Upcycling: Le sashiko, l’exemple nippon
Le Japon n’a pas attendu les rapports alarmistes du Giec pour revaloriser durablement les étoffes. Il connaît ça depuis des siècles.
L’upcycling ayant le vent en poupe, le sashiko, un art ancestral nippon, se réinvente désormais en ligne. Atsushi Futatsuya est l’un de ces instagrammeurs qui popularisent la méthode avec son compte Sashikostory (45 000 followers). « C’est une technique de couture à la main qui a émergé par nécessité, probablement au XVIIe siècle », explique-t-il.
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En ce temps, le coton étant hors de prix, les familles pauvres privilégiaient le chanvre dont le tissage était lâche et le renforçaient grâce au sashiko. La technique permettait également de fixer plusieurs couches pour façonner d’autres vêtements. Les motifs géométriques créés possèdaient une signification ou protègaient du « mal ». Un vêtement assemblé de cette façon était appelé « boro« , un mot qui désigne un objet qui s’est détérioré et est réparé pour passer de génération en génération.
Mais « lorsque le Japon a ouvert ses frontières et que le niveau de vie s’est élevé, le sashiko a disparu, poursuit Atsushi Futatsuya. Même dans les régions pauvres, il a été balayé par l’avènement du prêt-à-porter bon marché après la Seconde Guerre mondiale ». Ce n’est que dans les années 60 et 70 que des citoyens ont remis la tradition au goût du jour, en en faisant non plus la réponse à une nécessité mais un passe-temps. Grâce à la traduction de manuels, la technique a commencé à voyager. Des créateurs japonais tels que Junya Watanabe et Kapital se sont inspirés de cette technique, et le Belge Martin Margiela a même introduit des vestes aviateur ornées de broderies sashiko dans la collection 2011. D’Amsterdam jusqu’en Australie, on a vu apparaître des boutiques vendant des fournitures, des ateliers et des kits de DIY – notamment chez Veritas… Aujourd’hui, l’engouement n’est dès lors plus une question de nécessité, mais bien d’esthétique… et de conscience écologique.
Une solution pour contrecarrer les effets de la fast fashion? « C’est un problème colossal qui ne disparaîtra pas simplement car quelques personnes réparent leurs jeans d’une belle manière, répond Atsushi Futatsuya. Ne romantisons pas la chose. Je suis heureux que les gens s’y intéressent. Mais ce n’est qu’une petite goutte dans l’océan. »
Néanmoins, notre homme estime que le fait de prendre en main fil et aiguille est aussi bénéfique pour l’individu. « En Occident, les gens veulent savoir comment faire des points parfaits et quel sera le résultat. Le sashiko n’est pas une question d’objectif mais bien de processus. La broderie est une forme de méditation, vous êtes complètement dans l’instant présent. Le résultat n’a pas vraiment d’importance. » Et qu’en est-il de l’appropriation culturelle? « Tout le monde a le droit de coudre et d’apprendre cette technique, répond l’instagrammeur. Toutefois, il est nécessaire de rester attentif et de connaître un minimum le contexte et la philosophie. »
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