S’initier aux vendanges en Bourgogne

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Dans un rang de vignes du clos Marey-Monge, un groupe composé d’Américains, d’Anglais et d’un Taïwanais coupe des grappes de pinot noir en prenant des selfies: pendant les vendanges, le château de Pommard, dans le centre-est de la France, prête ses sécateurs aux touristes.

« Je pense qu’ils nous laissent le travail facile. Ce sont eux qui font la besogne difficile! », s’amuse Burt Chen, professeur d’architecture taïwanais de 36 ans, en désignant l’équipe de vendangeurs professionnels qui s’active un peu plus loin.

« C’est une belle expérience: on peut essayer, voir comment c’est cultivé, goûter les grappes et imaginer comment le goût du vin est lié au goût du raisin », commente cet amateur de vin de Bourgogne, qui compare le goût d’un grain bien mur et celui d’un autre encore vert.

La prestigieuse maison bourguignonne a mis en place, pour la deuxième année consécutive, « l’expérience vendange »: des touristes de toutes nationalités, prêts à débourser 100 euros, viennent visiter le château avec, au programme, dégustation de vins et passage dans les vignes, sécateur en main, pour couper quelques grappes.

Accroupi au bout d’un rang, le chef d’équipe Samuel Grivaux explique aux visiteurs la structure d’un pied de vigne. Il leur montre comment couper le raisin en enlevant les feuilles qui gênent.

« C’est plaisant de parler de notre travail », lance-t-il, assurant que les photos ne le gênent pas. « Les vendanges, ça a un côté un peu festif, un peu joyeux. On prend des photos; on est content de ramasser du raisin! »

« Il nous faut un panier! », lance un peu plus tard l’Américain Matt Yamini, un consultant en management de 60 ans, qui brandit une grappe soigneusement coupée. « Ça prend un peu de temps, mais après en avoir coupé quelques unes, c’est facile », commente-t-il.

Jus sucré

Autour du clos de 20 hectares – le plus grand « monopole » (un domaine privé d’un seul tenant) de la région – les vignes des propriétés voisines courent sur les reliefs de la Côte de Beaune, parcourues de plusieurs groupes de vendangeurs.

« La plupart des gens qui viennent en Bourgogne pendant les vendanges trouvent des portes fermées, parce que le viticulteur a son équipe. Il ne peut pas être au four et au moulin », explique le directeur technique du domaine, Emmanuel Sala, ravi de pouvoir transmettre « la petite flamme » de sa passion pour le vin.

Les visiteurs peuvent s’imprégner de l’ambiance. « C’est un moment d’euphorie. On a trimé; on a eu peur: ça fait cinq ans qu’il grêlait ou qu’on a du gel en Bourgogne. Cette année, on a eu une année magnifique. C’est encore plus la fête, donc le bonheur ça se partage », ajoute M. Sala.

Après avoir vendangé, le groupe de touristes apporte ses seaux de raisin à la table de tri avant d’aller goûter le jus sucré issu de la récolte des jours précédents, puisé directement dans les cuves de fermentation.

Susana Rylander, une comptable américaine de 48 ans, ne boude pas son plaisir: « la simple idée de me dire que j’étais dans ces vignobles avec ces grappes qui poussent – la génération future de vin – et le fait qu’on va maintenant aller en goûter et peut-être en ramener à la maison, c’est vraiment incroyable! »

« On les fait vendanger un petit peu. Ils n’ont pas le temps de se rendre compte que c’est extrêmement pénible comme travail », rappelle leur guide, Loïc Lamy, conseiller en vins du château.

Loin du rythme des vendangeurs salariés, donc, dont la journée commence à l’aube et le travail s’étale sur une dizaine de jours, pour un salaire de 9,76 euros bruts de l’heure: « c’est simplement pour s’amuser et se rendre compte de comment c’est fait. »

La visite se termine par une dégustation. « Si le vin leur a plu, en général, ils achètent », ajoute M. Lamy. Il ne leur reste plus qu’à choisir sur la carte du domaine, où les prix s’étalent d’une quinzaine d’euros à près de 300 euros la bouteille.

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