Créateurs de bijoux arty

Barbara Witkowska Journaliste

Concepts uniques et design graphique… Ces trois créateurs nous emballent. Déjà stars à Londres, à Paris et à New York, Florian Ladstätter, Scott Stephen et Taher Chemirik,s’apprêtent à conquérir la Belgique. Portraits.

L’imagination éclectique de Florian Ladstätter

Ce qu’on aime. Son mélange audacieux des matières, ses volumes imposants, ses concepts novateurs et ses couleurs époustouflantes. Résolument mode et moderne.

Ses hits. Pour l’hiver, Florian Ladstätter continue à interpréter son imposant collier de boules volumineuses, l’un de ses best-sellers. La résine légèrement translucide se colore de nuances violettes, lilas ou améthyste, raffinées et ravissantes. Ailleurs, les boules brillantes cohabitent avec des sphères d’or satiné. L’or illumine aussi le noir profond, toujours présent. Les colliers en chaînes sont revisités avec de nouveaux maillons en métal aux finitions soignées dans un camaïeu bleu nuit. Le travail sur le bois doré se poursuit avec cette étonnante et spectaculaire parure pectorale en forme d’écharpe. Luxuriante et sensuelle, la collection Fleurs du Mal, plébiscitée la saison passée, titille l’imagination avec de nouvelles formes organiques et de sculptures phalliques. Dans un registre totalement différent, l’artiste expérimente la brique Lego® et lui invente des applications inattendues, tels un étui pour téléphone portable ou des bottes de sept lieues.

Son parcours. Natif d’Autriche, Florian Ladstätter étudie d’abord la conception de produits en métal à l’Université des arts appliqués de Vienne puis enchaîne avec… la philosophie à Munich. Inutile, cependant, de chercher des notions, des concepts ou des messages philosophiques dans ses £uvres. Il n’y en a pas. Que ce soit dans le bijou, dans la sculpture, dans la vidéo ou dans la photographie, son expression est purement esthétique et explore admirablement les contrastes (ou les harmonies) des matériaux, des couleurs, de l’ombre et de la lumière.

L’opulence baroque de Scott Stephen

Ce qu’on aime. Son côté rétro chic qui évoque à la fois les étoffes les plus précieuses du passé et l’ambiance aristocratique des films de Luchino Visconti.

Ses hits. Ses colliers et ses longs pendants d’oreille relèvent de l’artisanat patient et minutieux digne de la haute couture. Scott Stephen choisit de grosses perles dorées ou nacrées. Il les recouvre de fine dentelle Chantilly, d’un délicat tulle de soie ou d’un velours chatoyant, puis il y pique artistiquement des microsequins, des cristaux multicolores ou de minuscules hématites. Un travail de bénédictin qui demande parfois cinq heures pour confectionner une seule perle ! Sa ligne d’accessoires se veut ostentatoire à l’extrême. Les chapeaux, les sacs, les épaulettes ou les parures de tête sont conçus selon le même principe de  » luxuriance frivole, d’exotisme bohémien et de grandeur majestueuse « .

Son parcours. Il est né à Dundee, en Ecosse, ville connue pour son riche passé et patrimoine textiles. Après les études d’impression sur étoffe à l’école des Beaux-Arts, il est embauché par Mantero, le fabricant italien de tissus de luxe qui fournit, notamment, Jean Paul Gaultier et Christian Lacroix. Dans les ateliers traînent des bouts de soie Yves Saint Laurent et des morceaux de tweed Chanel. Scott Stephen s’en empare et les transforme en broches volumineuses, somptueuses et ultrasophistiquées. Elles donneront le coup d’envoi au concept de ses futures collections, intimement liées à l’univers de la haute couture.

Les joyaux attachants de Taher Chemirik

Ce qu’on aime. L’architecture légère et cérébrale de ses bijoux, liée à une extraordinaire sensualité. Et aussi ses inspirations quasi surréalistes : la couleur céladon d’une vieille cuisinière des années 1950 est à l’origine des émaux de sa nouvelle collection.

Ses hits. Fins, précieux et modernes, les colliers sont composés avec des anneaux plats de formes libres et irrégulières. L’émail bicolore, vert céladon et bleu ciel ou vieux rose et taupe, se mêle à l’or. Un détail en ébène ou encore une belle pierre brute s’invitent par touches. Le ruban d’or est l’autre marque de fabrique de Taher Chemirik. Long de 1,50 m, il s’enroule autour du poignet ou s’accroche en cercles et volutes à l’oreille. Les bracelets sont volumineux. Un médaillon en émail blanc ou en ébène, cerclé d’or, décore une belle manchette. Des bracelets boules se portent par deux – voire par trois -, reliés par de fines agrafes en or. La bague aux proportions parfaites arbore un duo de sphères, une perle en or et une perle de Tahiti.

Son parcours. Pendant ses études aux Beaux-Arts à Alger puis aux Arts décoratifs à Paris, il s’immerge très vite dans la vie professionnelle : en créant des robes d’apparat pour les belles de Dubaï, en dessinant des costumes et accessoires pour la Comédie-Française. Taher Chemirik travaille comme décorateur pour Ralph Lauren puis se consacre à sa passion des bijoux. Balenciaga, Jean Paul Gaultier, Ungaro et Tom Ford lui passent de nombreuses commandes avant qu’il ne se lance enfin à son compte et affirme son propre style, subtil, délicat et extrêmement sensuel.

Carnet d’adresses en page 112.

Barbara Witkowska

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content