Les nazis, la comtesse et la folle histoire du musée suisse qui refusait de restituer un tableau contesté

Le Kunstmuseum Basel, un musée suisse dans la tourmente - Getty Images

Le prestigieux musée des Beaux-Arts de Bâle ou Kunstmuseum Basel a indiqué mardi qu’il refusait de restituer un tableau d’Henri Rousseau que lui avait vendu en 1940 une comtesse allemande, arguant que celle-ci n’avait pas été spoliée par les nazis.

Le musée suisse a acquis en 1940 le tableau « La muse inspirant le poète / Apollinaire et sa muse » (1909) du célèbre peintre figuratif autodidacte français Henri Rousseau, dit Le Douanier Rousseau, auprès de la comtesse Charlotte von Wesdehlen, selon un communiqué. En 2021, poursuit l’institution culturelle, « les avocats d’un prétendant à la succession de Charlotte von Wesdehlen ont demandé au Kunstmuseum Basel d’enquêter sur les circonstances de cet acquisition ».

Et en 2022, ils ont demandé sa restitution.

La Muse inspirant le poète, peint par Henri Rousseau en 1909 – Sepia Times/Universal Images Group via Getty Images

Selon les études faites par le musée bâlois, le tableau fait partie des cas traités en Suisse comme des ventes de « biens en fuite ». Ce terme fait référence aux biens culturels que leurs propriétaires ont emporté dans leur exil alors qu’ils fuyaient les Nazis, selon un rapport publié il y a plus de vingt ans par une commission d’experts indépendants suisse qui s’était penchée sur le rôle de la Suisse pendant la Seconde guerre mondiale.

Art spolié vs biens en fuite

« Contrairement à l’art spolié, l’art en fuite désigne des œuvres d’art que leurs propriétaires ont emporté et vendu dans un pays tiers sûr, à l’exemple de la Suisse, en raison des persécutions nazies », selon le Kunsthaus de Bâle.

Aussi, fait-il valoir, « contrairement au cas de l’art spolié, les propriétaires se voyaient proposer pour partie un prix conforme à celui du marché qu’ils pouvaient fixer librement ». Le Kunstmuseum souligne que la restitution de « biens en fuite » est une exception et considère qu’il n’existe pas de droit de restitution pour ce tableau. Et d’indiquer que « des négociations pour une solution juste et équitable ont été préconisées et ont déjà commencé ».

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