Ski: la saison reprend dans les stations de ski françaises, non sans défi à relever

L'Alpes d'Huez, décembre 2021

La grande machine du ski reprend enfin dans les stations françaises, avec neige et soleil en abondance, mais elle devra se passer d’une grande partie de sa clientèle britannique – bannie pour cause de flambée du variant Omicron – mais aussi relever le défi malgré la pénurie.

La mauvaise nouvelle est tombée jeudi matin, prenant de court les responsables de stations: le gouvernement français a annoncé rétablir, à compter de samedi, l’obligation de « motifs impérieux » pour les voyageurs en provenance et à destination du Royaume-Uni.

Ces motifs « ne permettront pas de se déplacer pour raisons touristiques ou professionnelles », a-t-il précisé.

À l’Alpe d’Huez (Isère), où comme dans d’autres stations alpines, les skieurs britanniques sont habituellement très nombreux, cette nouvelle a fait l’effet d’une douche froide.

« Ça nous prive d’un quart de notre clientèle sur une année normale », lâche François Badjily, directeur de l’Office du tourisme. « Nous faisons environ 1,3 million de nuitées dans un hiver, donc en gros c’est 300.000 nuitées qu’on va perdre ».

« On ne s’y attendait pas », souligne le responsable, qui tablait plutôt sur l’annonce, à l’issue du conseil de défense sanitaire prévu vendredi, de mesures « un peu plus serrées » du type « couvre-feu après les fêtes ».

Et de s’interroger sur la décision gouvernementale : « est-ce que c’est vraiment la pandémie qui a généré ça ? (…) On sent bien que c’est tendu » sur le plan diplomatique entre France et Grande-Bretagne, considère M. Badjily.

L'Alpes d'Huez, décembre 2021
L’Alpes d’Huez, décembre 2021© Belga Images

De son côté la Compagnie des Alpes, qui gère une dizaine de grands domaines (La Plagne, Les Arcs, Tignes, Val d’Isère, Méribel etc.), se veut pragmatique: « Nous allons nous adapter et proposer aux clientèles britanniques qui avaient d’ores et déjà réservé dans nos stations de reporter leur séjour plus tard dans la saison », a déclaré à l’AFP son directeur général, Dominique Thillaud.

La période de Noël est majoritairement fréquentée par nos clients français, que nous attendons nombreux, en parfaite sécurité

Au Club Med, les clients qui le souhaiteront seront transférés à Pragelato, dans le nord de l’Italie, a fait savoir un porte-parole. Le groupe a par ailleurs indiqué avoir détecté 30 cas positifs parmi 255 collaborateurs dans son village vacances de Val Thorens (Savoie). Ils ont été « immédiatement isolés ».

Nouveau coup dur

Pour l’Alpe d’Huez, la pilule est d’autant plus amère que la station avait pris soin de s’organiser à l’avance pour aider les vacanciers britanniques à passer des tests Covid, jusqu’ici nécessaires pour rentrer chez eux. Elle avait mis en place un système de centres éphémères capables de tester jusqu’à 4.000 personnes et d’analyser leurs résultats en un week-end.

La station avait bon espoir de renouer avec une saison à peu près normale après celles des deux derniers hivers, interrompue avant terme pour la première et annulée pour la seconde. Les réservations étaient bonnes, les clients semblant accepter sans problème l’obligation de pass sanitaire dans les remontées mécaniques, et la neige est au rendez-vous.

L'Alpes d'Huez, décembre 2021
L’Alpes d’Huez, décembre 2021© Belga Images

La principale difficulté à laquelle faisaient face les acteurs des stations était le manque de main d’oeuvre saisonnière : femmes de chambre, serveurs, commis de magasins ou pisteurs.

Ils étaient 58.000 en poste dans les stations de ski durant la saison 2019-2020 avant la pandémie, selon le ministère du Travail. L’Alpe d’Huez en emploie à elle seule de 3.000 à 4.000 à son pic d’activité.

Mais l’épidémie de Covid-19 est passée par là, ainsi qu’une réforme de l’assurance-chômage qui pénalise les saisonniers, si bien que nombre d’entre eux se sont reconvertis ou sédentarisés.

« De 7 à 23h »

Plus de 2.000 postes restent actuellement à pourvoir en Savoie et Haute Savoie, selon l’agence Pôle Emploi. L’hôtellerie et la restauration sont les plus touchées. Certains employeurs ont vu s’évaporer les trois quarts de leurs effectifs et ont dû chercher de nouvelles têtes, parfois jusqu’en Pologne.

Dans l’hôtel chic des Grandes Rousses, 15 personnes manquent, soit 10% de l’effectif. L’un des deux restaurants est fermé faute de personnel et la réceptionniste Alia Nourine s’affaire, bien seule, à son poste.

« Je viens à peine de commencer la saison, je fais déjà des heures de dingue et c’est pareil pour tout le monde. Pour le confort des clients également, il faudrait qu’on soit un peu plus nombreux », confie la jeune femme. Heureusement, les touristes « sont compréhensifs, ils voient qu’on est là de 7 à 23h ».

Pour la propriétaire de l’hôtel, Patricia Grelot-Collomb,la pénurie de personnel attise une bataille entre stations « très compliquée à gérer ». Elle admet que les dix prochains jours relèveront du « challenge ».

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