En 2025, tous en fourrure… Pourvu qu’elle soit fausse

Sur les podiums comme dans la rue, la fourrure est absolument partout, que ce soit par touches ou en version XXL, le plus souvent fausse. Une tendance qui risque de perdurer.
Alors que la Fashion Week bat son plein jusqu’à mardi à Paris, Nancy, 28 ans, arbore dans le métro un long manteau à poil gris et blanc, tel une peau de loup. « C’est de la fausse fourrure », affirme-t-elle à l’AFP, expliquant l’avoir acheté l’an dernier dans une friperie à Berlin.
Gangsta wife et Jackie Kennedy
La jeune femme est loin d’être un cas à part: depuis quelques mois, « la fausse fourrure est partout », confirme à l’AFP le journaliste mode Matthieu Bobard Delière. « Depuis l’hiver dernier, toutes les marques de luxe jusqu’à des marques comme Zara proposent un nombre de modèles en fausse fourrure comme on n’a jamais vu », abonde Christopher Sarfati, le fondateur et dirigeant d’Ecopel, fabricant français de fausse fourrure qui fournit environ 300 marques dans le monde. Pour preuve, entre 2023 et 2024, les ventes de l’entreprise ont augmenté de plus de 15% sur le marché européen et de près de 28% en Asie.
Portée par les tendances « mob wife » (femme de gangster) et « ladylike », un style chic et raffinée inspiré de Jackie Kennedy, la fausse fourrure fait aujourd’hui plus vraie que nature, bien loin des pièces très colorées et pastel d’il y a quelques années.
Chez Chloé, l’effet était plus que saisissant lors de cette semaine de la mode parisienne. Mais la directrice artistique Chemena Kamali a utilisé du shearling, de la peau de mouton ou d’agneau en français, qu’elle a décliné en étole, sur les manches d’un blouson, sur le revers d’un long manteau ou en grigris, façon queue de renard, sur un sac, assure la griffe française qui n’utilise plus de fourrure depuis 2018. Elle est loin d’être la seule. Depuis plusieurs années, de nombreuses marques de luxe dont des géants comme le groupe Kering (Saint Laurent, Gucci), Chanel, Dolce&Gabanna ou Burberry s’en sont détournés. Une initiative prise depuis ses débuts par Stella McCartney, grande défenseuse de la cause animale, mais aussi par la jeune garde.
« plus cool »
« La fausse fourrure est plus cool, elle est plus belle. Et nous n’approuvons pas la cruauté envers les animaux », affirment à l’AFP Bryn Taubensee et Patric DiCaprio, les créateurs de la maison Vaquera qui ont présenté cette semaine une collection très poilue. « Sur les podiums, je pense que les marques qui utilisent encore de la vraie fourrure, on les compte sur les doigts d’une main », résume Matthieu Bobard Delière.
Selon Ecopel, qui suit le marché avec attention, 89% des fourrures vues à la Fashion Week de Milan étaient des fausses, contre 62% à New York et 100% à Londres. La capitale anglaise a en effet banni la fourrure de ses podiums depuis quelques années. Une mesure qui devrait également être mise en place à Paris jugent les associations de défense des animaux PETA et la Fondation Brigitte Bardot qui ont manifesté au premier jour de la Fashion Week contre « le retour de la fourrure ». Car la tendance du faux poil s’accompagne d’un retour de la vraie fourrure. Le magasin de fourrure Sam Rone à Paris reconnaît que ses ventes ont augmenté depuis l’an dernier.
La seconde main est également très plébiscitée, notamment par la génération Z, fan du vintage, certains allant jusqu’à chiner chez leurs grand-mères. « Avec la fourrure, il y a un vrai truc d’héritage », souligne Matthieu Bobard Delière. Sans compter que la fausse fourrure est très polluante, ajoute le journaliste, ancien du magazine Elle.
Ecopel assure avoir trouvé la solution avec le lancement d’une fausse fourrure 100% végétal. « Les marques ne pourront plus dire +On ne fait pas de fausse fourrure parce que c’est du polyester, du pétrole+ », insiste Christopher Sarfati. Une matière « révolutionnaire » que l’on devrait prochainement voir partout. Les carnets de commande pour l’hiver prochain sont déjà en hausse de 20% par rapport à l’an dernier. « On est sur une tendance qui s’installe », conclut-il.