Huit raisons de visiter Bologne

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Peu fréquentée par les touristes, qui lui préfèrent Venise ou Florence, Bologne compte pourtant parmi les plus belles villes d’Italie. Erudite et passionnée, elle mène sa barque, souvent à contre-courant.

Bologne est la ville natale du designer Dino Gavina (co-fondateur de la marque de luminaires Flos), du peintre Giorgio Morandi, du cinéaste et écrivain Pier Paolo Pasolini ou encore du champion de ski Alberto Tomba… Voilà qui plante le décor de la capitale de l’Emilie-Romagne, puissant centre industriel, ex-bastion communiste et, surtout, formidable vivier de génies et d’agitateurs. Une ville boostée par une forte population d’étudiants – les Bolonais possédent la plus ancienne université du monde occidental – et une sphère artistique et culturelle particulièrement active. Pour preuve, Bologne a été désignée Capitale européenne de la culture en 2000, puis déclarée, en 2006, Ville créative de la musique par l’Unesco. « La Dotta » (la savante), comme on la surnomme parfois, abrite un nombre impressionnant de bibliothèques, cinémas, théâtres et musées, toujours à la pointe, et parfois même avant-gardistes. Le musée d’Histoire de la ville, qui occupe le palais Pepoli, a été récemment confié à l’architecte Mario Bellini. Il a redonné un coup de jeune à ce superbe espace à la muséographie soignée, qui arbore désormais une tour de verre et d’acier en son centre et des installations interactives dernier cri. On déambule en journée dans les musées de Bologne comme on se promène le soir dans son centre historique, sans hâte mais avec curiosité, au gré des arcades (qui s’étirent sur 40 kilomètres !), des tours médiévales, des palais, des églises et des petits canaux cachés. Cet art de flâner – la passegiatta – se complète généralement par une autre coutume, l’aperitivo, en terrasse quand le soleil le veut bien…

1. APPRÉCIER L’ART ITALIEN AU MAMBO

Le musée d’Art moderne de Bologne a été installé dans l’ancien « forno del pane » (la boulangerie municipale du début du XXe siècle), rénové par le Studio Arassociati de Milan et divisé en neuf salles thématiques. La collection permanente présente des oeuvres essentiellement réalisées par des artistes italiens de la Seconde Guerre mondiale à nos jours. Parmi eux, des stars comme Giuseppe Penone, Paolo Manaresi et surtout Giorgio Morandi, dont le travail est mis en perspective avec celui d’autres artistes étrangers, comme Sean Scully ou Wayne Thiebaud. Le MAMbo propose aussi des expositions temporaires et offre une belle vitrine aux créations de jeunes talents de la Botte : les performances de Luigi Presicce, les photos de Riccardo Previdi, les installations de Liliana Moro, les tableaux imprimés de Daniela Comani ou encore les vidéos de Grazia Toderi, ces deux dernières ayant été formées à l’académie des beaux-arts de Bologne.

2. DORMIR SOUS LES ARCADES I Portici (« les arcades » en italien) est le seul hôtel de luxe de Bologne conçu dans un esprit contemporain. Membre des Small Luxury Hotels of the World, il occupe le palais Maccaferri, un édifice historique magnifiquement restauré et idéalement situé sur l’artère principale. Inondé de lumière, le grand et superbe lobby sous verrière donne d’emblée une bonne impression. Le reste est plus hétérogène, avec des chambres aux plafonds de style Liberty et d’autres plus minimalistes, un restaurant étoilé hébergé dans un impressionnant théâtre couvert de fresques Art nouveau et un bistrot chic avec une vaste terrasse qui donne sur un parc. Le mobilier provient de grandes maisons du design italien (Poltrona Frau, Minotti, Viabizzuno ou encore Kartell) et une intéressante collection d’art (photos de Stefano Ortega, peintures de Giorgia Sarti…) trouve naturellement sa place dans cet établissement raffiné et agréable.

3. VISITER DES ÉGLISES RECONVERTIES De la musique électro sortant d’une église : voilà qui aiguise la curiosité. Ce saint-lieu a été désacralisé et transformé en bar-restaurant, le Cafe Stanze (photo). En soirée, des DJ font le bonheur de la population du quartier, en majorité des étudiants. A l’opposé du centre historique, une autre église fermée par un lourd portail de bois est devenue une galerie d’art contemporain de référence, la Galleria Marabini. La bibliothèque de San Giorgio in Poggiale occupe elle aussi un ancien lieu de prière, réaménagé par l’architecte Michele De Lucchi avec du mobilier en bois clair du plus bel effet. Reconversion réussie également pour San Colombano, qui abrite une collection d’instruments anciens.

4. CHOISIR SES BOULETTES À BOLPETTA Inauguré fin 2012, ce restaurant se distingue avant tout par son décor : un mélange improbable de style industriel (murs de briques à nu), de minimalisme (panneaux de bois clair) et d’esprit pop seventies (papier peint à fleurs, couleurs acidulées…). Tout en longueur, le lieu est constitué d’espaces très différents : une table d’hôtes, un canapé devant une table basse, des tables hautes entourées de tabourets de bar et des petits îlots intimistes grands comme des cabines d’essayage, parfaits pour un repas en amoureux. Au menu, on trouve essentiellement des polpetta de Bologne, boulettes à base de produits locaux déclinées en de multiples versions, salées (grillées, en sauce, panées, garnies…) et sucrées, servies en assiette ou en cornet. On n’est clairement pas dans le registre de la grande gastronomie, c’est certain, mais voilà une adresse sympathique pour déjeuner ou dîner au coeur du centre historique. Sans prétention mais efficace.

