Balade dans le Marseille de Michaël Azoulay, patron d’American Vintage.

© SEBASTIAAN BEDAUX

Des quartiers animés, des musées modernes logés dans des perles architecturales ou un Vieux-Port au charme fou : la cité phocéenne n’a rien besoin d’exagérer, elle brille au naturel. Nous l’avons visitée en compagnie d’un natif, Michaël Azoulay, créateur de la griffe American Vintage.

Rien qu’en Belgique, l’homme gère une dizaine de boutiques, dont trois à Bruxelles et deux à Anvers. Ailleurs dans le monde, le styliste et businessman Michaël Azoulay mène sa barque de l’Italie à Singapour, en passant par Dubai ou Hong Kong. Plus de 140 enseignes au total.  » Une question de qualité des matières, de design et de sens du détail « , tente-t-il d’expliquer en racontant son (énorme) succès. Marque hexagonale, American Vintage a écrit le premier chapitre de son histoire en 2005 à Marseille, ville natale de son créateur. Un véritable exemple d’American dream :  » Avant de créer ma boîte, j’ai bourlingué aux Etats-Unis. Il y avait ce sentiment de liberté, l’impression que tout était possible et la conviction que l’on peut partir de zéro. C’est ce que reflète le mot  » American  » de la griffe, même si celle-ci est bien française. Et marseillaise, même. On y retrouve le côté un peu cosmopolite de la cité phocéenne. La culture, le langage des formes, la sensualité et même la lumière de la ville transparaissent dans nos vêtements.  »

La Cité Radieuse, signée par Le Corbusier.
La Cité Radieuse, signée par Le Corbusier.© SEBASTIAAN BEDAUX

Nous retrouvons Michaël Azoulay à La Joliette, un quartier autrefois dégradé avec d’énormes ferrys amarrés, mais qui, depuis cette année, est cité comme un modèle de gentrification. La grande attraction est le gigantesque centre commercial des Terrasses du Port, où American Vintage vient de terminer son défilé semestriel.  » A travers mon métier, j’essaie aussi de faire la promotion de Marseille. Grâce à nos événements, nous attirons la presse internationale, mais aussi des employés des quatre coins du monde qui viennent travailler à notre siège central, situé à 40 minutes de la ville. Bien sûr, Marseille draine déjà pas mal de touristes, mais elle n’est pas encore appréciée à sa juste valeur. On la connaît grâce à l’Olympique, ou à cause de sa réputation – injustifiée, d’ailleurs – de métropole dangereuse. Mais c’est surtout une ville splendide, portuaire, avec des plages et des parcs, flanquée d’une grande zone naturelle. C’est une cité cosmopolite dont l’histoire remonte à 2 600 ans – c’est la plus ancienne de France. Elle a aussi un avenir fantastique devant elle. Son potentiel de séduction est énorme.  »

Le Vieux-Port.
Le Vieux-Port.© SEBASTIAAN BEDAUX

En 2013, Marseille était désignée capitale culturelle européenne. Un titre qui a engendré la construction de dix nouveaux sites dédiés à l’art et la création. Et qui, cinq ans plus tard, sont toujours aussi courus. Ainsi, aux abords de La Joliette et du Vieux-Port, se démarque le MuCEM, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. Le complexe – qui a accueilli 2,6 millions de visiteurs dès sa première année – marie une architecture hypermoderne avec des monuments historiques.  » Absolument incontournable, au même titre que Notre-Dame-de-la-Garde, qui surplombe Marseille et offre une vue fantastique sur la ville et ses alentours. On peut même y apercevoir le début des Calanques, un massif calcaire qui a été classé comme parc national en 2012. Il va sans dire qu’une visite de Marseille ne se conçoit pas sans un petit détour par ce paysage naturel fascinant…  »

Le bowl.
Le bowl.© SEBASTIAAN BEDAUX

À VOIR

Le bowl de Marseille – aussi appelé le bowl Borély ou le bowl du Prado – est un skatepark très fréquenté et haut en couleurs. Sa réputation n’est plus à faire : il attire aussi bien les planches des locaux que des compétitions internationales de roller ou de BMX. Situé près de la plage, entre le centre-ville et le parc national, il a été entièrement rénové l’année dernière.

Dans le VIIIe arrondissement.

Non loin du skatepark, dans le même arrondissement, se trouve la Cité Radieuse, un remarquable bâtiment de Le Corbusier, inscrit en 2016 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. L’immeuble à appartements sur  » pilotis  » a été construit entre 1947 et 1951 comme une sorte de laboratoire pour de nouvelles formes d’habitation. Long de 165 mètres, pour 24 mètres de largeur et 56 mètres de hauteur, il renferme 337 appartements, quelques commerces, une librairie, une maison d’édition, un bar, un restaurant et un hôtel de 21 chambres. Le designer français Ora-ïto a transformé en 2013 la salle de gymnastique du dernier étage en centre d’art contemporain baptisé MaMo, pour Marseille Modulor.

mamo.fr

Le MuCEM, Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée.
Le MuCEM, Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée.© SEBASTIAAN BEDAUX

Le Vieux-Port est peut-être la partie la plus belle – et certainement la plus emblématique – de Marseille. C’est aussi l’une de ses principales attractions touristiques. Les rues qui l’entourent sont hyper-animées. On y trouve une flopée d’hôtels, de restaurants et de bars. Des pièges à touristes ?  » Pas vraiment, explique Michaël Azoulay. Beaucoup de ces enseignes sont fréquentées par des gens du cru.  » Notons aussi que, chaque matin, s’y tient le marché aux poissons.

Station de métro Vieux-Port – Hôtel de Ville.

