(Exclusif) Jared Leto : « le public belge est incroyable! »

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Isabelle Willot

Aux côtés de Lana Del Ray, il est la nouvelle star de la campagne Gucci Guilty. Dans une des suites du mythique Chateau Marmont, à Los Angeles, l’acteur oscarisé de 47 ans nous parle de sa vision du rêve américain, de son engagement pour la cause animale et du film belge qui a changé sa vie.

Quelle impression cela vous fait-il d’être la muse d’Alessandro Michele, l’un des créateurs de mode les plus influents de ce siècle ?

C’est formidable! Qu’est-ce qu’une muse en réalité? C’est une personne qui en inspire une autre. A supposer que j’en sois capable, évidemment que cela me ravit. Mais avant toute chose et au-delà même de cette idée de muse, Alessandro et moi nous sommes amis. Nous avons du respect et de l’admiration l’un pour l’autre et pour notre travail respectif. Nous sommes deux créatifs qui adorons notre job et cela aussi nous rapproche. En plus, nous avons le même âge, le même sens de l’humour, donc ça fonctionne !

Alessandro Michele vous habille aussi lors de vos concerts. Comment choisissez-vous les pièces que vous allez porter?

Parfois tout simplement dans les collections. Mais j’ai la chance qu’il crée aussi des vêtements tout spécialement pour moi comme les grands capes et les robes de chambres en soie que l’on a pu voir sur scène. Des chaussures aussi. Ce qui me plaît certainement chez Gucci, c’est que même s’il s’agit d’une marque de luxe, ils ne se prennent pas trop au sérieux. Alessandro veut célébrer la vie, apporter de la joie et cela se sent lorsque l’on porte ses vêtements.

Quand vous êtes sur un tournage, vous avez la réputation de rester dans votre personnage 24 heures sur 24. Dans ce film publicitaire, jouez-vous aussi un rôle ou êtes-vous tout simplement Jared Leto?

Je suis avant tout resté moi-même parce que ce qui intéresse Gucci justement c’est plutôt ma personnalité, mon côté créatif. Ils ne m’ont pas engagé pour donner vie à un personnage à partir d’un script. Ils ont plutôt imaginé une histoire qui essaye de capturer l’essence de ce que je suis. Pareil pour Lana. C’est ce qui fait le plaisir de tourner ce type de spot car c’est plus spontané qu’un film classique. Je pouvais improviser, proposer des choses.

Le Los Angeles vintage que l’on voit dans le spot existe-t-il encore vraiment?

Totalement! Tous ces endroits où nous avons tourné, c’est chez moi ! Dans certains en tout cas le cimetière en particulier, le « diner » aussi, j’ai écrit une part de mon histoire personnelle.

Quel rapport personnel avez-vous avec le parfum?

Comme tout le monde, j’ai été touché toute la vie par les odeurs, j’ai conscience de leur pouvoir, notamment lorsque l’on est en pleine nature. Celles du feu de bois ou des biscuits que cuit votre mère génèrent des souvenirs inoubliables. En ce qui concerne les parfums, l’expérience que j’en ai a réellement commencé depuis que je suis ambassadeur de Gucci Guilty. J’ai appris énormément de choses sur le parfum avec Alessandro Michele, je me suis attaché à cette fragrance aussi grâce à l’expérience qui me lie à Gucci (NDLR: c’est la deuxième campagne de Jared pour ce parfum), aux gens qui se sont impliqués à mes côtés depuis le premier tournage jusqu’à maintenant.

(Exclusif) Jared Leto :
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Vous vous partagez entre vote carrière d’acteur et de chanteur du groupe Thirty Seconds to Mars. Etes-vous plus heureux sur scène ou sur un plateau de tournage?

Oh sans hésiter, sur la scène! Même si j’aime les deux aspects de mon travail. La chose la plus difficile, c’est de trouver le juste équilibre, le temps surtout. Je dois vraiment faire des efforts, être discipliné. Tout est une question de priorité. Quand je tourne, je suis 100% à fond. Pareil lorsque je travaille sur un nouvel album. J’ai parfois tendance à oublier que cette double vie qui est la mienne n’est pas la norme, alors oui, c’est beaucoup de travail mais c’est stimulant. C’est une expérience formidable et j’en suis reconnaissant.

Vous avez appelé votre dernier album America. L’Amérique est-elle encore un grand pays et le rêve américain est-il encore vivant ?

Le rêve est toujours vivant et le pays formidable même s’il reste imparfait: c’est devenu un terre de conflits. Cela nous pousse de ce fait à nous poser des questions existentielles comme  » Qui sommes-nous? De quel genre de monde voulons-nous? Quel futur voulons-nous laisser à nos enfants?  » Quand j’ai choisi d’appeler mon album America, ce n’était pas par patriotisme, j’aurais dû ajouter d’ailleurs un point d’interrogation. Pour moi, le timing était parfait : mes chansons parlent de la politique américaine, de mon expérience personnelle ici. L’accueil a été formidable, 2018 a été pour moi une année de tournée qui m’a emmené aux quatre coins du monde…

En Belgique notamment?

Oui! Devant votre Palais Royal! Un endroit complètement dingue. L’énergie du public était phénoménale, « incroyable » comme vous dites en français! J’ai un attachement tout particulier pour la Belgique, c’est chez vous avec Jaco Van Dormael que j’ai tourné Mr. Nobody, le film qui a changé ma vie…

Vous restent-ils encore des rêves inassouvis?

Oui, heureusement! Par moment ce serait simplement de trouver plus d’équilibre dans ma vie quotidienne, avoir du temps pour d’autres choses de la vie, plus simples, qui n’ont rien à voir avec le fait d’être musicien ou acteur.

Trouver du temps pour soi en somme?

J’y travaille… !

En même temps, vous êtes aussi ambassadeur du WWF depuis 2015. Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir cette cause?

C’est une organisation incroyable qui mérite bien que le monde entier s’intéresse à elle ! L’inaction face à la disparition d’espèces animales est tout simplement criminelle. Nous refusons de reconnaître que certains animaux disparaîtront un jour. Or il y a de la place pour tous sur la terre mais nous n’en faisons pas une priorité.

Est-ce pour être en accord avec cet engagement que vous avez choisi de devenir végétarien?

J’ai été élevé par une mère hippie qui ne mangeait pas de viande parce que la viande la dégoûtait. Adolescent, je me suis d’abord révolté contre cela mais j’ai fini par rejoindre son camp. Aujourd’hui, c’est un tout, une manière d’être, c’est cohérent avec mon système de croyances et de valeurs. Je ne dis pas pour autant que les gens qui mangent de la viande sont de mauvaises personnes mais il y a certainement des manières plus durables que d’autres de le faire. Choisir le chemin d’un élevage et d’un abattage plus bienveillant serait en tout cas meilleur pour nous tous.

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