Une plaine au milieu des montagnes

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La beauté du site d’Olympie tient autant à la fraîcheur qu’y apportent les fleuves qu’à son environnement montagneux. Entre rocaille, gorges et maquis, c’est une nature sauvage que le pèlerin doit traverser avant d’accéder au sanctuaire.

De riants vallons : les auteurs anciens – et les voyageurs d’aujourd’hui ne le démentiraient pas – ne tarissent pas d’éloges sur la beauté de la plaine boisée d’Olympie, gage, à leurs yeux, du caractère sacré d’un site aimé des dieux. Cette vision offre un réconfort sensible aux pèlerins, qui ont parfois affronté une longue et dangereuse route avant d’atteindre ce havre.

Le voyage dans l’Antiquité ne va en effet pas de soi. Il constitue une véritable épreuve, parfois bien longue. L’institution d’une trêve sacrée protégeant les pèlerins et les spectateurs qui se rendent au sanctuaire de Zeus pour assister aux Jeux n’a vraiment rien d’un luxe. Les routes sont peu sûres pour les voyageurs isolés, souvent contraints de cheminer à pied et de faire de nombreuses étapes dans des gîtes rudimentaires ou à la belle étoile. Durant ces voyages hasardeux, brigands et pirates sont autant d’épreuves supplémentaires.

Olympie se situe au coeur du Péloponnèse, dans la plaine fertile qui occupe la portion nord-occidentale de la presqu’île (voir carte page 2). À une quinzaine de kilomètres de la côte, le sanctuaire est à environ soixante kilomètres au sud d’Élis, la ville organisatrice des célébrations olympiques pendant la quasi-totalité de leur histoire.

Un voyage difficile

Dans les faits, deux grandes voies permettent de rejoindre Olympie : l’une est maritime, l’autre terrestre. Par mer, le voyage n’est pas de tout repos : trois caps difficiles à franchir par mauvais temps et pas de mouillages sûrs si l’on prend la route qui longe le nord-ouest du Péloponnèse. Quant à la côte occidentale de la presqu’île, elle n’offre pas plus d’abris et comporte des passages délicats, comme l’embouchure de l’Alphée, le fleuve qui borde Olympie.

Il ne reste guère que deux endroits pour débarquer en Élide. L’un est le port de Kylléné, à une vingtaine de kilomètres d’Élis. De là, pour rejoindre Olympie, il faut se rendre à Élis puis emprunter la vallée d’un des nombreux fleuves de la région. L’autre site est à Pheia, plus au sud, d’où l’on peut directement gagner Olympie, en longeant la côte aride de Triphylie et la vallée de l’Alphée.

Par la terre, que l’on vienne du continent ou du nord de la presqu’île, on doit d’abord traverser les massifs montagneux de l’Achaïe, dont les sommets culminent parfois à plus de 2 000 m, et de l’Arcadie, avant d’atteindre les plaines d’Élide via les vallées et gorges creusées par les torrents. Au terme de cette marche, la plaine verdoyante d’Élide et les vallons rafraîchis par les fleuves d’Olympie apparaissent sous des dehors d’autant plus attrayants.

Enfin, les Grecs des colonies peuvent entrer en « métropole » par l’un de ses grands ports. Les voyageurs arrivant par le port de Sparte, par exemple, cheminent ensuite vers le nord à travers les vallées fluviales et la plaine de Laconie, au coeur d’autres massifs montagneux, pour gagner les bords de l’Alphée. De Corinthe, autre débarquement possible, ils rejoignent l’une de ces routes pour se rendre au sanctuaire.

Sur le site même d’Olympie, une colline, le Cronion, en référence au nom du père de Zeus, domine le nord de ses pentes boisées. Le coeur du sanctuaire apparaît ainsi comme un bosquet sacré, l’Altis, planté d’oliviers sauvages.

Deux cours d’eau pérennes arrosent également l’espace olympique : l’Alphée au sud et son affluent, le Cladéos, à l’ouest. L’un et l’autre renforcent la beauté du lieu et lui procurent la fraîcheur nécessaire en été, lors du déroulement des concours olympiques de l’Antiquité. Mais c’est aussi de ces deux fleuves impétueux que viendra, 12 ou 15 siècles plus tard, la disparition partielle du site, quand les vestiges d’Olympie seront ensevelis sous la masse d’alluvions qu’ils auront apportée.

Stéphanie Bonato-Baccari

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