Alors on swing ?

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Sur un air de jazz entraînant, les couples se déchaînent et leur chorégraphie semble sortie tout droit des années 30… Revenu en grâce, le swing n’en finit plus de séduire un public jeune à travers le monde, en quête d’antidotes à la morosité.

« Ca plaît parce que ça se danse à deux et que c’est rapidement ludique. L’étincelle, c’est la musique », explique Paulo Thierry, professeur de danse swing à Paris. « Souvent, vous avez des gens qui disent ‘ah, ça swingue!’ Mais pourquoi ça swingue? Parce que ça rebondit, c’est (grâce à) la musique. »

Lindy hop, charleston, balboa… Ces danses, nées pour la plupart au sein de la communauté noire américaine dans les années 20, suscitent un engouement bien au-delà du cercle des amateurs de jazz et de rétro.

Au point de conquérir des pays aussi différents que la Corée du Sud, réputée pour ses « swing bars » où les aficionados peuvent danser tous les soirs de la semaine, ou la Suède, qui accueille chaque année à Herräng, une bourgade à une centaine de kilomètres de Stockholm, le plus gros rassemblement de danseurs swing au monde.

Créé en 1982, cet événement accueille chaque été quelque 700 danseurs venus se perfectionner, soit plus que la population locale… Cet immense campement en pleine nature a gagné sa réputation en invitant à ses débuts Frankie Manning, considéré comme le père du lindy hop, la plus prisée des danses swing.

Une danse ‘sociale’

Cheveux plaqués et fine moustache étudiée, Paulo Thierry a vu le phénomène décoller en France avec des films comme « Midnight in Paris » (2011) de Woody Allen. Des émissions comme « Danse avec les stars », « Strictly Come Dancing » sur la BBC et la comédie musicale oscarisée « La la land » ont fait le reste.

Son école, fondée en 2009, comptait au départ une quarantaine d’élèves à Paris. Elle en accueille désormais 900.

Idem pour Scott Cupit, un Australien installé en Angleterre. Il a démarré à Londres avec une dizaine d’élèves en 2009 et en reçoit aujourd’hui 900 chaque semaine, qui viennent assister aux cours et pratiquer lors de différents événements organisés en parallèle. Car le swing c’est, de l’avis de tous, une danse sociale, décrit-il dans son ouvrage « Fous de swing » (éditions Vigot).

« Je vois les gens sourire, c’est ce qui m’a frappé… surtout à Paris », plaisante Gennaro Landi, ingénieur italien de 42 ans installé en France. Il s’est mis au swing il y a un an et demi et ne dansait pas avant cela: « C’est une danse de couple mais relax, pas comme le tango et la salsa. Tu peux danser en couple en étant libre avec toi-même. »

Le goût du rétro

Pour le sociologue Christophe Apprill, le succès de ces danses tient notamment au fait qu’il « n’y a pas beaucoup d’occasions où on peut se toucher sans se parler ». « La danse crée une sphère d’intimité sans que cela soit mal interprété », souligne-t-il.

« Danser, c’est oublier les oripeaux professionnels et faire une parenthèse », estime le sociologue, lui-même professeur de tango.

Le swing, « ce sont des mouvements qui n’appartiennent pas à la danse d’aujourd’hui. Quand je vais en boîte, je ne danse pas comme ça! Et du coup, pour moi, faire du swing, c’est quelque chose de vraiment original », explique pour sa part Caterina Cerchi, une élève.

À cela s’ajoute pour certains un goût pour le rétro. Ancienne danseuse, Brigitte Chiron en sait quelque chose. Elle tient une boutique de vêtements vintage à Paris où viennent se fournir nombre d’amateurs de swing.

En adoptant quelques heures un code vestimentaire rétro, « c’est un peu se mettre en dehors de la norme, qui est triste: tout le monde habillé pareil, en costume gris ou bleu », souligne la gérante qui n’y voit rien de moins qu’un pied de nez à « la crise ».

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