A la mode de chez nous
Ils sont belges et mettent leur talent au service des griffes les plus
prestigieuses à Paris, Milan ou New York. Le who’s who de Weekend.
Olivier Theyskens,
chez Nina Ricci
Après avoir dépoussiéré les codes de Rochas, dont il a été le directeur créatif de 2002 à 2006 – date à laquelle le groupe Procter & Gamble décide de mettre fin à ses activités dans le secteur » mode » -, Olivier Theyskens donne aujourd’hui un second souffle à Nina Ricci. Et les deux premières collections dessinées par le Belge pour cette autre maison mythique ont séduit la presse. Il faut dire qu’il possède un talent hors norme, comme le démontrait déjà sa propre griffe, lancée à 20 ans à peine et après seulement deux petites années de cours de stylisme à La Cambre…
Véronique Leroy, chez Léonard
Bien qu’elle soit née à Liège, Véronique Leroy est parisienne de c£ur. Lorsqu’elle débarque dans la capitale française, à 19 ans, elle s’inscrit au studio Beçot… faute d’avoir réussi l’examen d’entrée de l’Académie d’Anvers. Son diplôme en poche, elle devient l’assistante d’Azzedine Alaïa puis de Martine Sitbon avant de lancer sa griffe, en 1991. Elle s’est vu décerner de nombreuses distinctions tout au long de sa carrière, dont la Canette d’Or – elle est la première francophone à remporter ce prestigieux concours, après les Anversois Ann Demeulemeester, Dirk Van Saene et Dirk Bikkembergs : une belle revanche sur le destin. Après avoir été consultante pour la maison Léonard, elle en est devenue directrice de la création pour les collections Femme en 2004.
o Laurent Edmond, chez Martin Margiela
Aujourd’hui directeur artistique de la ligne artisanale de la Maison Martin Margiela, Laurent Edmond, autre diplômé de La Cambre, peut notamment épingler dans son CV un stage chez Jeremy Scott, une collaboration sur la ligne de prêt-à-porter Homme de Cacharel ou sur la ligne Femme dirigée un temps par les Own. Sans omettre la commercialisation d’une collection en partenariat avec le groupe Etam et le label 1,2,3, qui lui avait attribué un prix de 15 000 euros au festival à Hyères.
u Laetitia Crahay, chez Chanel
Elle entame des études d’architecture en Italie quand le déclic se produit : c’est la mode que veut étudier Laetitia Crahay. Elle rentre donc à Bruxelles, et s’inscrit à l’atelier de stylisme de La Cambre. Elle est en troisième année quand son ami Olivier Theyskens ( lire page de précédente) lui demande de devenir consultante pour lui. Une collaboration qui l’amène à côtoyer intensément le milieu parisien de la mode, où Karl Lagerfeld la repère. Dès la fin de ses études, à 24 ans, elle entre ainsi chez Chanel, et est aujourd’hui responsable de la création des bijoux et accessoires pour la maison de la rue Cambon.
u Kris Van Assche, chez Dior Homme
Quand il débarque, à 18 ans, à l’Académie d’Anvers, Kris Van Assche compte parmi les plus jeunes de sa promotion, et sans doute aussi parmi les plus motivés. Dès la fin de son cursus, il entame un stage au sein de la maison Yves Saint Laurent, à Paris. Sous l’impulsion d’Heidi Slimane, son directeur artistique, le département Homme de la vénérable institution est en pleine mutation. Une chance pour le jeune stagiaire, d’autant qu’avec Slimane, le courant passe bien. Finalement, Kris Van Assche l’assistera pendant six ans, avant de le suivre chez Dior Homme en 2000. Parallèlement, il lance son propre label masculin en 2004, auquel il a ajouté récemment une ligne Femme. Il y a quelques mois, Kris Van Assche a été nommé directeur créatif du département Homme de la maison parisienne.
o C rstof Beaufays, chez Jean Paul Gaultier
Crstof Beaufays a étudié le stylisme à La Cambre, à Bruxelles, avant de poursuivre sa formation à l’Institut français de la mode, à Paris. Son approche à la fois expérimentale et technologique du vêtement, basée sur un jeu de volumes, lui a valu une belle reconnaissance dans des concours prestigieux, dont le Festival international de Mode à Hyères, en France. Ses recherches dans le domaine du multimédia ont par ailleurs amené le jeune créateur, très éclectique, à s’impliquer dans plusieurs expos d’envergure, notamment au MoMa, à New York. Il a par la suite intégré le studio de Claude Montana, avant de rejoindre l’équipe créative de Jean Paul Gaultier, dont il est aujourd’hui l’assistant.
o Sami Tillouche, Cédric Charlier et Arnaud Michaux
chez Lanvin
Responsable du département » maille » chez Lanvin, Sami Tillouche, ancien étudiant du Conservatoire d’art dramatique de Bruxelles, a trouvé sa voie lors d’un stage chez Romeo Gigli : désormais, il se consacrerait à la mode Homme. Après avoir gagné la Canette d’Or en 1989, il présente sa première collection à Paris cinq ans plus tard, durant six saisons. Quant à Cédric Charlier, sorti de La Cambre en 2000, il est aujourd’hui le premier assistant d’Alber Elbaz, qui a repris la direction artistique de la maison en 2001. Arnaud Michaux, autre ex-Cambien (promotion 2006), est lui aussi assistant du talentueux styliste.
