Beauty (business) man
Après quelques années passées dans le domaine financier, ce jeune Liégeois donne à sa vie professionnelle une touche plus glamour. Au cour du Bruxelles branché, il ouvre, il y a trois ans, Cosmeticary : une parfumerie d’un nouveau type dédiée à la crème de la crème des produits de soin, des maquillages et des parfums. Un business mené tout en beauté.
En journée, la boutique ne désemplit jamais. Pour » changer d’air » Jean Rausin nous suggère une rencontre, en soirée, dans une brasserie branchée spécialisée dans le poisson. Chemise ouverte, mèches noires en bataille, l’air épanoui du haut de son 1,92 m, l’allure d’un jeune cadre dynamique et décontracté, il attaque les crustacés en multipliant les confidences sur la première grande nouveauté de 2009. Comme au théâtre, ce sera un lever de rideau. Ce jeudi 12 février au soir, clients et invités découvriront la magie des maquillages d’Ellis Faas, make-up artist néerlandaise, la chouchoute des plus grands photographes internationaux, dont Mario Testino himself. » Les fards sont dans les tons de la peau. Tout est glossy et liquide. Au niveau visuel, l’effet est extraordinaire. Ellis Faas a un vrai style qui se démarque. » En ces temps de crise, du rêve à l’état pur.
Jean Rausin ne supporte pas la banalité. Il aime titiller l’imaginaire des femmes, mais sait aussi garder les pieds sur terre. Question d’éducation. Une enfance » heureuse et paisible » du côté de Liège, dans une famille » bourgeoise mais humble « . Des études menées tambour battant : diplôme d’ingénieur commercial à l’HEC à Liègeà Et une idée fixe : lancer sa propre entreprise. Il débute dans une grosse boîte d’audit à Luxembourg. Sa carrière est lancée. Heinz, le roi du ketchup, lui propose un job à Londres, plus commercial, plus proche de ses goûts et de ses ambitions. Pendant cinq années (trois à Londres puis deux à Paris) il travailleà inlassablement.
Le jour où on lui offre un BlackBerry, histoire d’être encore plus efficace et plus performant, il ne l’allume même pas et donne sa démission. » J’ai pris une année sabbatique et j’ai adoré ne rien faire. » Scotché à l’émission Télé-Achats, ilà achète, tout en cogitant sur sa future entreprise. L’idée tombe un jour du ciel, comme une évidence. » A l’instar de tous les yuppies qui travaillent pour une boîte américaine, je soignais mon apparence. Trèsvite, j’ai pris l’habitude d’acheter des produits de niche. «
De retour en Belgique, Jean Rausin continue à prendre l’avion pour Londres pour renflouer son stock de crèmes hydratantes et de soins contour des yeux. C’est à l’aéroport de Heathrow que ce financier de haut vol se découvre une vocation dans le domaine de la beauté et décide d’ouvrir, dans le quartier modeux de Bruxelles, rue Orts, un temple dédié au nec plus ultra de la cosmétique de niche. Il l’appelle Cosmeticary. Un label fort qui a demandé trois mois de réflexion, tout de même.
Nous sommes en juin 2005. Le boss se fixe une feuille de route ambitieuse mais très réaliste. » Ce que les gens veulent, ce ne sont pas uniquement les produits que l’on ne trouve nulle part ailleurs mais des produits efficaces et crédibles. Nous proposons le meilleur dans chaque catégorie et pas nécessairement les produits les plus chers. » L’esprit axé sur la découverte, ce passionné d’architecture moderne, de photo, de voyages et de grandes villes (il » vibre » à Londres et à New York) est un stratège réfléchi qui mixe admirablement la vision avant-gardiste et l’exigence de qualité. Les femmes, et de plus en plus d’hommes, apprécient.
Dans la boutique s’affaire une équipe d’esthéticiennes triées sur le volet dont Vauke, complice fidèle depuis le début. Que l’on vienne pour un produit anti-âge, un maquillage, un parfum rare, un conseil ouà un simple renseignement, on est toujours accueilli à la liégeoise, avec chaleur et enthousiasme. Le succès est tel que deux autres Cosmeticary depuis ont vu le jour : l’un dans la Galerie du Roi à Bruxelles et l’autre à Anvers. A l’instar de ses clients, l’ex-financier est devenu un parfait beauty addict. La beauté ? » C’est quelque chose de très important et de très futile. Si l’on peut prolonger la jeunesse de cinq ou dix ans, pourquoi s’en priver ? Si l’on peut faire passer une femme de l’ombre à la lumière, c’est génial ! «
Barbara Witkowska
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