On a testé (et soumis à l’avis d’un médecin) les produits et techniques qui font vraiment pousser les cheveux plus vite
Ce n’est pas un hasard si, quand on tape « faire » dans un moteur de recherche, les premières suggestions sont « faire pousser ses cheveux plus vite », suivie de l’optimiste « faire pousser ses cheveux de 10cm en 20 jours », puis plus audacieux encore, « faire pousser ses cheveux en 24h ». C’est qu’une crinière longue et brillante est encore vue comme un symbole de séduction, santé et statut, raison pour laquelle promesses et produits se multiplient. Mais que croire, et surtout, que tenter pour gagner en longueur? Notre journaliste Kathleen Wuyard a fait le test, et soumis ses recherches à l’avis d’un professionnel de la santé.
Dans la presse francophone belge, il est de bon ton de réserver le « je » aux chroniques et autres billets d’opinion. Une manière de maintenir la distance journalistique nécessaire, mais aussi, de marquer la frontière entre les articles, factuels et objectifs, et ce qui relève d’avis forcément subjectifs. Impossible, toutefois, de rédiger ce papier en « on », tant cette quête, bien que partagée par de nombreuses personnes, est personnelle. Mais aussi et surtout, basée sur des mois d’essais (et erreurs) de produits et techniques promettant de faire pousser les cheveux plus vite.
Voyez-vous, j’ai moi-même eu un jour une « crinière de rêve », et sa disparition m’est d’autant plus pénible qu’il en existe encore des preuves tangibles.
Tirer en longueur
Punaisée au-dessus du téléphone chez mes grands-parents, elle me nargue et m’obsède.
Sur la photo, je dois avoir 9 ou 10 ans, et mes cheveux, rendus plus blonds encore par le soleil, m’arrivent au creux du coude. Non seulement ils sont longs, mais en prime, ils sont aussi épais et brillants – exactement le genre de chevelure que les célébrités paient cher et vilain pour arborer à grand renfort d’extensions de cheveux naturels.
Si je me concentre, je peux encore sentir l’odeur de pomme du shampoing avec laquelle ma grand-mère me les lavait, et me rappeler la patience dont je devais faire preuve quand elle les brossait, une activité qu’elle semblait trouver bien plus agréable que moi, et durant laquelle elle me répétait qu’ils étaient « comme de la soie ».
Malheureusement, quelques années seulement après que ce cliché ait été pris, j’ai décidé (et personne n’a eu le bon goût de m’en dissuader) de tout couper. Comme si arborer un hybride tragique entre une coupe au bol et un carré court de quinqua’ dynamique ne suffisait pas, j’ai succombé à l’appel des ciseaux pile avant l’arrivée de la puberté, et mes cheveux ne s’en sont jamais remis.
Voire même, leur état n’a fait qu’empirer, la faute à une addiction longue de plusieurs années au fer à lisser, et à une quête obstinée de mon « blond d’avant », obtenu approximativement avec force produits décolorants.
C’est ainsi que je me suis retrouvée au printemps dernier face à un constat navrant: non seulement mes cheveux avaient la même longueur depuis à peu près 5 ans, mais en plus, leur texture ne faisait que se dégrader.
J’étais face à un choix: soit je décidais enfin de tenter un peu sérieusement de les laisser pousser, soit une nouvelle coupe intégrale m’attendait pour élaguer la paille qui me poussait sur la tête. Ayant déjà déterminé qu’une coiffure courte me faisait ressembler à la fille de Godefroy de Montmirail et Miss Piggy, j’ai choisi la première option, et multiplié les essais.
Le résultat? En 6 mois, j’ai gagné 10 centimètres de longueur, grâce à une combinaison de produits et de techniques. Mais lesquels encouragent vraiment les cheveux à pousser plus vite, et lesquels n’ont qu’un simple effet placebo? Pour le déterminer, j’ai compilé la liste de mes alliés capillaires, que j’ai ensuite soumise à l’opinion critique d’un médecin esthétique.
Établi en région liégeoise, où il dirige la clinique privée Medesthétique, le Dr Bruno Slaviero estime recevoir en moyenne chaque semaine une dizaine de patients concernés par l’état de leur chevelure, avec un ratio de 60% d’hommes et 40% de femmes. Parmi l’arsenal de traitements qu’il leur propose, on retrouve notamment greffes de cheveux et implants capillaires, mais aussi traitements par LED interposés.
