Boire un verre en terrasse oui, mais avec quelques précautions

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Boire à nouveau des verres en terrasse, oui, mais pas comme avant, entassés à vingt en hurlant au-dessus d’une coupelle de cacahuètes. Car même s’il est infiniment plus faible qu’en intérieur, le risque de contamination au Covid-19 n’y est pas nul, soulignent des spécialistes.

Après des semaines voire des mois de confinement, les terrasses des bars ont rouvert ou vont rouvrir dans plusieurs pays, dont l’Italie fin avril, la Grèce lundi et la France le 19 mai.

Même accompagnées de mesures strictes, ces réouvertures sont un symbole fort pour des millions de gens: l’espoir de reprendre une vie normale avec les beaux jours. « J’ai l’impression de revivre, d’être ressuscité! », sourit ainsi un retraité grec, Andreas Riminiotis, croisé par l’AFP lundi à Athènes sous un soleil estival.

Mais quel est le risque de contamination sur les terrasses? « Le message essentiel reste de marteler qu’elles sont beaucoup moins à risque que les espaces intérieurs mal ventilés », indique à l’AFP l’épidémiologiste Antoine Flahault.

Près d’un an et demi après le début de la pandémie, les spécialistes s’accordent à dire que le Covid se transmet en grande partie via les aérosols. Ce terme désigne les nuages de gouttelettes « produits par la respiration, la parole, les cris et le chant de personnes infectées » et qui contiennent donc le coronavirus SARS-CoV-2, rappelle le Pr Flahault, directeur de l’Institut de santé globale à l’université de Genève.

Distance

« Dans un espace mal ventilé, ce nuage peut planer plusieurs minutes, voire plusieurs heures avant de se dissiper. Mais en terrasse, il se dissipe rapidement dans l’atmosphère », affirme le Pr Flahault, en faisant l’analogie avec la fumée de cigarette. On estime donc que le risque est « 18 à 20 fois moindre » à l’extérieur qu’à l’intérieur, poursuit-il.

Pour autant, « bien qu’elles soient en extérieur, les terrasses des bars peuvent potentiellement être problématiques », juge Babak Javid, spécialiste des maladies infectieuses à l’Université de Californie (San Francisco).

u003cstrongu003eCe sont des environnements ou0026#xF9; les gens parlent fort, sont proches les uns des autres et ne portent pas de masqueu003c/strongu003e

Dans ces conditions, des spécialistes estiment que les aérosols peuvent rester un danger si on est proche d’une personne infectée: de près, on peut toujours les inhaler avant qu’ils soient dispersés dans l’air.

« La distance entre les gens est le facteur le plus important, même à l’extérieur, en particulier quand vous mangez et buvez, et que vous ne portez donc pas de masque », déclare à l’AFP Julian Tang, spécialiste des virus respiratoires à l’université de Leicester (Angleterre).

La Grèce, elle, a opté pour une mesure originale, l’interdiction de la musique en terrasse. L’opposition, moqueuse, l’a jugée absurde, mais pour les experts, elle se justifie scientifiquement: la musique oblige les gens à parler plus fort, ce qui augmente l’émission de postillons et d’aérosols.

Dans une étude récemment mise en ligne, des chercheurs français pointent eux aussi « un risque de transmission par aérosols à courte portée » quand on est à l’extérieur.

La zone à risque est un « cône de dispersion des aérosols » dont la pointe est la bouche de la personne infectée, écrivent ces étudiants en physique expérimentale de l’Université de Paris.

« Balistique »

Ce risque dépend selon eux de l’orientation du vent et diminue au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la personne infectée.

Leurs travaux, qui visent à mieux évaluer le risque de transmission par aérosols en intérieur et en extérieur, ont été soumis pour publication à la revue Indoor Air, a indiqué sur Twitter le physicien Bruno Andreotti, qui les supervise.

Le Pr Flahault, lui, mentionne un autre « risque théorique », celui de la « voie de contamination directe », ou « voie balistique ». « Elle émane d’une personne infectée qui postillonnerait en parlant, toussant ou éternuant directement sur les yeux, narines ou bouche de la personne située en face d’elle, à faible distance, sans masque ni lunettes », développe-t-il, en la jugeant cependant « plus anecdotique que fréquente ».

Pour limiter tous ces risques, les pays qui rouvrent leurs terrasses le font sous conditions, comme en Belgique où un maximum de quatre personnes est autorisé par table.

Les auteurs de l’étude française proposent d’autres solutions: de grands ventilateurs orientés vers le haut pour chasser les aérosols, ou des petits dispositifs sur chaque table qui aspireraient puis filtreraient l’air expiré.

La Grèce, elle, a opté pour une mesure originale, l’interdiction de la musique en terrasse. L’opposition, moqueuse, l’a jugée absurde, mais pour les experts, elle se justifie scientifiquement: la musique oblige les gens à parler plus fort, ce qui augmente l’émission de postillons et d’aérosols.

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