FEE DU LOGIS : LA REVANCHE
Bien sûr, ça peut surprendre. On est bien loin du cache-poussière et des vieilles savates. Quand elle fait son ménage, la très branchée Rita Konig enfile tout simplement un slip, un balconnet et des gants en caoutchouc. Et c’est pieds nus qu’elle traîne son aspirateur dans les coins et recoins de son appart londonien. Puis vient le moment du bain (jamais de douche, bien trop austère), véritable récompense pour tant de travail fourni. Normal. Dans le pays de Sa Gracieuse Majesté, il y a d’abord l’effort, puis seulement vient le réconfort.
Rita Konig, 29 ans à peine, tient une très inattendue rubrique » ménage » dans les sélects » Vogue » anglais et » Sunday Times « . La fille de la célèbre designer Nina Campbell a publié aussi, il y a quelques mois, un ouvrage très remarqué destiné à la parfaite petite maîtresse de maison. » Domestic Bliss. How to live » (éditions Ebury Press) se veut un guide pratique de philosophie et de sérénité domestiques (sic). Ses véritables passions. Rita y prodigue mille et un conseils qui, s’ils étaient suggérés par d’autres gourous, sembleraient tout droit sortis du code de bonne conduite de la future épouse distillé dans certaines écoles il y a cinquante ans. La différence ? C’est que Rita appartient à la jet-set, habite le quartier hype de Ladbroke Grove et alimente régulièrement la rubrique mondaine des magazines pipole.
Comment bien vivre dans sa maison ? En s’adonnant au minimalisme zen ? En ayant l’air de ne pas y toucher ? En la confiant à une femme de ménage ? En appelant régulièrement un traiteur ? Bref en vibrant au rythme de vie intense des trentenaires d’aujourd’hui ? Tout faux. La prophétesse de la gestion domestique moderne nous invite à nous entourer de bouquets de fleurs, de photographies punaisées un peu partout, d’odeurs raffinées (elle prend soin de verser quelques gouttes de parfum dans son fer à repasser). Elle recommande, aussi, l’achat d’un voluptueux sofa et l’installation de lumières flatteuses dans la salle de bains, histoire d’éviter la déprime le matin au saut du lit. Pas chiche pour deux sous, et toujours prête pour accueillir l’imprévisible (elle renouvelle régulièrement ses paquets de biscuits), elle nous apprend même comment faire plaisir à notre homme et neutraliser avec de la vodka une tache de vin rouge sur une nappe blanche. Une vraie petite fée du logis. De quoi faire rendre leur tablier à bien des féministes des sixties. Mais pas de panique, ça passera, c’est tendance.
Christine Laurent
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