Qu’allait-il donc penser de certains remèdes, disons, plus artisanaux? Il n’y avait qu’une seule manière de le savoir: lui demander son avis, pour mieux le partager ensuite avec les lecteurs de ce magazine.
L’avis d’un médecin esthétique sur les approches maison pour faire pousser les cheveux plus vite
Bannir la chaleur (du sèche-cheveux, mais aussi et surtout, des lisseurs et autres fers à boucler)
Pourquoi: « Exposer les cheveux à de trop fortes températures les assèche car accélère l’évaporation de l’eau présente naturellement au cœur du cheveu. A terme, le cuir chevelu et la fibre capillaire seront abîmés et irrités. Résultat : les cheveux sont secs, ternes, fourchus et cassants. En outre, la chaleur qu’émettent ces appareils sèche également le cuir chevelu, ce qui a une incidence négative sur les cuticules (les écailles présentes sur le cheveu, qui le protègent et le nourrissent). Elles deviennent plus sèches, s’abîment, se cassent et fragilisent le cheveu » met en garde la marque de soins capillaires naturels française Elenature.
Et s’il existe des produits protecteurs de chaleur, qui mitigent les effets indésirables de cette dernière, leur utilisation n’est malheureusement pas non plus sans danger. À l’automne 2023, une étude parue dans la revue Environmental Science & Technology révélait ainsi que chauffés par les appareils de coiffage, ces produits émettent des composés organiques volatiles dans l’air ambiant, ce qui n’est bon ni pour la santé, ni pour la planète.
L’avis de notre journaliste: « En bonne ado des années 2000, j’ai longtemps été inséparable de mon lisseur, outil indispensable pour obtenir les cheveux ultra lisses de toutes les héroïnes de films et séries. Passée il y a quelques années de ça au steampod afin de préserver quelque peu ma crinière, j’ai dû me résoudre à dire (virtuellement) adieu à la chaleur dès les débuts de mes efforts d’accélération de pousse des cheveux au printemps dernier.
Je préfère être honnête: la transition a été… complexe, mes cheveux ayant été domptés à chaud pendant si longtemps que leur rendu naturel laissait sincèrement à désirer (lire: j’avais une touffe tout sauf soignée sur la tête). Pour résister à l’appel des outils de coiffage, j’ai acheté un turban en microfibre, afin d’accélérer mais aussi d’améliorer le séchage naturel, et j’ai aussi investi dans une gamme capillaire odieusement chère, mais qui parvient comme aucun autre produit testé à ce jour à apporter douceur et brillance sans passer par la case lisseur.
Aujourd’hui, je n’utilise plus de chaleur que sur ma frange, quand elle est vraiment trop indisciplinée, et mes cheveux sont bien plus doux qu’avant ».
Ce qu’en dit le médecin esthétique: « VRAI! L’usage régulier du sèche-cheveux ou du fer à lisser à haute température abîme les fibres de kératine des cheveux, ce qui les rend secs, ternes et cassants, et fragilise à terme les follicules pileux ».
Prendre des compléments qui favorisent la pousse
Pourquoi: Ici, Aime vante son mélange « à base de probiotiques, biotine, acide folique et protéines de riz, qui assure l’équilibre du cuir chevelu et favorise la pousse des cheveux ». Là, Luxéol marie « roquette, prêle des champs, vitamines et minéraux pour des cheveux plus longs, plus denses et plus forts ».
Quand Phyto promet que sa formule « freine la chute, stimule la pousse et augmente la densité des cheveux », Alline loue sa composition à base de « kératine d’origine naturelle qui offre une assimilation de 95% par l’organisme ». Le marché des compléments alimentaires est un business (extrêmement) juteux, et les gélules dédiées à la pousse des cheveux s’y taillent une part de choix.
L’avis de notre journaliste: « Il existe tellement de variantes de compléments « beaux cheveux » sur le marché qu’inconsciemment, on finit presque par se convaincre que c’est une étape obligée. Sur les conseils de plusieurs coiffeurs, j’ai donc investi (car oui, cela a un prix) dans une cure d’Alline… Et je me suis forcée à finir la boîte, même si, malheureusement, les comprimés me causaient des maux de ventre pas possibles.
Curieuse de tester un remède de grand-mère, j’ai ensuite suivi une cure de gélules de levure de bière, que je n’ai pas menée à terme: certains jours, j’avais le ventre tellement gonflé qu’on aurait dit que j’en étais au stade de la grossesse où on commence à l’annoncer à ses proches. Sauf que je n’étais pas enceinte, juste vaniteuse et soucieuse de retrouver mes longs cheveux d’enfant ».
