Chorégraphe prodig(u)e
Danseuse, chorégraphe et codirigeante de Charleroi/Danses, elle ouvrira le bal de la Biennale09 avec la création Neige. Une véritable féerie se déploiera sur la Symphonie n° 7 de Beethoven !
Un tantinet superstitieuse, Michèle Anne De Mey n’aime pas que des » étrangers » assistent aux répétitions. La météo est clémente et on s’installe avec un café dans la cour des écuries, écrin de Charleroi/Danses, l’une des prestigieuses institutions culturelles carolo. Volubile et chaleureuse, Michèle Ann raconte sa nouvelle créationà comme si on y était. » L’idée est née d’un désir de reproduire des intempéries dans un théâtre. La neige est, pour moi, l’élément naturel le plus magique. Froide, sourde et silencieuse, elle révèle et fait disparaître les choses, titille nos sens, notre inconscient et notre imaginaire. Je voulais, aussi, un beau spectacle : que la danse soit assumée, belle et sensorielle. «
Puis vint le travail d’équipe. Avec Sylvie Olivé, chef décoration cinéma et scénographe française, Nicolas Olivier, créateur de lumières, et son assistant Grégory Grosjean, Michèle Anne décide de prendre pour point de départ la scénographie – la neige qui tombe – et » d’entrer dans les matières » pour offrir un spectacle de sensations et un monde irréel, illustré par le côté » monumental » de Beethoven, le deuxième mouvement (allegretto) de la Septième Symphonie. Sur cette bonne base, l’écriture de la danse a en quelque sorte coulé de source. » Il y aura six danseurs, trois hommes et trois femmes, poursuit la chorégraphe. Le spectacle, en noir et blanc, se déroulera à l’intérieur d’un » aquarium « . Un rideau transparent séparera le plateau du public pour le protéger d’une tempête de neige ! On n’est pas dans les nouvelles technologies. On a travaillé d’une façon très artisanale. Tout se jouera autour des matières et des sensations. Le spectacle produira des effets grandioses, hypnotiques, féeriques. » Une grande fête en perspective.
La fête, Michèle Anne l’a dans les gènes. Née le 21 juillet 1959 – le jour de la Fête nationale -, elle grandit au c£ur de la Cité Floréal, à Watermael-Boitsfort/Bruxelles, dans une atmosphère conviviale, simple et extrêmement heureuse. » Avec la famille et les voisins, on a vécu dans le partage constant et dans l’échange global. Je me souviens des innombrables fêtes, animations dans des maisons de retraite, spectacles, déguisements et amusementsà Des éléments fondateurs de ma future destinée. «
A l’âge de 16 ans, Michèle Anne est acceptée à Mudra, école de danse créée en 1970 par Maurice Béjart. Les parents n’opposent aucun frein, ils ne souhaitent qu’une chose : que les enfants se réalisent dans le bonheur. La jeune fille danse à Paris, interprète des chorégraphies, dont les célèbres Rosas danst Rosas, d’Anne Teresa De Keersmaeker, sa grande complice. Puis se lance elle-même dans la chorégraphie, fonde sa propre compagnie, conduit, dans le cadre de Bruxelles 2000, un projet pilote avec des enfants de l’école en Couleurs qui aboutit à la présentation du Sacre du Printemps de Stravinsky, collabore intensément avec son frère Thierry, musicien et cinéaste, avec qui elle imagine les premiers spectacles » transversaux » et ne cesse d’enchaîner les créations (environ une trentaine !).
Depuis 2005, Michèle Anne codirige Charleroi/Danses, avec Vincent Thirion, le chorégraphe Pierre Droulers et son frère Thierry. » Nous n’avons pas de troupe, juste une équipe technique. Notre but est de promouvoir la recherche, encourager la spécificité et les nouvelles écritures, présenter des spectacles pertinents et générer un réseau international. Au bout de quatre ans, le bilan est hyperpositif. Nous constatons que l’intérêt pour la danse va grandissant. Il est vrai que, dans notre société, l’expression du corps est de plus en plus au centre des intérêts. Et puis, Béjart est passé par ici à «
Carnet d’adresses en page 69.
Barbara Witkowska
» La neige est, pour moi, l’élément naturel le plus magique. Froide, sourde et silencieuse, elle révèle et fait disparaître les choses, titille nos sens, notre inconscient et notre imaginaire. «
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