La maison où le prix Nobel russe et dissident de l’ère soviétique, Joseph Brodski a connu l’exil, devient son musée

Josef Brodsky, sur son bureau de l'Université du Michigan, en 1978 © Wikicommons

Un musée a ouvert ses portes la semaine passée dans le village où avait été exilé Joseph Brodski pour rendre hommage aux strophes et à la vie de dissidence du poète russe, dont l’oeuvre a été couronnée d’un Prix Nobel.

A Nourinsk, village aujourd’hui abandonné de la région d’Arkhanguelsk, au nord-ouest de la Russie, ce musée, le premier au monde consacré à Joseph Brodski, offre au visiteur une plongée dans la maison où le pouvoir soviétique l’a forcé à vivre pendant un an et demi. « L’ouverture de ce musée couronne nos efforts communs. C’est un événement mondial, c’est ici que Joseph Brodski est né comme poète », a salué le gouverneur du district, Igor Orlov, cité par le journal russe Kommersant, qui précise que les travaux ont coûté 4,5 millions de roubles (environ 80.000 euros).

La maison, en gros rondins de bois, a été rénovée suivant le modèle des demeures paysannes du siècle dernier, jusqu’au poêle d’époque, mais en laissant le bureau et le salon tels que les avait connu le poète. Ce dernier avait été déporté à Nourinsk par le pouvoir soviétique au plus haut de sa popularité en 1964, après un procès tonitruant au cours duquel il avait été reconnu coupable de « parasitisme social ». Condamné à l’origine à cinq ans d’exil, il avait été gracié au bout de 18 mois.

« C’était un élégant, qui aimait beaucoup la mode occidentale. Il s’habillait toujours avec beaucoup de goût, beaucoup de soin », se souvient Maïa, une amie du poète qui travaillait alors avec lui au kolkhoze local. Au cours de ces quelques mois à Nourinsk, Joseph Brodski avait connu une intense période de création littéraire, que rappelle la maison-musée en dévoilant notamment son journal de bord. « C’était l’une des meilleures périodes de ma vie. Il y en a eu des pires, mais des meilleures, certainement pas », avait révélé le poète, qui a reçu le Prix Nobel de littérature en 1987.

Mort à l’âge de 50 ans, en 1996, Joseph Brodski est considéré comme l’un des monuments de la littérature russe mais aussi comme un des principaux dissidents de l’époque soviétique, où son oeuvre était largement censurée, le poussant à quitter son pays en 1972 pour les Etats-Unis.

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