u Daniele Controversio, chez Trussardi
Diplômé avec grande distinction de La Cambre, lauréat de concours prestigieux, dont le premier prix pour la meilleure collection à Trieste, Daniele Controversio s’est depuis lors tracé un beau parcours dans l’univers fashion. Après avoir été assistant d’Alexander McQueen, à Londres, le styliste a émigré vers l’Italie, le pays de ses origines. Styliste pour le DieselStyleLab, pour Vivienne Westwood et ensuite pour les lignes plus casual Guru et Replay, il est aujourd’hui designer et consultant pour la ligne jeans de Trussardi.
o Jean Paul Knott, chez Cerruti
Il a beau avoir quitté la Belgique à l’âge de six mois pour n’y revenir qu’à 30 ans – » pour savoir qui j’étais vraiment avant de me lancer seul dans la mode « , déclare-t-il -, Jean Paul Knott se sent belge dans l’âme. Ce n’est donc pas un hasard s’il a choisi Bruxelles pour ouvrir sa première boutique éponyme. Formé au célèbre FIT (Fashion Institute of Technology) de New York, le styliste travaille douze ans durant chez Yves Saint Laurent, tant pour le prêt-à-porter que pour la haute couture. Il quitte la maison parisienne en 1999 pour lancer sa propre griffe, qui défile à Paris dès l’année suivante. Tandis qu’il multiplie les collections en nom propre – Knott Women’s Wear, Knott Couture, Knott Men’s Wear, Knott Concept, Knott for You – et les collaborations avec des artistes, ce workholic devient également directeur artistique de la ligne Cerruti 1881. Depuis octobre dernier, il chapeaute l’ensemble de la création pour la maison italienne.
u Raf Simons, chez Jil Sander
C’est en juillet 2006 que Raf Simons se voit confier la direction artistique de la prestigieuse mais déclinante maison Jil Sander, à laquelle il a rendu ses lettres de noblesse. Comme beaucoup d’autres grands noms, il se partage aujourd’hui entre le studio de création, son propre label, lancé en 1995 – et mis entre parenthèses un an durant, en 2000 – et sa seconde ligne, Raf by Raf Simons. Considéré comme l’un des plus doués de sa génération, l’ex-boyfriend de Veronique Branquinho n’a pourtant pas étudié le stylisme. Après sa formation en design industriel, à Genk, c’est au côté de Walter Van Beirendonck qu’il est réellement entré dans l’univers modeux.
o Walter Van Beirendonck
chez Scapa Sports
La collection automne-hiver 07-08 de Scapa Sports était la première à être griffée Walter Van Beirendonck. Une collaboration prévue sur le long terme, mais qui n’empêche pas ce membre de la fameuse bande des » Six d’Anvers » de continuer à diriger sa propre ligne de prêt-à-porter masculin. Walter Van Beirendonck possède aussi une boutique-galerie dans la ville portuaire, où il vend la nouvelle vague de créateurs belges, et enseigne à la célèbre Académie depuis 1985. Par le passé, il a assuré la direction artistique de la ligne sportswear de Gianfranco Ferré durant trois saisons, et a créé pour Mustang le label W<, qu'il a cornaqué pendant cinq ans.
o Bruno Pieters, chez Hugo Boss
Depuis le mois de juin dernier, Bruno Pieters est le nouveau directeur artistique d’Hugo, la ligne phare d’Hugo Boss ( lire en pages 46 à 50). Une belle reconnaissance pour le jeune Brugeois, sorti de l’Académie d’Anvers en 1999. Deux ans plus tard, après avoir fait ses armes chez Martin Margiela, Josephus Thimister et Christian Lacroix, Bruno Pieters défile pour la première fois à Paris pendant la semaine de la haute couture. A partir de 2002, il se recentre sur sa ligne de prêt-à-porter (photo) – parmi les plus abouties, dixit Karl Lagerfeld et Dries Van Noten. Son ascension est fulgurante : il collabore avec Delvaux, lance une collection Homme en édition limitée en 2006 et remporte la même année le Swiss Textiles Award, comme Haider Ackermann et Raf Simons avant lui. L’année suivante, il se voit décerner la bourse Yves Saint Laurent et celle de la Fondation Pierre Bergé.
i Anthony Vaccarello, l’après-Fendi
Après avoir présenté une époustouflante collection sur le cuir lors de son jury de fin d’études à La Cambre, il a été contacté, en 2006, par Fendi, LA griffe de référence en la matière. Il a ainsi travaillé aux côtés de Karl Lagerfeld himself, directeur artistique de la maison romaine depuis plus de quarante ans. A l’heure où nous bouclons cette édition, Anthony Vaccarello est en passe d’intégrer le studio de création d’une autre maison de mode prestigieuse – le nom de Givenchy a été avancé. A suivre, donc…
u Yael Landman,
chez Kiki de Montparnasse
A 31 ans, elle vient d’être nommée directrice artistique du label de lingerie haut de gamme Kiki de Montparnasse, à New York. » Une marque qui me ressemble à 100 %, s’enthousiasme la jeune Belge. Elle pourrait presque s’appeler Yael Landman ! » Et il est vrai que l’on retrouve dans cette ligne très hype l’esprit boudoir, la sensualité et le raffinement chers à la créatrice, qui a d’ailleurs édité une griffe de lingerie sous son nom (photo) pendant cinq ans avant de prendre part au lancement des lignes underwear de Sonia Rykiel et de A.F. Vandevorst.
Dossier réalisé par Delphine Kindermans (avec F.B.)
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