Ambition numérique
Créateur du CECN (Centre des écritures contemporaines et numériques) au sein du Manège. Mons, il vit pour sa passion : rapprocher arts de la scène et nouvelles technologies.
Bouille sympathique, énergique et perfectionniste, le Montois Pascal Keiser est dans le » faire » et dans l’action : il a de grandes ambitions pour » sa » ville. La rentrée s’annonce chaude, avec plusieurs projets importants sur le feu. En septembre démarre le premier cursus universitaire en technologies virtuelles, piloté par la Fucam et l’UCL, dont il est l’initiateur. Pour début décembre prochain, il peaufine le dossier Where technology meets culture dans la perspective de Mons2015, capitale européenne de la culture. Enfin, l’installation d’une chaîne technologique unique en Europe active dans la conception de nouveaux médias numériques dans le parc scientifique Initialis (siège de Microsoft), prévue début 2010, approche à grands pas. » Ce n’est pas du délire technologique, martèle Pascal Keiser. Il s’agit de toute une réflexion qui a pour but de sensibiliser le grand public aux nouvelles technologies par le biais de bons projets culturels et qui, à plus long terme, contribuera au changement d’image de la ville et de la région. » L’intensité et, avant tout, la passion qui gouvernent l’existence de Pascal Keiser sont parfaitement en phase avec les enjeux du moment. Aujourd’hui, la culture, Internet, les jeux vidéo et la téléphonie mobile sont les secteurs en croissance. Demain, ceux qui vont gagner sont ceux qui maîtrisent les deux, les » dual thinckers « , personnes qui sont capables de raisonner dans les deux champs, hier opposés, qui aujourd’hui se rejoignent : la culture et les technologies.
Tout ce que Pascal Keiser entreprend est fortement conditionné par sa jeunesse. Fort en math, il entame les études d’ingénieur civil, à la Faculté Polytechnique de Mons. Il adore le théâtre et la danse. Or, dans les années 1985-1990, la ville de Mons qui rassemblait 15 000 étudiants, n’offrait qu’un nombre trop restreint de propositions culturelles. Le domaine des nouvelles technologies est un autre » désert « . Fraîchement diplômé, Pascal Keiser est obligé de prendre la route de l’exil, en France, en Chine et au Mexique. Chaque été, il débarque à Avignon pour faire le plein de spectacles. Dix ans plus tard, il retrouve sa ville natale. Méconnaissable. Mons a réussi à renverser la vapeur. Yves Vasseur, Montois et directeur du Manège Maubeuge, a fondé Le Manège. Mons, un outil culturel haut de gamme, très qualitatif et transversal réunissant le Centre dramatique, l’Ensemble Musiques Nouvelles et la Maison Folie.
Fort de ses connaissances et de ses compétences, Pascal Keiser y ajoutera, en 2003, le quatrième maillon : le Centre des écritures contemporaines et numériques, première structure européenne de ce type. Son but ? Former les professionnels des arts de la scène, artistes et techniciens, aux nouvelles technologies qui » sophistiquent » davantage les spectacles. En pratique, on peut, notamment, utiliser la vidéo sur un plateau, éventuellement la manipuler en temps réel, ou encore traiter numériquement la voix d’un comédien (pour qu’il parle sur scène comme un enfant ou une personne âgée), amplifier son souffle ou spatialiser le son. » Les technologies numériques représentent une véritable valeur ajoutée. Elles génèrent plus d’émotion, plus d’esthétique et plus de sensibilité. C’est comme si un peintre avait à sa disposition des couleurs supplémentaires dans sa palette. » Agitateur de nouvelles idées, naviguant entre Mons et Avignon, Pascal Keiser y a créé La Manufacture, le festival » of « , avec une vraie orientation contemporaine. » Il faut ouvrir les portes pour que les choses changent. Ce sont des jobs de combat, il faut y aller à la machette. » Les résultats sont là. Mons est en train d’exploser sur le plan culturel et devient la véritable » place to be « .
Barbara Witkowska
» C’est comme si un peintre avait à sa disposition des couleurs supplémentaires dans sa palette « .
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