Une femme qui gagne plus que son conjoint est source de stress
Les hommes commencent à se sentir mal à l’aise lorsque leur femme gagne plus de 40 % du revenu familial. Si elle gagne plus que lui, c’est carrément l’angoisse.
Tant qu’une femme ne gagne qu’une petite partie du revenu familial, tout va bien, selon des chercheurs de l’Université de Bath (Grande-Bretagne). Mais si elle commence à gagner plus d’argent, cela crée du stress pour le conjoint. Des recherches sur plus de six mille couples hétérosexuels aux États-Unis montrent que le point de basculement est aux alentours de 40 % des revenus du ménage. En effet, si les hommes sont seuls à assumer tous les revenus du ménage, c’est une source de stress puisque toute la pression se trouve sur leurs épaules. Un stress qui a tendance à diminuer à mesure que leur femme gagne de l’argent. Néanmoins, ce même stress augmente à nouveau dès que le revenu de leur femme dépasse les 40 % du revenu familial. Et lorsque les hommes sont complètement dépendants économiquement de leur partenaire, c’est même une source réelle d’angoisse.
Mensonges et normes qui ont la vie dure
Ces résultats suggèrent que « les normes sociales – et donc l’idée qui veut que l’homme doive gagner plus que leur femme – peuvent être dangereuses pour la santé des hommes « , dit Joanna Syrda, économiste à l’école de management de l’Université de Bath. Ils montrent également à quel point les normes en matière d’identité de genre comme l’idée que c’est l’homme qui doit faire vivre le couple ou la famille, reste ancrée dans les esprits.
Une étude relayée par CNN en 2018 a également établi que le mensonge domine dans la plupart des couples hétéros où l’homme gagne moins que la femme. Car homme et femme déforment la réalité. Les femmes auraient ainsi tendance à minimiser leur salaire (en moyenne 1,5 % en dessous) alors que les hommes feraient exactement l’inverse (ils l’augmentent de 2,9%). Les premières le feraient dans un souci d’économiser la sensibilité de l’autre en ne voulant pas lui faire de la peine en remettant en question « sa position de dominant », alors que les seconds n’ont pas ces scrupules, précise Slate. On notera que les deux mentent sur ce sujet la plupart du temps de façon inconsciente.
« La masculinité est en effet étroitement liée à la vision conventionnelle de l’homme comme soutien de famille », poursuit Syrda de l’université de Bath. Ces normes sociales traditionnelles de genre signifient que les hommes sont plus susceptibles d’avoir des problèmes psychologiques s’ils deviennent le soutien secondaire du ménage ou s’ils deviennent financièrement dépendants de leur femme. Cette constatation a des implications sur la manière dont nous traitons la santé mentale des hommes et sur la manière dont la société perçoit la masculinité ». Par ailleurs, toujours à cause de ces mêmes normes genrées, les hommes qui subissent ce stress ne veulent pas montrer leur vulnérabilité et cachent leur mal-être, voire leur dépression, à leur partenaire, dit encore Syrda. De quoi rendre le problème encore plus sournois.
Une autre étude datant de 2013 de la Booth School of Chicago met elle en parallèle l’augmentation des revenus féminins et celle des divorces. « Nous estimons que le fait qu’une femme gagne plus que son mari expliquerait plus de 29 % de ce déclin dans le taux des mariages ». Outre le mal-être du conjoint, une autre cause serait une charge de travail qui augmente pour la femme sans qu’il y ait pour autant un partage des tâches ménagères plus équitables. La différence salariale ne modifierait en rien les comportements habituels et aurait même tendance à les accentuer et à exacerber les tensions au sein du couple.
De plus en plus de femmes soutiens de famille
Le phénomène risque de gagner en ampleur puisque le nombre de femmes qui gagnent plus que leur mari augmente. Aux États-Unis, par exemple, en 1980, ce pourcentage était encore de 13 % chez les femmes mariées, mais en 2017, il est passé à plus de 30 %. On notera cependant que dans les cas où la femme gagnait déjà plus avant le début de la relation cela ne causait pas de stress chez les hommes, toujours selon la recherche.
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