Portrait: Perrine Rousseau, tisseuse écolo

Jeune créatrice, elle choisit ses fils en pensant à la nature et connaît une belle ascension.

Jeune créatrice, elle choisit ses fils en pensant à la nature et connaît une belle ascension.

Au coeur du quartier populaire du XVIIIe arrondissement de Paris, entre épiceries et boutiques de téléphones, se niche l’atelier de Perrine Rousseau. A 30 ans, la créatrice croule sous le travail: voilà quelques mois, une célèbre maison de prêt-à-porter de luxe l’a choisie pour sa collection printemps-été 2010. Le côté brut et naturel de ses tissus répondait aux attentes du grand couturier. Pour la société Perrine Rousseau Créations, fondée en 2006, un tel contrat -qui sera révélé en octobre, pour la présentation de la collection- tombe à pic.

La Berrichonne travaille sans relâche sur son métier à tisser manuel. Selon la matière, elle peut mettre jusqu’à neuf heures pour confectionner un mètre carré. La patience et la délicatesse qu’exige son métier correspondent à sa personnalité. Pour cette adepte du yoga, « tisser est presque une activité méditative », confie Elodie Brunet, une amie de longue date. Perrine aime voir ses créations naître sous ses mains, fidèles à l’idée qu’elle avait en tête. « Quand je termine une pièce, je ne pense qu’à ce que je pourrai améliorer sur la prochaine! »

Son originalité se trouve surtout dans le choix de ses fils: Perrine est une tisseuse écolo. « L’industrie textile est très polluante. Je me devais d’adapter mon travail aux besoins de notre époque. » Elle utilise uniquement des fibres cultivées sans engrais chimique ni pesticides. Même exigence à chaque étape de la production du fil (filature, teinture et finition), garantie non polluante.

Passionnée, Perrine? Plus encore. Le tissu fait partie d’elle. Elle voyage beaucoup et, loin des sites touristiques, visite des ateliers de tissage, toujours à l’affût de nouvelles fibres. Aujourd’hui, la jeune femme travaille principalement sur commande pour des architectes et des décorateurs. Selon les désirs de leurs clients, elle crée des tissus d’ameublement sur mesure. Des pièces uniques. S’adressant principalement à une clientèle haut de gamme (le prix de 1 mètre carré varie de 180 à 500 euros), elle décide, il y a un an, de créer une ligne industrielle, trois fois moins chère. « Produire des collections limitées n’était pas cohérent avec mon engagement pour l’écologie », explique-t-elle.

La créatrice consacrera les prochains mois à sa commande de prêt-à-porter de luxe. Elle qui a l’habitude de travailler seule va devoir s’entourer de petites mains jusqu’en octobre. « Ce que j’aime avant tout, c’est créer. Vêtements, chaussures ou autre, l’utilisation finale de mes tissus m’importe peu. » Mais Perrine espère que cette expérience sera un tremplin pour de nouveaux projets, avec des créateurs sensibles à sa démarche écologique…

Elinor Lalo, Lexpress.fr Styles

Des finances pour les cités

Perrine Rousseau s’est tournée vers FinanCités pour développer sa ligne à échelle industrielle. Cette société de capital-risque solidaire, créée en janvier 2007, aide les très petites entreprises (TPE) des quartiers. Membre du groupe PlaNet Finance, présidé par Jacques Attali, éditorialiste à L’Express, FinanCités est dotée par la Caisse des dépôts, HSBC, la BNP et plusieurs conseils régionaux. 25 TPE ont déjà été aidées par des apports en capital, allant de 5 000 à 100 000 euros, et par du coaching; 200 devraient l’être en 2010.

C. B.

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