Cosméto-food
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C haque jour, il en pleut comme des panettones à Noël. C’est simple, on ne sait plus où donner des papilles. Toutes de volupté, de sensualité, de couleurs et de goûts. Sucrées, salées, pimentées, poivrées, réglissées, épicées… Pas radins pour deux cents, les éditeurs multiplient les tentations gastronomiques. Les recettes se déclinent en mille facettes créatives d’une nouvelle carte du tendre gastronomique irrésistible. On craque. Et de plonger avec délice dans de nouvelles aventures culinaires toutes plus lyriques les unes que les autres.
Oui mais, et le sacro-saint régime dans tout ça ? Car dans notre société d’abondance, de choix multiples pas question de laisser libre cours à ses envies, ses désirs. Rester mince, c’est faire la preuve que l’on maîtrise son corps, tout le contraire de l’obésité ô combien fustigée et pointée aujourd’hui comme une forme d’ignorance, d’irresponsabilité tant à l’égard de soi-même que des autres. Désormais, le mot d’ordre subliminal asséné par notre cocon social, au nom de la santé, de l’économie, de l’éthique, du bon goût et j’en passe, c’est de réfléchir avant de manger. Plus question de se précipiter sur le premier baba venu, au risque de passer pour un bien piètre citoyen. Résultat : on ne sait plus où donner de la tête. Un jour on est tout fier de manger sain, le lendemain on festoie (il faut bien se laisser aller de temps en temps), pour ensuite militer en consommant éthique, et sombrer, in fine, dans le bien peu enthousiasmant régime-minceur. Bref, on se noie dans une véritable bouillabaisse pas du tout digeste.
Car il est bien difficile de maîtriser sans cesse ses pulsions gourmandes. Mais pas de panique ! Jamais à court d’idée, l’homme du xxie siècle a déjà trouvé la parade : la cosméto-food. On ne peut plus se gaver de crème fraîche, de tarte aux fraises, de riz au lait ? Peu importe, on va s’en tartiner. Le visage, le corps… pas la moindre parcelle qui échappe à ces nouvelles petites douceurs. Les femmes sont au régime ? Les voilà autorisées, encouragées même à compenser avec des fantasmes alimentaires tout nouveaux créés par la cosmétique. Sans prendre un gramme ou avaler UNE calorie ! Une manière futée de récupérer, à peine vu et connu, cette nouvelle frustration du goût devenue obsession. Et puis, comme plus personne ne veut grandir, encore moins vieillir, les poudres à la vanille, les gloss à la framboise, quelles trouvailles ! D’autant plus séduisantes qu’elles nous entraînent en ligne directe dans le monde magique de l’enfance, ce temps béni où toutes les gâteries étaient permises, le chocolat, les mokas et les merveilleux en prime !
Christine Laurent
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