Ce qu’en dit le médecin esthétique: « VRAI et FAUX! Si des compléments alimentaires sont nécessaires, il vaut mieux cibler les bons compléments, en réalisant une prise de sang pour déceler des carences, plutôt que de s’orienter vers des formules « toutes faites » qui ne correspondront peut-être pas aux besoins réels du patient.
Si on prend par exemple le cas des gélules Alline ; ce complément ne contient pas de vitamine D pourtant importante dans la croissance du cheveux. Quand on sait que 99% des Belges sont en carence de vitamine D, il donc primordial de suppléer le patient ».
Traquer les silicones dans les produits et opter pour des variantes plus douces
Pourquoi: « Les silicones contenus dans les produits capillaires conventionnels vont vous donner l’impression que vos cheveux sont doux, faciles à coiffer, brillants… Mais à la longue, cet effet ne dure pas et vos cheveux étouffent. En effet, avec les silicones, vos cheveux ne sont pas véritablement nourris car les soins ne pénètrent pas la fibre capillaire. Pire encore, ils masquent l’aspect réel de votre chevelure. Sous la silicone, vos cheveux sont très souvent abîmés et secs » met en garde la marque de cosmétiques bio Coslys.
Et les Français de René Furterer de compléter en notant que « côté environnement, le bilan n’est pas brillant : les silicones sont en effet des substances très polluantes. Pourquoi ? Tout simplement à cause de leur principale qualité, être stables. Ces « faux amis » de la fibre capillaire ne se laissent pas démonter et ne se désagrègent sous aucun prétexte ».
L’avis de notre journaliste: « Etant adepte d’une routine capillaire ultra minimale en vacances, j’avais déjà remarqué que sans produits, mes cheveux étaient plus hirsutes que jamais. Autant dire que je n’étais pas hyper enthousiaste à l’idée de faire le tri dans mon vanity case, mais la multiplication des dénonciations des silicones ces dernières années a eu raison de mes objections. Pile au moment où je commençais à envisager de sauter le pas, Nuxe a dévoilé une gamme pour cheveux sans silicones ni sulfates, que j’ai eu l’occasion de tester au moment de sa sortie.
Verdict? C’était il y a un peu plus d’un an de ça, et depuis, j’ai racheté chaque produit de la gamme deux fois. Non seulement ils sentent divinement bon, mais surtout, ils rendent les cheveux ultra brillants et doux… Passées les premières semaines de patience, toutefois, car il faut au cheveu le temps de se « désinfecter » des silicones.
Désormais, quand j’ai envie de tester un nouveau produit, je scrute attentivement l’étiquette, car à chaque fois que je « rechute » sans faire exprès, il faut toujours une période d’adaptation à mes cheveux avant de redevenir doux et disciplinés ».
Ce qu’en dit le médecin esthétique: « VRAI! Les silicones masquent les imperfections des cheveux plutôt que de les nourrir réellement. En outre, ils étouffent les cheveux et favorisent leur chute. Des shampooings doux (pour bébé) ou des shampooings micellaires sont des bonnes alternatives. De plus, les shampooings micellaires ont la propriété d’éliminer efficacement les silicones présents sur les cheveux ».
Masser le crâne à l’aide d’une brosse spéciale
Pourquoi: « Le massage crânien permet d’activer la micro-circulation au niveau de votre cuir chevelu et donc de stimuler la pousse de vos cheveux. Votre cuir chevelu sera oxygéné et pourra apporter plus rapidement à vos cheveux les nutriments nécessaires à leur croissance » nous apprend-on du côté de chez In Haircare.
L’avis de notre journaliste: « Bien qu’ayant toujours trouvé que le massage au moment du shampoing était de loin le meilleur moment de toute visite chez le coiffeur, je n’avais jamais pensé à investir dans une brosse dédiée, jusqu’à ce que mes cookies Instagram commencent à me bombarder d’annonces ciblées.
Aujourd’hui, j’ai carrément une brosse que je garde dans ma douche, pour améliorer chaque lavage, et une autre qui est près du lavabo, pour enchaîner brossage des dents et massage du crâne avant d’aller me coucher.
