Être concierge de palace à Cannes, une vie au service des stars et de leurs caprices

Arrivée de Karl Lagerfeld à l'Hôtel Majestic, en 2011 © Reuters

Demandez-lui l’impossible, il fera le maximum. Chef concierge au Majestic, l’un des plus fameux palaces cannois, Roger Bastoni doit répondre à tous les caprices des stars du Festival.

« Mon métier, c’est de servir », explique M. Bastoni, 69 ans, qui reçoit au bord d’une piscine à l’eau turquoise au pied du somptueux bâtiment art déco du Majestic Barrière, l’un des joyaux de la Croisette.

Vue de la piscine privée du Majestic, à Cannes
Vue de la piscine privée du Majestic, à Cannes© Reuters

La chevelure gris argent coiffée au cordeau, costume sombre impeccable rehaussé de deux broches au col en forme de clés d’or, symboles de la profession, Roger Bastoni est la vitrine du cinq étoiles.

« On lit le journal le matin, donc on sera content d’avoir son petit journal, on peut avoir besoin de changer un billet d’avion, on peut avoir envie d’aller voir un match de football… Toutes ces questions-là sont des questions au concierge », raconte M. Bastoni. « C’est une concentration de tous les instants, je ne sais jamais quelle est la prochaine question que l’on va me poser », ajoute ce natif de Cannes, qui a fait ses premiers pas comme groom au Martinez, à 14 ans. Avant d’enchaîner les palaces, Carlton de Londres, Hilton de Milan puis de poser, il y a 40 ans, ses valises au Majestic.

Être concierge de palace à Cannes, une vie au service des stars et de leurs caprices
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Aujourd’hui, il dirige une équipe de plus d’une vingtaine de personnes, voituriers, bagagistes et « chasseurs », ceux qui vont livrer les achats faits par les clients dans les boutiques de luxe de la croisette ou acheter sur ordre du concierge vêtements, fleurs et chocolats…

– Chaque minute compte –

Pendant le Festival, toutes les vedettes du cinéma mondial se retrouvent à Cannes, dont une bonne partie au Majestic. La pression est maximum.

Une année, l’équipe d’un film se rend compte à 11 heures du matin que la robe « d’une grande actrice française » qui devait être livrée à la boutique Dior de Cannes, l’attend en fait… à Paris. Chaque minute compte, Roger Bastoni fait jouer ses contacts, parvient à faire embarquer la robe sur un vol, et le précieux vêtement sera dans la chambre de la star, quatre heures plus tard, à temps pour la montée des marches.

Infaillible, le concierge du Majestic ? « On peut se tromper, égarer un bagage, faire livrer une robe dans la mauvaise chambre », raconte-t-il… Le tout est de garder sourire et sang-froid. « C’est mon métier, que de savoir faire comprendre à quelqu’un que quelque chose n’est pas réalisable, pour X raisons » explique Roger Bastoni. « Il faut avoir – je vais dire gentiment – le talent, l’expression nécessaire ». Discrétion et confidentialité sont les maîtres-mots du métier, et Roger Bastoni ne lâchera pas de nom.

Être concierge de palace à Cannes, une vie au service des stars et de leurs caprices
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Chaque année, la loge du concierge chauffe le dernier jour du Festival quand tout le monde veut réserver un vol de dernière minute pour quitter Cannes. « Le vol est complet, on va pas sortir quelqu’un de l’avion » pour y placer un client, même célèbre, raconte M. Bastoni mais « on va donner des possibilités » : louer une voiture avec chauffeur, une place dans un avion privé…

Passionné par son métier, Roger Bastoni a transmis son enthousiasme à ses deux fils Yannick et Gilles. Le premier est chef concierge du Fouquet’s à Paris, le second travaille depuis 10 ans aux côtés de son père au Majestic. Sa principale qualité ? « Il ne s’énerve presque jamais », témoigne ce dernier.

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