Au coeur de Londres, se baigner a le goût de la liberté comme jamais

Serpentine Lido à Hyde Park, Londres, fin mars 2021 © AFP

« On se sent libre »: dans les étangs du parc de Hampstead Heath, des Londoniens retrouvent le plaisir de plonger dans l’eau fraîche, une manière d’évacuer l’angoisse après de longues semaines de confinement et de renouer avec une pratique plébiscitée depuis le début de la pandémie.

Dès 7h30 du matin, une dizaine de nageurs fendent l’onde, dans le gazouillis des oiseaux. Pas découragés par la température de l’eau, annoncée à la craie sur le poste de surveillance des maîtres-nageurs: 8 °C.

« C’est froid mais on se sent vraiment mieux après. Et ça vaut le coup », assure Margaret Dickenson, qui approche les 80 ans et nage régulièrement depuis une trentaine d’années.

Depuis lundi, la pratique des sports en plein air a repris en Angleterre, après des mois de restrictions et une campagne de vaccination qui ont fait drastiquement baisser le nombre de cas, d’hospitalisations et de décès liés au virus du Covid-19.

Hampstead Heath ponds, Londres, mars 2021
Hampstead Heath ponds, Londres, mars 2021© AFP
Londres, mars 2021
Londres, mars 2021© AFP
« Dans un monde où on est cerné par les règles, les technologies, les problèmes, nager dans une eau froide est un acte très brut et très pur »

A Hampstead Heath, la réouverture des étangs, fermés en janvier, était très attendue par les nageurs dont certains plongent presque tous les jours au milieu des canards.

Dans ce gigantesque parc de 320 hectares situé dans le nord de la capitale, trois étangs sont dédiés à la baignade, l’un réservé aux femmes, l’autre aux hommes et le troisième mixte.

« Il n’y a rien de mieux que de s’immerger dans l’eau froide », confie Joe Pundek, 29 ans, après une baignade dans l’étang mixte, un écrin de verdure entouré d’arbres et baigné de soleil. « C’est une super façon d’évacuer », poursuit-il. « Dans un monde où on est cerné par les règles, les technologies, les problèmes, nager dans une eau froide est un acte très brut et très pur », décrit-il, en claquant légèrement des dents.

Serpentine Lido à Hyde Park, Londres, fin mars 2021
Serpentine Lido à Hyde Park, Londres, fin mars 2021© AFP

« Evacuer les problèmes »

Sur le ponton, les nageurs se laissent glisser dans l’eau et effectuent quelques brasses, ressortant la peau légèrement rougie avant de s’enrouler dans leurs serviettes.

Le nombre de membres payants de l’Association de nageurs de cet étang a grimpé d’environ 50% l’an dernier, reflétant un récent regain de passion pour la nage en milieu naturel. Cette activité a explosé pendant les confinements successifs, lorsque les Anglais étaient privés de salles de gym mais pouvaient quitter leur domicile pour faire du sport.

Serpentine Lido à Hyde Park, Londres, fin mars 2021
Serpentine Lido à Hyde Park, Londres, fin mars 2021© AFP
Serpentine Lido à Hyde Park, Londres, fin mars 2021
Serpentine Lido à Hyde Park, Londres, fin mars 2021© AFP

« Les piscines étant fermées, les gens ont cherché à faire de l’exercice en plein air près de chez eux, et des milliers de personnes en ont profité pour renouer avec les rivières, les lacs et la mer », explique Kate Rew, fondatrice de The Outdoor swimming society (OSS), consacrée à cette pratique.

Nager dans la nature, c’est gratuit, sain, ça donne aux gens le sentiment d’être en harmonie avec la planète, et c’est une question d’autosuffisance et de stoïcisme – ce qui en fait une activité parfaite en ces temps difficiles

Kate Rew, fondatrice de The Outdoor swimming society (OSS)

Depuis le premier confinement, en mars 2020, le nombre des adhérents de l’OSS a grimpé de 36%, à 136.000, et la fréquentation du site internet a augmenté de 46%, atteignant 785.000 utilisateurs uniques.

Les nageurs en mer étaient si nombreux cet automne que les garde-côtes ont expliqué en décembre avoir dû gérer 52% d’accidents de plus les quatre mois précédents.

Londres, mars 2021
Londres, mars 2021© AFP
Londres, mars 2021
Londres, mars 2021© AFP

Pour éviter tout danger, ils ont rappelé qu’il valait mieux nager avec quelqu’un, et vérifier les conditions météo avant de se jeter à l’eau.

Sinon gare aux risques d’hypothermie, voire même de perte de mémoire.

C’est ce qui est arrivé à une nageuse de 66 ans, Sue Hodge, partie plonger dans les vagues à Newquay, en Cornouailles, un après-midi de novembre et qui s’est retrouvée aux urgences, souffrant d’un « épisode amnésique », peut-être causé par l’eau froide, a-t-elle confié cet hiver à la BBC.

Hampstead Heath ponds, Londres, mars 2021
Hampstead Heath ponds, Londres, mars 2021© AFP

A Hampstead Heath, c’est la première fois que les étangs rouvrent aussi tôt dans l’année en raison de la forte demande, malgré les froides températures. En plein coeur de Londres, les baigneurs courageux ont aussi retrouvé les eaux de l’étang Serpentine, dans Hyde Park.

Tempérant l’enthousiasme des amateurs de baignade, les maitres-nageurs les appellent à se montrer prudents et à entrer progressivement dans l’eau, avant le retour de jours plus chauds.

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