« On me demandait d’être belle et décadente, j’ai plongé dans l’obscurité »: Lolita Pille en 5 mots

Lolita Pille © Pierre-Ange Carlotti

La vie est-elle une partie de tennis? La romancière monte au filet pour montrer la face cachée d’une jeunesse dorée.

Enfance

Lolita Pille songe souvent à cette période. « J’ai un roman sur l’enfance dans mes tiroirs. » Une période point joyeuse, où elle cultivait l’amour des chevaux. On a du mal à l’imaginer en « petite fille, pas jolie, aux lunettes rondes ». Fuyant la réalité, cette surdouée était « toujours en train de lire ou de noircir des cahiers ».

Jeux

Son héroïne, Elena, est une ancienne championne de tennis. « Ce sport se veut une allégorie de notre époque, d’une grande violence sociale. Dans ce monde de la performance, de la rivalité et de l’élimination, les rapports de force sont masqués. » Lolita Pille voulait les enjoliver sous un angle bourgeois. Pourquoi Elena a-t-elle abandonné la compétition? « Mes personnages sont de faux winners. On ne doit pas apprendre à perdre, mais à réussir selon ses propres valeurs. »

Ombres

Elle n’a que 19 ans quand elle publie le best-seller Hell, qui sera adapté au cinéma avec Sara Forestier dans le rôle principal. Un titre prémonitoire… Sous le feu de projecteurs « criards et cruels », cette fille branchée est confondue avec son personnage. « On me demandait d’être belle et décadente, j’ai plongé dans l’obscurité. » Dix ans plus tard, Lolita Pille réalise qu’elle s’est « trompée de vie ». Elle qui avait arrêté l’école étudie la littérature et la philosophie. « J’avais besoin de lumières réelles. »

Jeunesse

Ce thème figure dans tous ses romans. Celui-ci relate « les derniers jours de la jeunesse, cette période où tout semble possible. On croit à la promesse d’éternité, or nous sommes inégaux face au devenir ». L’auteure l’a écrit au lendemain des attentats parisiens. « Le Mal s’était abattu sur nous. » A 36 ans, elle « ne se sent plus vraiment jeune, mais inachevée ».

Vivre

Après huit ans d’isolement, à Brest, elle revient à Paris. « Cette ville électrique » tranche avec son refuge, chez ses parents. Sa seule sortie? « Une promenade avec ma mère, au bord de l’océan. » Mais l’écrivaine reste connectée au monde grâce aux réseaux sociaux. « Il me faut peu de choses pour vivre: du papier, un stylo et de quoi manger. Chaque jour, je me livre à une corrida, mais je ne regrette pas d’avoir persévéré dans mon rêve d’écrire. »

Elena et les joueuses, par Lolita Pille, Stock, 272 pages.

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