5. FAIRE SON SHOPPING À L’INDE LE PALAIS Situé juste à l’entrée du passage Buca San Petronio, ce concept store de plus de 700 m2 est considéré à Bologne comme le temple de la branchitude. Depuis une dizaine d’années, il comble de bonheur les fashionistas avec sa sélection pointue et exclusive de vêtements pour hommes et femmes, accessoires, bijoux, sacs, chaussures, lunettes et parfums, rassemblée au premier étage dans plusieurs petites salles en enfilade. Les étiquettes affichent des noms de stylistes et marques prestigieux, de Chanel Vintage à Missoni en passant par Valentino, Givenchy ou Dries Van Noten. Au rez-de-chaussée, le festival continue avec du mobilier rétro, des livres d’art, de mode et de design, des bougies et des CD lounge. Dans la foulée, allez prendre un verre de prosecco, voire un cocktail au Café Le Palais, juste en face. Ce lieu tout aussi trendy organise régulièrement des rencontres avec des artistes.

6. TOMBER DANS LE PIÈGE DE VICTIM DESIGN L’endroit cache bien son jeu : petit, sombre et souvent désordonné. Mais ce drôle de capharnaüm est en réalité un piège savamment orchestré par Alice, la maîtresse des lieux. Parfaitement francophone, elle a récemment ouvert Le Paradis du Design, à Nice. On ressort rarement bredouille de sa boutique. Collectionneuse à l’origine, elle recherche, déniche et rassemble dans son magasin de Bologne du mobilier et des objets de design vintage, avec une période de prédilection : les années 50 à 80. Chez elle, on ne trouve que des pièces originales (signées Vico Magistretti, Ettore Sottsass, Tom Dixon, George Nelson…) et jamais aucune réédition. Alice fait aussi quelques concessions au design contemporain, au gré de ses coups de coeur (Fabio Novembre en fait partie) et ouvre volontiers ses portes aux jeunes créateurs, italiens ou pas.

7. MARQUER SA DIFFÉRENCE CHEZ MARCO FADIGA Chez Marco Fadiga, les fruits de mer ne sont pas disposés sur un plateau, mais dans un haut vase transparent. Le Dom Pérignon est versé dans une carafe et désigné sur l’ardoise comme « le petit mousseux de la maison ». Quant aux pâtes à la bolognaise – qui, contrairement à sa version internationale, est une sauce avec peu de tomates et beaucoup de viande, dite ragù -, elles sont amenées à table dans un emballage en carton, comme un plat à emporter. Vous l’aurez compris : le chef-propriétaire de cette sympathique brasserie pas comme les autres, formé chez Ledoyen et Rostang, est un joyeux trublion de la gastronomie, qui adore surprendre son monde avec un service théâtralisé et une cuisine créative à base de produits basiques… Sa carte se fait assez démocratique pour convenir aussi bien aux étudiants fauchés qu’aux industriels fortunés. Une sacrée gageure.

8. FAIRE RUGIR LES MOTEURS

L’Emilie-Romagne est le fief de grandes marques de motos et de voitures qui savent entretenir leur légende. A commencer par Ducati qui a ouvert près de Bologne un petit musée consacré à ses deux-roues de course (photo), le top du design et de la technologie. 46 modèles créés depuis 1947 sont exposés chronologiquement dans un circuit de lumière, autour d’un casque géant rouge, entouré de salles multimédias. La visite comprend aussi la découverte de l’usine. Plus loin, en direction de Modène, deux marques mythiques, Lamborghini et Ferrari, accueillent également les visiteurs dans leur atelier-musée. Celui de Ferrari est signé Jean Nouvel. Dans le même registre, le circuit d’Imola, où s’est déroulé le Grand Prix de Saint-Marin de F1 jusqu’en 2006, n’est qu’à 40 km de Bologne.

CÉLINE BAUSSAY

MAMbo, 14, via Don Minzoni. www.mambo-bologna.org I Portici, 69, via Indipendenza.www.iporticihotel.com et www.slh.com/fr Le Cafe Stanze, 1, via del Borgo di San Pietro. www.lestanzecafe.com Bolpetta, 6, via Santo Stefano. www.bolpetta.com L’Inde Le Palais, 6, via de’ Musei. www.lindelepalais.com Victim Design, 13b, via Castiglione. www.victimdesign.it Marco Fadiga, 23c, via Rialto. www.marcofadigabistrot.it Ducati, 3, via Antonio Cavalieri Ducati. www.ducati.com

En pratique

SE RENSEIGNER Sites officiels :

www.enit.it www.bolognawelcome.com Office du tourisme de Bologne.

1/e, piazza Maggiore. Tél. : +39 051 23 96 60.

Bologna Magazine. Un magazine en anglais, qui existe en version papier et Web (www.bolognamagazine.com), où on retrouve toutes les bonnes adresses du moment et les derniers « hot-spots » de la ville.

Y ALLER

Vols directs et quotidiens depuis Bruxelles. A partir de 99 euros, avec Brussels Airlines.

www.brusselsairlines.com À VOIR, À FAIRE Valable 48 heures, la Bologna Welcome Card (20 euros) permet d’entrer dans les musées et donne droit à une visite guidée de la ville, une carte de transports d’un jour ou un shuttle vers l’aéroport, ainsi qu’à des réductions dans les commerces. Bon à savoir : le centre n’est pas étendu et se prête à la marche. S’aventurer en voiture n’est pas recommandé et s’y garer est carrément mission impossible.

www.bolognawelcome.com Arte Fiera. La foire internationale d’art contemporain de Bologne est l’une des plus anciennes du genre. Rendez-vous du 24 au 27 janvier prochain.

www.artefiera.bolognafiere.it

Motorshow. Le Salon international dédié à l’automobile et à la moto a lieu du 7 au 15 décembre prochain.

www.motorshow.it

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