Mathieu Nguyen

Ces moments que l’on retient de l’année 2020 qui s’achève

Que retiendra-t-on de 2020? Des frustrations, de la tristesse, du découragement, mais aussi quelques pépites qui ont rassasié nos coeurs et nos esprits. Notre rédaction partage quelques-uns de ces indispensables rayons de soleil. Et vous souhaite le meilleur pour l’année nouvelle.

Comme après un accouchement on oublie la douleur et les moments difficiles, ainsi après le confinement H24 couplé au télétravail avec deux enfants/monstres/anges de moins de 6 ans, je ne me souviens (presque) que des instants de bonheur. Je me souviens d’un regard complice, d’un coup de pouce à initier des roulés-boulés, d’une sieste bienvenue de l’une pour une pause privilégiée avec l’autre, d’un bricolage de longue haleine du premier pour un câlin XXL avec la deuxième, d’un grand frère qui console, d’une petite soeur qui lui répond par un éclat de rire… Je me souviens d’une période éprouvante qui s’est transformée en une opportunité unique pour une fratrie d’apprendre à se connaître et passer un temps précieux ensemble, comme jamais il n’aurait été imaginable autrement.

Elise Mommerency, secrétaire de rédaction

« Il fallait s’inscrire en amont, j’avais oublié les nouvelles règles pandémiques. A la bonne heure, m’avait dit en substance l’aimable jeune fille chargée de distribuer les tickets d’entrée de ce musée bruxellois qui fut une brasserie et que je fréquente en voisine, d’ordinaire assidûment, j’avais presque oublié son existence. Il n’y avait pas foule en ce dimanche de réouverture après double fermeture, je pouvais commencer la visite, alléluia. J’ai entendu mes pas résonner dans les salles vides éclairées de néons. Au sol, aux murs, sur les vitres et même sur les écrans, le travail ultracontemporain d’une mosaïque d’artistes qui m’emmenèrent sur le champ dans un espace-temps précieux où le corps et l’esprit furent chahutés par une décharge salvatrice. »

Anne-Françoise Moyson, journaliste

Le Wiels à Forest
Le Wiels à Forest© DR

« En janvier, alors que 2020 s’annonçait fallacieusement pleine de promesses miroitantes et d’opportunités à saisir, la chaîne d’information en continu LN24 m’a invité sur le plateau de son émission Pour Info afin de discuter, en direct, de la Fashion Week dédiée à la haute couture du printemps-été 2020. Il existe bien peu de mots pour qualifier la jouissance de voir son expertise reconnue en dehors de son cercle habituel. Et il y en a encore moins pour nommer ces moments, d’autant plus beaux qu’ils sont si rares, où l’on est sûr et certain que l’enfant que l’on a été autrefois – peut-être un peu à l’étroit dans un village trop petit – serait fier de l’adulte que l’on est devenu. »

Yoris Bavier, journaliste

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.© Reuters

« C’était une journée d’automne comme je les aime, piquante et ensoleillée. On l’avait passée à se balader sur les hauteurs de Namur, avec nos potes, à bonne distance, nez au vent, loin des foules, le masque à portée de main en cas de soudaine affluence. Le soir, puisque la maison nous était interdite, on a sorti les mange-debout, un par bulle, les braseros et les couvertures. Avec la tartiflette au menu, ça avait comme un petit air de retour de ski. Les bouchons ont sauté, on n’allait pas se priver de fêter l’éviction de Trump, quelques jours plus tôt. On a ri, échangé, partagé à presque en oublier le couvre-feu et ce fichu virus, qui ne nous empêchera jamais de nous voir et de nous revoir. Amis comme jamais. »

Isabelle Willot, journaliste

« Ce fut une fulgurance de vraie vie dans cette année entre parenthèses. Masquées et fascinées par la somptueuse nef de Notre-Dame de Laeken, nous étions, une amie et moi, en osmose avec Yael Naim, qui au piano, en ouverture des Nuits Botanique, renouait avec son public. La messe était belle, les chants envoûtants, les applaudissements réconfortants. Sous la voûte illuminée, nous nous surprenions à oser le partage des émotions. A oublier le poids de ce long et terne tunnel. A goûter à l’insouciance, avant que les portes de nos mondes se referment à nouveau. « No culture no future », scandent les artistes depuis des mois ; puissent-ils très vite remettre des couleurs dans nos existences et nous faire voir par-delà l’horizon. »

Fanny Bouvry, rédactrice en chef adjointe

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« Autant oublier les moments peut-être perdus et savourer ceux que l’on a assurément gagnés »

« Le pensant confiné, j’avais fait une croix sur Saint-Nicolas. Mais le groupe Facebook de ma commune improvisa cette idée folle: embarquer le barbu à l’arrière d’un pick-up et le faire parader dans les rues avec un chanteur à guitare. Ce jour-là, j’ai rejoint les 2 000 internautes qui ont suivi l’événement en direct sur le réseau social. L’air de rien, avec ma copine et mes deux filles, on est restés plus de 2 heures à regarder ce cher Nico distribuer des sourires aux mômes… et faire des détours à gogo pour les contenter tous. Bien sûr, à son passage près de chez nous, on est sortis le saluer et se réchauffer les pieds sur les Démons de minuit. Que ce fut ravigotant, nom d’un saint! »

Nicolas Balmet, journaliste et secrétaire de rédaction

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.© Getty Images

« L’objectif du samedi: reproduire le système solaire avec des centaines de coquillages colorés, sur une plage de la mer du Nord. Un effort familial, et l’occasion de naïvement disserter sur notre modeste place dans l’univers, tout en rappelant l’importance de chaque élément dans la mécanique céleste. Cette entreprise, aussi ambitieuse qu’éphémère, s’imposa comme un souvenir de famille instantané, un petit moment d’infini. Toute considération cosmique mise à part, les enfants semblaient surtout fiers comme des paons devant l’admiration des badauds, et il ne nous restait qu’à apprécier le luxe de nous offrir l’un de ces instants Kodak, capables de compenser une année constellée de renoncements et de regrets. Tant qu’à se retrouver malgré tout privilégiés, autant oublier les moments peut-être perdus et savourer ceux que l’on a assurément gagnés. »

Mathieu Nguyen, journaliste

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