Entre utopie architecturale et activisme topless, l’Université des Femmes a dévoilé ses sujets primés

Isabelle Simonis, entre autre Ministre des Droits des Femmes et de l'Egalité des Chances, a remis le 1er Prix à Léone Drew Drapeaud pour son mémoire : "Songes de Sorcières : Féminismes - Utopies - Spatialité". © Université des Femmes
Stagiaire Le Vif

Ce mardi soir s’est tenue la 20ème remise des Prix de l’Université des Femmes. Ils récompensent chaque année les étudiantes, et quelques rares étudiants, ayant rédigé un mémoire portant sur les questions liées aux femmes ou au féminisme.

L’objectif de ces Prix et, plus globalement de l’Université des Femmes, est de promouvoir la production des savoirs féministes, de permettre la circulation des informations dans une démarche d’éducation permanente et de continuer d’alimenter les réseaux féminins et féministes. Les étudiants postulant pour ce prix doivent avoir fait valider leur mémoire ou leur travail de fin d’étude (TFE).

Les Lauréates 2016

Cette année le 1er Prix a été décerné par la Ministre Isabelle Simonis, entre autre responsable des Droits de Femmes et de l’Egalité des chances, à Léone Drew Drapeaud. La jeune femme architecte a intitulé son mémoire : « Songes de sorcières : Féminismes – Utopies – Spatialité ».

« En architecture, il y a une mouvance qui souligne le manque de femmes dans ce domaine. Mon point de départ a été une sorte de revendication, je voulais être une de ces femmes, explique la Lauréate. Du coup, je me suis mise à chercher en me disant : ‘quand on est féministe et architecte qu’est-ce qu’on fait exactement ? Comment dessine-t-on ? Quel bâtiment construire ?’ Et finalement, je n’ai quasiment rien trouvé. C’est à partir de là que je me suis concentrée sur l’étude de l’utopie parce que dans une utopie, il n’y a pas le choix, il faut décrire les espaces. C’est impossible de faire les choses à moitié, il faut rêver jusqu’au bout ! Si l’auteure imagine un nouvel ordre social de A à Z, elle ne va rien laisser de côté donc elle redessine tout ».

La jeune architecte continue: « Je ne pense pas que le bâtiment idéal existe ou puisse exister, par contre je pense que le féminisme est injecté partout, dans chaque étape du processus et c’est ça qui est génial. Quel que ce soit le projet que je vais imaginer ou concevoir, j’y mettrai toujours ce grain de sel et je ferai en sorte que les gens qui m’entourent sachent que quand ils dessinent quelque chose ce n’est pas anodin ! »

Ensuite, le second Prix est un ex-aequo. Il a été décerné à Cathie Wissa pour son travail « Entre sexisme et confrontation. Où se situe la femme égyptienne? » rédigé en vue de l’obtention d’un master en Sciences Psychologiques ; et à Alice Graas, jeune diplômée en anthropologie, pour son travail sur les Femen nommé : « Femen dans le paysage féministe actuel. Chronique d’un engagement dans un groupe féministe d’activisme topless ».

Le podium est complété par Anaïs Felix et son sujet : « La débinarisation du genre en bande dessinée comme vecteur d’ empowerment : Etude de cas de Saga » en vue de l’obtention d’un Master en Communication appliqué.

Enfin une mention spéciale a été attribuée à Juliette Pitisci pour son travail sur la contraception : « Pilule contraceptive : la désillusion ? – Etude du recul de la pilule contraceptive en Belgique et de ses causes multiples ». La jeune journaliste a d’ailleurs réalisé un film rétrospectif pour l’anniversaire du Prix.

20 ans, l’heure du bilan

Alexandra Adriaenssens, directrice chargée de mission de la Direction de l’Égalité des Chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles et gagnante du Prix en 1998, a profité de l’occasion pour dresser un bilan de ces vingt années. Environ 400 mémoires ont été remis depuis la création du Prix en 1996 et l’objectif est toujours le même : promouvoir la production du savoir féministe des étudiantes en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Ces travaux sont d’abord jugés sur base de l’engagement mis en oeuvre dans le sujet ainsi que dans son traitement et dans les références utilisées. Par la suite, un ou plusieurs spécialistes du sujet traité juge de la qualité scientifique du mémoire, un passage obligé étant donné la diversité des domaines d’étude représentés lors de ce Prix.

« On constate que les mémoires sont toujours de meilleure qualité d’année en année ce qui signifie que les étudiantes ont pu développer une vraie culture théorique féministe. Après, il faut voir la manière dont elles ont recours à cette théorie pour aller enquêter sur le terrain. C’est quand même une des choses importantes qu’on a pu remarquer ces dernières années comme une espèce de professionnalisation féministe », fait remarquer Valérie Lootvoet, directrice de l’association.

Sur ces 400 candidatures, quatre filières d’études se dégagent. La majorité des participantes suivent des études dans le domaine des sciences sociales, politiques et économiques. Ensuite ce sont les étudiantes en communication et journalisme et enfin, celles issues des sections « Histoire », « Philosophie & Lettre » et « Psychologie & Education ». Sur l’ensemble de l’histoire du Prix, très peu de mémoire en droit, en médecine ou dans d’autres sciences « dures » ont été présentés, au grand regret des organisatrices.

Un autre élément important est relevé par Alexandra Adiaenssens puisqu’en effet, tout comme elle, nombreuses sont les lauréates qui sont toujours actives dans les domaines de l’égalité et du féminisme.

Enfin, force est de constater que certains mémoires présentés en 1996 pourraient encore être d’actualité comme par exemple le 2ème Prix ex-aequo : « L’écart de rémunération entre femmes et hommes : facteurs explicatifs et perspectives de solutions » de Carine Joly.

« Il y a des sujets qui traversent les temps et d’autres qui peuvent se démoder. C’est vrai que si on travaille sur une production culturelle, il y a plus de chances que ça se démode que d’étudier des sujets comme par exemple celui de Vaya Demertzis, en 2002, qui avait traité les enjeux liés à la politique du Vatican. Même si le Vatican évolue parfois en progressant, pour l’instant il s’est bien refermé ! Donc, ce genre de sujets peut rester d’actualité puisqu’ils n’ont pas trop bougé et puis d’autres sont plus liés à une mode, à une production sur l’instant à laquelle l’étudiante a envie de s’intéresser » témoigne Valérie Lootvoet.

Par Axelle Verstraeten

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