Adèle Haenel, la frondeuse

Adèle Haenel © Getty

Adèle Haenel, 30 ans, est une actrice instinctive et physique, devenue l’une des comédiennes les plus prisées et reconnues du cinéma français, ayant déjà remporté deux César, prix cinématographiques pour des productions françaises.

L’actrice accuse le réalisateur Christophe Ruggia, avec qui elle avait tourné son premier film, « Les Diables », de lui avoir fait subir « attouchements » et « harcèlement sexuel » alors qu’elle avait entre 12 et 15 ans.

Ellle est devenue le symbole d’un possible tournant pour #MeToo en France, depuis la parution dimanche d’une enquête dans le site d’informations Mediapart dans laquelle elle se livre.

« Il m’a détruite », a-t-elle confié lundi, expliquant parler aujourd’hui parce qu’elle « est en mesure de le faire, parce qu'(elle) travaille suffisamment, qu’elle a des projets dans la vie, un confort matériel, des alliances ».

Récompensée en 2014 et 2015 par deux César, l’actrice a en effet connu ces dernières années un parcours remarqué, tournant avec des cinéastes prestigieux, de Bertrand Bonello aux frères Dardenne, et présentant de nombreux films au Festival de Cannes, dont cette annnée « Portrait de la jeune fille en feu », prix du meilleur scenario.

Dans ce film, histoire d’amour interdite entre deux femmes dans un XVIIIe siècle corseté, à l’affiche depuis septembre, elle incarne Héloïse, une jeune femme à la colère intériorisée, qui va se rapprocher de la peintre qui doit faire son portrait en vue de son mariage avec un inconnu.

– « Les Diables » –

Née le 1er janvier 1989, fille d’une enseignante et d’un traducteur autrichien, cette blonde vive et nature aux yeux bleus, au parler franc et au physique athlétique, a grandi à Montreuil (région parisienne).

Adele Haenel dans les Diables, en 2001
Adele Haenel dans les Diables, en 2001© Isopix

Après avoir fait du théâtre en amateur, elle débute dans le cinéma un peu par hasard à l’occasion d’un casting passé pour « Les Diables » en décembre 2000, alors qu’elle a 11 ans.

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C’est lors de la préparation et du tournage de ce film, sorti en 2002 et dans lequel elle interprète une adolescente autiste qui va découvrir l’amour physique avec son frère, qu’Adèle Haenel dit avoir été sous « l’emprise » de Christophe Ruggia, puis un « harcèlement sexuel permanent », des « attouchements » répétés sur les « cuisses » et le « torse » et des « baisers forcés dans le cou ».

Dans l’enquête de Mediapart, l’actrice dit avoir décidé de poser publiquement les mots sur ce qu’elle « considère clairement comme de la pédophilie et du harcèlement sexuel ».

Les faits auraient eu lieu dans l’appartement du réalisateur et lors de plusieurs festivals internationaux, alors qu’elle était âgée de 12 à 15 ans, et le réalisateur de 36 à 39 ans.

Après cette histoire, Adèle Haenel décide de renoncer au cinéma. Elle y revient cependant en 2007, sollicitée par la même responsable de casting, pour « Naissance des pieuvres » de Céline Sciamma, qui deviendra sa compagne et fera partie « des gens qui lui ont sauvé la vie », dit-elle.

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.© Getty Images

Après ce film, dans lequel elle joue une adolescente capitaine d’une équipe de natation synchronisée qui exerce une fascination sur l’une de ses camarades, elle poursuit des études de commerce, mais sans oublier le cinéma.

En 2011, elle est une prostituée au caractère affirmé dans « L’Apollonide: Souvenirs de la maison close » de Bertrand Bonello.

– « Charisme » –

En 2014, elle connaît la reconnaissance de ses pairs aux César, dans la catégorie meilleure actrice dans un second rôle pour « Suzanne » de Katell Quillévéré. Elle y est Maria, une jeune femme qui entretient une relation fusionnelle avec sa soeur fragile.

A l’occasion de son prix, la jeune femme fait son coming out en remerciant Céline Sciamma: « Parce que je l’aime ».

En 2015, elle obtient le César de la meilleure actrice pour « Les Combattants » de Thomas Cailley. Elle y incarne Madeleine, une jeune femme abrupte, rebelle et impulsive, qui se prépare à l’apocalypse. Elle a « une énergie, une présence, bref un charisme », dira d’elle Thomas Cailley à l’AFP.

Elle s’illustre la même année avec son interprétation de femme passionnée dans « L’homme qui aimait trop » d’André Téchiné, dans lequel elle joue Agnès Le Roux, disparue mystérieusement en 1977.

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« J’ai été épaté par son instinct, son inventivité », confiait à l’AFP Téchiné.

Parmi ses rôles marquants, cette actrice exigeante incarnera encore une militante acharnée d’Act Up dans la fresque des années sida « 120 battements par minute », ou une policière impétueuse dans la comédie de Pierre Salvadori « En liberté! ». Cette année, elle a présenté pas moins de trois films au festival de Cannes

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