de la commission si l’affaire est conclue. Si, au bout d’un mois, aucune proposition ne vous convient, elle garde les 90 euros. helenerebelo.com
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Maxence Nourric (49 ans) gère les demandes particulières de 200 clients privés chez Guerlain
«Je suis diplômé d’une école de commerce mais j’ai tout de suite travaillé dans l’univers du luxe et de la beauté en officiant d’abord pour un célèbre grand magasin parisien avant de rejoindre Guerlain il y a douze ans.
Je m’occupe plus particulièrement d’environ 200 «private clients». Bien sûr, dans cette liste il y a des personnes très fortunées mais ce ne sont pas uniquement les consommateurs les plus fidèles à qui nous allons proposer des services plus exclusifs. Nous nous adressons avant tout aux passionnés de la maison. Il y a pour ainsi dire autant de profils que de clients, c’est ce qui fait l’intérêt de mon métier. Mais ils ont en commun le goût du beau, de l’élégance discrète avec d’énormes exigences en termes de qualité, de service et d’authenticité. Parmi eux, vous allez retrouver des collectionneurs de Pièces d’Exception de Guerlain, des flacons d’artistes en édition limitée, parfois tout au plus 25 pour le monde entier. Mon rôle me permet de faciliter l’accès à ces pièces exclusives.

J’organise aussi des évènements privés dans des lieux surprenants: le prochain atelier qui se déroulera dans un club privé de la capitale aura pour thème le printemps, ce sera l’occasion de parler du muguet, cette fleur muette qui est l’une des matières fétiches de Guerlain. Mais aussi de tester des superpositions possibles de fragrances – c’est une vraie tendance.
Je propose également des consultations individuelles afin d’aider nos clients à trouver le parfum qui leur correspond vraiment et ce n’est pas toujours simple car, avec plus de 150 références, nous sommes la marque qui possède le plus grand catalogue au monde.
Il m’est même arrivé de le faire à distance avec une cliente qui vit une partie de l’année à 8.000 kilomètres de la Belgique, avec un important décalage horaire. Le plus amusant, c’est que ce sillage est devenu aujourd’hui le parfum qu’elle porte le plus souvent.»
Les services de Maxence Nourric sont gratuits, mais Guerlain détermine qui peut en bénéficier. guerlain.com
Heleen Vervondel (44 ans), de La Couturière Particulière, compose une garde-robe unique, exclusivement d’occasion, pour les femmes et les hommes
«Pourquoi est-ce que je choisis exclusivement de la seconde main? Pour le shot de dopamine que ça me procure (rires). Adolescente, j’adorais les tenues de Madonna. Je ne voulais pas, comme d’autres filles de mon âge, porter des pantalons Toi Mon Toi tout droit sortis des rayons des magasins. Trop mainstream pour moi. Je préférais me rendre dans la boutique vintage toujours bondée de Bernard Gavilan, située dans les Marolles, à Bruxelles, où je pouvais trouver des pièces où je pouvais me dire: personne d’autre que moi n’aura ça. Entre-temps, l’aspect durable de l’achat d’occasion s’est développé.
Mes clients ne sont pas seulement des personnes qui n’ont ni l’envie ni le temps de faire du shopping. Ils remettent de plus en plus en question les achats en ligne et la fast fashion. Et les montagnes de vêtements qui inondent le monde en conséquence. Ils sont ravis que je parcoure les magasins d’occasion pour eux et que je fasse le tri.

D’autres viennent me voir parce qu’ils ne s’en sortent plus avec leur dressing, ils se perdent dans les rues commerçantes ou dans les tendances. C’est souvent le résultat d’un changement de vie: un divorce, un nouveau travail, une étape clé. Quelle que soit leur motivation, je commence toujours par leur poser une série de questions.
Cela va de leur taille aux couleurs et aux marques qu’ils ou elles aiment porter, des petits détails qui les tracassent. Mais je leur demande aussi quels sont leurs chips préférées — afin d’en avoir chez moi lorsqu’ils viennent pour les essayages. Comme cela tout le monde se sent tout de suite à l’aise lorsqu’il faut se mettre en sous-vêtements (rires).
Je me fixe quatre semaines pour construire environ huit silhouettes. Tout est lavé, repassé, retouché, parfois même un peu modernisé. J’ai une formation de couturière et j’ai été pendant dix ans l’assistante d’un créateur de mode belge, ce qui impliquait beaucoup de confection sur mesure. Cette expérience m’est aujourd’hui très utile: je vois immédiatement le potentiel et la qualité d’un vêtement.
Mon truc, ce n’est vraiment pas de créer une tenue pour une occasion unique. Je refuse toujours ce genre de demande. Je vois mon job comme une sorte de puzzle personnalisé dans lequel toutes les pièces doivent s’emboîter. Je crée une garde-robe sur laquelle vous pouvez compter pendant des années. La définition même de ce que devrait être la slow fashion.»
Comptez 130 euros pour le service de personal shopper, auxquels vous ajouterez en moyenne entre 750 et 1.500 euros pour environ huit silhouettes, sans compter les éventuelles retouches. lacouturiereparticuliere.com
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