Désormais, ça fait partie de ma routine, donc je ne remarque presque plus les effets esthétiques, mais quand j’ai commencé, l’impact sur le volume et la brillance de mes cheveux était assez hallucinant ».
Ce qu’en dit le médecin esthétique: « VRAI ! Ces massages stimulent la micro-circulation du cuir chevelu, ce qui va augmenter l’apport en nutriments et en oxygène aux follicules pileux.
Une alternative pour activer la micro-circulation du cuir cheveu : sous la douche, alterner la température de l’eau en passant du froid au tiède ».
Traiter le cuir chevelu à l’aide d’appareils à lumière LED
Pourquoi: « Il est cliniquement prouvé que la thérapie par lumière LED rouge augmente la densité et l’épaisseur des cheveux, améliore l’état du cuir chevelu en réduisant le sébum et diminue le nombre de cheveux tombants. La LED rouge stimule les mitochondries des cellules, comme la lumière naturelle du soleil, afin que le corps soit en mesure de produire plus d’énergie centrale pour s’alimenter. Ce qui a pour effet d’améliorer les fonctions physiques, accélèrer le processus de guérison, et réduire l’inflammation et la sécrétion de sébum sur le cuir chevelu. Cela a également un effet stimulant majeur sur les cellules de la papille dermique, qui jouent un rôle important dans la régulation du cycle et de la croissance des cheveux » explique Anika Sekhri, Product Marketing Manager pour l’entreprise de soins technologiques suédoise FOREO, qui propose depuis peu le LUNATM 4 Hair, un appareil mariant massage du scalp et lumière LED.
L’avis de notre journaliste: « Cela fait tellement longtemps que j’ai acheté mon premier Luna que j’en suis désormais à ma deuxième version de l’appareil, et quand je me rappelle de l’utiliser quotidiennement (ce qui n’est pas toujours gagné) les effets sur le visage sont bluffants. Autant dire que quand la marque a sorti une version cheveux en plein pendant ma « mission pousse », je me suis empressée de la tester.
Avec l’huile et la crème de coiffage Champō, il s’agit-là de l’allié le plus coûteux de ma crinière, mais d’après mon expérience, il vaut chaque euro.
J’ai l’impression d’avoir gagné en masse depuis que je l’utilise, et surtout, c’est devenu un rendez-vous soin quotidien, qu’on se fait à tour de rôle avec ma tendre moitié. Peu importe à quel point une journée a pu être pénible, après un massage du crâne, la tension finit toujours bien par disparaître ».
Ce qu’en dit le médecin esthétique: « VRAI ET FAUX! Le LED rouge booste la micro-circulation du cuir chevelu ainsi que le métabolisme du follicule pileux. Mais pour cela, faut-il encore disposer d’un appareil efficace. Ce qui est important dans une lampe LED, c’est la densité de LED au cm2, soit sa puissance. Il existe sur le marché de nombreux appareils peu puissants et donc peu efficaces; attention donc de ne pas se faire arnaquer. Pour acquérir une lampe LED puissante et efficace, cela représente souvent un coût considérable, de plusieurs centaines d’euros ».
Tout ça… pour ça?
Aujourd’hui, j’ai dit adieu aux compléments (que je ne digérais pas) et intégré dans ma routine quotidienne une série de gestes dédiés autant à la santé de mes cheveux qu’à ma santé mentale.
Pour accélérer la pousse, j’ai dû dire au revoir à mes rendez-vous réguliers chez le coloriste, moi qui ai longtemps été platine, et six mois après le début du processus, j’ai été choquée de constater à quel point ma crinière avait poussé quand je suis allée chez le coiffeur pour faire couper les pointes, et que j’ai vu à quel point ils me tombaient bas dans le dos.
Est-ce le sort inévitable d’une femme en plein patriarcat? S’ils sont aujourd’hui bien plus longs et en meilleure santé qu’avant, mes cheveux sont aussi beaucoup plus foncés, mon blond naturel ayant changé avec les années, et je finis par me convaincre qu’au fond, la longueur ne sert à rien sans l’extrême blondeur.
Comprendre: jamais contente.
Même si, quand je peux les laisser sécher plus ou moins à l’air libre (après avoir enlevé mon turban, donc) sans devoir craindre de ressembler à un épouvantail, je me dis que j’ai bien fait de me couper les cheveux en quatre.
Métaphoriquement, évidemment, parce qu’ainsi qu’on l’aura compris, à la coupe, je préfère décidément la pousse.
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