Zazou, l’artiste derrière les tatouages « Je te crois »: « La plupart des personnes font le tatouage par militantisme »

Zazou
© Michka Kuzma
Julie Nicosia Journaliste

C’est dans une maison de maitre liégeoise grandiose que Le Vif Weekend a rencontré l’artiste Zazou du salon Rêves Lucides qui a tatoué près de 100 fois « Je te crois », slogan des mouvements féministes afin de dénoncer les violences sexistes et sexuelles, sur le corps de liégeoises et liégeois. Entretien.

L’artiste Zazou nous explique qu’iel* a toujours dessiné avant de tatouer. Avant de troquer le crayon pour l’aiguille, iel* était en option d’art lors de ses études secondaires et a étudié à l’Académie des Beaux-arts à Liège. Cette passion pour l’art – sous toutes ses formes – ne l’a pas quitté depuis puisque Zazou confie : « j’adore dessiner autant que j’aime tatouer autant que j’aime peindre. J’aime tout tester ! »

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Après des premiers dessins tatoués dans sa cave, l’artiste réside depuis quelques jours au salon Rêves Lucides à Liège afin de faire de sa passion son activité principale même si d’autres projets naissent à côté.

Si sa page Instagram comporte plusieurs de ses projets réalisés, on peut voir plusieurs publications avec un nombre conséquent de tatouages « Je te crois », au total 90 personnes.

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D’où vous est venu l’idée de tatouer autant de « Je te crois » ?

Une personne est venue et m’a demandé ce tatouage. J’ai accepté le projet car j’adore les typographies et que la phrase me parlait. J’ai, ensuite, publié la photo du tatouage sur ma page Instagram. Une de mes amies qui fait partie d’un collectif (Le Bastion des Sorcières) était intéressée pour le faire aussi. J’ai donc demandé à la première personne si elle était d’accord que je le refasse. Elle était enthousiaste à l’idée. Mon amie m’a, ensuite, dit que cela pouvait intéresser quelques personnes. Et j’ai finalement tatoué 10 personnes le même jour avec ce slogan.

J’ai ensuite publié les 10 tatouages sur la même publication et cela a fait un peu effet de masse. J’ai précisé que si d’autres personnes étaient intéressées, elles pouvaient me contacter. J’ai l’intention de garder ce tatouage de manière permanente dans mon portfolio.

De plus en plus de personnes sont  intéressées et il me semble avoir tatoué 90 personnes « Je te crois ».

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Les personnes qui viennent se faire tatouer « Je te crois » appartiennent-elles toutes au mouvement féministe ou se considèrent-elles comme des alliées de la lutte ?

Je ne connais pas toutes les personnes qui sont venues ni leur histoire. J’ai toutefois l’impression que la plupart des personnes fait le tatouage par militantisme. Pour certaines personnes le « je te crois » signifie autre chose que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Je pense, par exemple, aux personnes qui ont du mal à légitimiser certaines émotions et qui décident de faire ce tatouage pour légitimer la parole de personnes dont les propos peuvent être remis en question.

Si je peux en même temps tatouer, faire de l’art, faire un truc que je kiffe et en même temps faire du militantisme, pour moi c’est le combi ultime. J’adore !

Zazou

Êtes-vous investi dans un mouvement ?

Je me suis fait aussi tatoué « Je te crois » en vue de lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Par contre, je ne suis pas investi dans un mouvement ou un collectif mais je gravite autour de ces mouvements.  Je n’arrive pas à m’investir personnellement car je suis une personne sensible qui prend les choses trop à cœur. Il y a des collectifs que j’adore, à Liège, comme À Nous la Nuit. Comme je ne me sens pas l’âme de m’investir sur le terrain, je leur ai peint une toile que j’ai exposée. Les tatouages « Je te crois » suivent cette dynamique, même si je ne me considère pas comme activiste, je fais à mon échelle du militantisme et je pense que c’est un acte fort.

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Pensez-vous faire des pièces à dupliquer ?

Pas forcément. J’ai eu une personne qui est venue se faire tatouer « On se lève, on se casse » et je sais qu’il y a une autre personne qui a demandé le même et donc je vais tatouer le même tatouage. Mais cela dépend de la demande. Sinon, je n’ai pas d’autres projets dans ce genre. Je reste ouverte aux propositions.

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Même dans des flashs ?

Il se peut que les thématiques engagées et militantes reviennent de temps en temps dans mes flashs. J’aime bien. Mais parfois, les flashs que je propose ne sont pas engagés.

Par contre, les tattoos engagés sont mes préférés.

Iel*

Sur sa page Instagram, Zazou donne l’indice du pronom (iel/they) qui la (dé)genre et explique : « le fait d’utiliser le pronom iel, c’est un peu une démarche militante car la binarité de genre m’a souvent fait défaut dans ma vie personnelle. J’ai beaucoup souffert de sexisme et j’en souffre toujours d’ailleurs. » Face au dégoût et à l’énervement, sa réaction a été de s’en détacher : « Je ne suis ni lui ni elle. Aucun des deux ». L’artiste nuance toutefois en ajoutant : « Je m’adapte à l’environnement dans lequel je suis car ce n’est pas encore bien accueilli partout. J’ai pas toujours l’envie d’avoir l’argumentaire. » Et de conclure : « la plupart des gens utilisent le pronom « elle » parce que j’ai une expression de genre plus féminine. Et ça ne me dérange pas ».

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