Plongée dans le monde énigmatique de Benjamin Lacombe
L’auteur et illustrateur français a écrit et publié, depuis son premier ouvrage à l’âge de 19 ans, un grand nombre de livres traduits à travers le monde. Il participe aujourd’hui au projet Rediscover en revisitant la couverture du manga The Promised Neverland. Ce qu’il faut savoir de ce magicien du trait.
Il a réalisé son rêve de gosse
Aussi longtemps que Benjamin Lacombe s’en souvienne, il a posé sur le papier ses univers imaginaires. » J’ai toujours voulu raconter des histoires et à partir du moment où j’ai su que je pouvais en faire mon métier, c’est devenu une voie directe, se réjouit-il. Tout le monde dessine, mais une fois que les enfants grandissent, il n’y en a plus qu’un ou deux qui continuent. Je faisais partie de ceux-là. » Sa passion, il la concrétisera professionnellement en 2006, lorsque plusieurs éditeurs, présents à la défense de son travail de fin d’année à l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris, montreront un intérêt pour son ouvrage Cerise Griotte, finalement paru aux éditions Seuil Jeunesse la même année. Depuis, il vit dans ce monde onirique qui lui ressemble, s’inspirant de la photographie, du cinéma et des primitifs flamands, mais aussi de Walt Disney, Tim Burton ou encore Léonard de Vinci, qu’il a découvert à travers ses peintures, au Louvre.
Il donne la parole aux femmes
Frida Kahlo, Carmen, Madame Butterfly… Dans une série de livres éponymes, Benjamin Lacombe rend hommage à de grands noms de l’histoire et de la littérature, en majorité féminins. Il voit en ces femmes la possibilité d’évoquer leur fragilité et leur tendresse, mais aussi leur force de caractère. » Frida, c’était vraiment l’exemple parfait de la résilience : comment dépasser les éléments difficiles de sa vie et en faire une oeuvre… Marie-Antoinette, c’est avant tout un personnage mis en place comme reine alors qu’elle n’y était pas prédestinée. » Si ces figures semblent être emblématiquement torturées, c’est surtout leur quête identitaire qui attire l’artiste. » Les profils qui m’intéressent sont ceux qui recherchent qui ils sont et quelle est leur place, parce que je pense que c’est quelque chose que tout un chacun a un jour ressenti profondément. » Une sensibilité qui se retrouve jusque dans les regards, les postures et les attitudes de ses tableaux.
Il met les émotions en images
Si vous avez l’occasion de feuilleter l’un de ses livres illustrés, vous pourrez constater que l’immersion dans les différents décors qu’il propose est immédiate. Les jeux de transparence et les impressions tridimensionnelles sont accentués par la richesse des lieux représentés. Pour l’auteur, le souci du détail n’a rien à voir avec le perfectionnisme ou la méticulosité – » C’est une écriture comme une autre. C’est l’une des choses qui m’intéresse un peu malgré moi. On a la façon de dessiner qu’on a. » Souvent, ses oeuvres sont cataloguées de sombres et mélancoliques. Pourtant ce n’est pas du tout la vision qu’il en a. » La majorité de mes bouquins ne le sont pas, mais c’est souvent ce que les gens retiennent parce que je pense que les émotions les plus fortes sont celles qui touchent le plus. Dans la littérature jeunesse, rares sont ceux qui osent explorer des univers en demi-teinte ; c’est un domaine dans lequel on traite souvent les choses de manière très positive. Moi je le fais et c’est ce qui marque. »
Il crée aussi des accessoires
» J’aime travailler l’image de toutes les manières possibles. Un livre, on le consulte tandis qu’un objet, on vit tous les jours avec. On ressent un petit plaisir à chaque fois. Je trouve ça fascinant. » C’est pourquoi l’illustrateur imagine des sacs, des pochettes, des bijoux en collaboration avec des marques telles qu’Ecole Française, Cocolico ou même la papeterie des éditions Albin Michel. Le dernier partenariat en date s’intitule Rediscover : le label indépendant Kazé, spécialisé dans l’animation japonaise, a proposé à quatre auteurs franco-belges, dont Benjamin Lacombe, de redessiner les couvertures de mangas afin de les commercialiser sous la forme d’une jaquette à deux faces. D’un côté, l’image initiale et de l’autre, la version revisitée. » C’est un concept vraiment nouveau. Ça se faisait beaucoup dans les comics, mais jamais dans le manga et je trouvais ça marrant d’essayer « , souligne celui qui signe donc la pochette de The Promised Neverland. Des pièces collector, en tirage limité, disponibles jusqu’au mois de juillet.
Il aimerait faire du cinéma
Benjamin Lacombe songe à voir ses dessins prendre vie. Si deux de ses livres ont déjà donné lieu à des courts-métrages numériques – L’Herbier des fées et Les Super-héros détestent les artichauts -, le chemin semble néanmoins plus sinueux en ce qui concerne des films de plus grande envergure. » J’ai eu trois projets de longs-métrages qui n’ont pas abouti. J’espère que celui sur lequel je travaille pour le moment verra le jour. A la différence d’un livre, on n’est pas maître des choses puisque des centaines de personnes sont impliquées. Ça dépasse un petit peu l’envie ou la volonté, ce qui fait que 90 % des projets d’animations ne se font pas. »
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