Tout au sud de Marseille, le Parc Pastré invite les habitants et les visiteurs à s’offrir une petite balade ou à pique-niquer parmi ses 112 hectares de verdure. On est clairement ici dans l’un des plus beaux jardins de la ville, mais aussi au point de départ de sentiers de randonnée qui traversent les Calanques. Le château Pastré qui y sommeille, lui, date du xixe siècle.

Dans le VIIIe arrondissement.

Michaël Azoulay.
Michaël Azoulay.© SEBASTIAAN BEDAUX

À FAIRE

L’inauguration en 2013 du MuCEM a clairement changé la ligne d’horizon de Marseille. Culturellement, c’est un vrai trésor. Ses plans sont divisés en trois lieux : le J4 de style moderne – construit par l’architecte français Rudy Ricciotti -, le fort Saint-Jean historique (ces deux sites étant reliés par une haute passerelle en béton de 115 mètres) et le Centre de conservation et de ressources (CCR). Côté actualités, l’exposition Fan-Tan d’Ai Weiwei se tient au MuCEM jusqu’au 12 novembre prochain.

mucem.org

Pour explorer Marseille autrement, une promenade en bateau s’impose. De nombreuses curiosités somnolent au bord de l’eau, à l’instar du Vallon des Auffes, petit port de pêche pittoresque niché dans une baie le long de la Corniche, le boulevard de 5 kilomètres qui s’étend de la plage des Catalans (attenante à la ville) aux plages du Prado (dans le coin du skatepark). Pour la pause : le célèbre restaurant Chez Fonfon sert la meilleure bouillabaisse de la ville.

Place de La Joliette, le J1 attire tous les regards. Ce temple de l’art a été aménagé dans un hangar resté longtemps à l’abandon. Depuis 2013 – qui fut décidément l’année de la renaissance de Marseille -, il accueille un espace d’exposition de 2 500 m2, une boutique, une librairie et un restaurant. Photos, peintures, dessins, festivals de danse ou de mode… L’endroit est conçu pour accueillir deux événements simultanés, et le programme change (très) souvent.

mj1. fr

On le disait plus haut : l’une des originalités de Marseille, c’est sa proximité avec Les Calanques, où rues et bâtiments font place à des hautes falaises, des sentiers de randonnées, des petits villages et une mer bleue azurée. La voiture n’est pas la bienvenue (contrairement au centre-ville) dans ce domaine où promeneurs et cyclistes sont rois. Le parc national s’étend du sud de Marseille au village pittoresque de Cassis, sur 20 kilomètres d’une côte aussi sauvage qu’époustouflante.

calanques-parcnational.fr

L'épicerie Piou.
L’épicerie Piou.© SEBASTIAAN BEDAUX

MANGER & BOIRE

Dans l’arrondissement trépidant de Noailles – qui mérite également d’être longuement exploré -, La Mercerie est l’un des restaurants préférés de Michaël Azoulay. Son chef est le Britannique Harry Cummins, qui a précédemment fait fureur avec son Paris Popup itinérant.

lamerceriemarseille.com

Revers de la médaille dans une ville en pleine mutation, plusieurs  » vieilles  » épiceries ont mis la clé sous le paillasson. Mais d’autres ont vu le jour, allant jusqu’à s’imposer comme des lieux branchés. Excellent exemple : L’Idéal (11, rue d’Aubagne) qui propose de délicieux mets du terroir et un lunch copieux. L’épicier Piou (70, rue Grignan) attire également une clientèle qui tourne le dos aux goûts convenus des supermarchés.

Derrière la Gare centrale, se trouve la Friche la Belle de Mai, une sorte d’espace de coworking doublé d’un atelier et d’une zone consacrée aux événements, avec un toit-terrasse exceptionnel – 8 000 m2 ! – offrant un panorama magnifique sur la ville. Au menu : concerts, sets de DJ ou projections de films. L’endroit parfait pour prendre un pastis, une bière ou un cocktail… en jouant à la pétanque.

lafriche.org

SHOPPING

La Maison Empereur est un concept en soi. On y vend… presque tout. Dans un dédale de pièces, sont exposés vêtements, savons, objets d’intérieur, ustensiles de cuisine, vins, lampes, jouets et plein d’autres choses. De vieux escaliers mènent à des endroits secrets où l’on peut boire du thé ou déguster un goûter. Un lieu enchanteur où il fait bon flâner.  » On se croit presque dans Alice au pays des merveilles « , sourit Michaël Azoulay.

empereur.fr

Pour le design et la déco, notre guide recommande Honoré, un endroit qui allie le savoir-faire et l’élégance (celle d’Annick Lestrohan), mais aussi une jolie boutique de style  » loft industriel « , avec chaises, tables, lampes, miroirs, services, textiles et objets de décoration inspirés.

Bien sûr, American Vintage a pignon sur rue à Marseille, avec deux magasins : l’un pour hommes, l’autre pour femmes. Celui des messieurs (10, rue Sainte) est presque une zone de pèlerinage pour les fans de la griffe, puisque c’est là que son histoire a commencé en 2005. A l’époque, la première boutique d’Azoulay était consacrée… aux dames.

American Vintage.
American Vintage.© SEBASTIAAN BEDAUX

DORMIR

La cité ne compte que deux 5-étoiles, dont l’ Hôtel C2, qui occupe une maison de maître du xixe siècle sur le cours Pierre Puget. Le piano à queue, les sols en marbre, les bas-reliefs, les fresques et les rampes en bronze d’origine sont combinés à l’art moderne et au design. Au sous-sol, se trouve l’un des plus beaux spas de Marseille.

c2-hotel.com

Le Newhotel Bompard est un charmant 4-étoiles non loin de la Corniche. Une oasis de tranquillité dans un écrin de verdure, en plein coeur de la ville.

new-hotel.com

PAR SEBASTIAAN BEDAUX

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