Romain Bichot, notre coup de cœur La Cambre mode(s) 2022, au prochain festival d’Hyères
Il fait partie de la liste des dix finalistes du prochain festival d’Hyères, avec Nicolas Di Felice pour président du jury mode. Nous l’avions rencontré en 2022, puisqu’il était alors notre lauréat coup de cœur de La Cambre mode cette même année. Nous espérions alors que sa collection de Master 1, Call me if you get lost, lui serve de tremplin pour son ultime année d’études et pour la suite. On dirait que c’est chose faite…
Durant le défilé de La Cambre mode(s), l’équipe mode du Vif Weekend remarquait la collection de Romain Bichot, étudiant en Master 1. Il y a rassemblé dix silhouettes radicales, comme une balade urbaine, nocturne et no gender. Un parti pris prometteur.
Rêver de devenir designer, créateur, couturier, appelez ça comme vous voulez, ça ne tombe pas du ciel. Prenez Romain Bichot, très tôt, il savait qu’il avait «envie de faire du vêtement». «Je faisais du théâtre et pour moi, entrer dans le rôle d’un personnage, cela passait par le vêtement. Ce qui me captivait, c’était cette notion presque métaphysique: on porte un habit et on peut devenir quelqu’un d’autre. Ma vraie attraction pour la mode est née du déguisement.»
Dès le deuxième cycle des secondaires, il s’inscrit à l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, il a pensé à tout: «Je voulais me préparer pour l’examen d’entrée à La Cambre.» En 2018, il la réussit, cette étape éliminatoire qui les fait tous tellement trembler, comme s’ils jouaient leur vie, ce qui n’est pas tout à fait faux. Le voilà aujourd’hui à l’orée de sa dernière année, fort de cette expérience scolaire et d’un stage chez Paco Rabanne, à Paris, où il a appris la patience, l’importance des détails, de la technicité, de la main.
Corps à corps
Romain embrasse du regard ses silhouettes de Master 1 qu’il a posées là dans le salon de la maison familiale. Il avoue qu’en juin, quand il s’agissait de les présenter au jury professionnel et de les faire défiler, il avait presque eu un sentiment de dégoût: «Je ne pouvais plus les voir. Aujourd’hui, quand je les regarde, je me demande quelle impulsion cela me donnera pour mon Master 2… Je les vois dorénavant comme un tremplin.» L’année fut «compliquée» pour Romain. Il faut dire que la consigne pédagogique du Master 1 est infiniment conceptuelle, histoire de voir vraiment ce que les étudiants ont dans le ventre et retenu des trois Bachelors. Il s’agit en effet de travailler autour du «Corps Moteurs», avec pour objectif de «regarder au-delà de l’histoire du vêtement et de la mode comme source d’inspiration», de s’engager dans «une voie personnelle», d’«expérimenter les idées et les techniques» et de réfléchir à leur «rôle en tant que designer».
Romain se souvient du trouble qui l’avait envahi en septembre dernier. «On nous demandait d’oublier tout ce qu’on avait appris les années précédentes et de réfléchir conceptuellement à un principe. Il nous fallait chercher ce que l’on avait envie de dire. Je n’arrivais pas à comprendre l’énoncé «Corps». Je voulais faire du vêtement mais la consigne voulait que je sorte des codes du vêtement.» Et puis enfin le déclic, en janvier, il choisit de «ne plus avoir peur de ce que l’on ne connaît pas et d’essayer de plonger dedans les yeux fermés».
Le résultat porte un titre romantique, Call me if you get lost, et se présente comme «une balade de nuit dans la ville, un corps seul dans des rues vides et sombres». Ce n’est pas un vestiaire à proprement parler, il ne s’agit pas d’une collection que l’on pourrait trouver dans une boutique, là n’est pas le propos. Il y est question de notion de protection, de gestes qu’il a puisés «dans les archives couture, cette attitude de prendre un manteau ou une étole et de la serrer devant nous pour la fermer… S’enrouler pour se protéger».
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Dans la liste de ses inspirations qu’il est venu additionner, on trouve notamment Le Septième Sceau d’Ingmar Bergman, «film hyper lent» qui l’a marqué «par sa froideur», et un poème de Ron Padgett, qui débute ainsi: «Before I said/I Love you/I was like a flower/about to burst…» parce que «cela peut paraître un peu cucul, mais j’étais tombé amoureux durant l’été et ce poème m’avait parlé». Ses matières vont de la soie au triple satin duchesse, de la laine enduite au plastique, il ne s’est rien interdit. Et en guise de couleur, il a choisi le noir, essentiellement – «Je désirais me concentrer sur la forme et je trouvais qu’il était plus approprié. Il n’est d’ailleurs pas là comme une couleur, mais juste une ombre, la nuit dans la ville.»
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© La cambre mode(s), 2022
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© La cambre mode(s), 2022
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© La cambre mode(s), 2022
Romain ne ressemble plus au jeune homme qu’il était quand il est entré à La Cambre, il le reconnaît, «cela a beaucoup maturé». Avant de prendre son envol, il lui reste une cinquième à accomplir et une collection de douze silhouettes qui lui servira de carte d’identité. «J’ai envie qu’elle soit personnelle, c’est la dernière, mais j’ai aussi envie de m’amuser, qu’elle me serve de tremplin pour ce qui se passera après, qu’elle soit très carrée et tirée à quatre épingles. Ça va être une très belle année.»
EN BREF Romain Bichot
1998 Naît à Bruxelles.
2014 Entre en 4e secondaire à l’Académie royale des beaux-arts à Bruxelles.
2018 S’inscrit à La Cambre mode(s).
2020 Effectue un stage chez Paco Rabanne à Paris.
2022 Présente sa collection de Master 1 lors du Show22 à La Cambre.
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