La balle au bond

Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

L’ancien footballeur pro est aujourd’hui l’une des figures marquantes du monde de l’événementiel bruxellois. Celui qui rêvait d’être architecte revient avec une mouture améliorée de la  » Martini Terrazza « , le 15 mai.

Jamais (vraiment) à sa place. Parce que bardé d’étiquettes qui ne s’emmanchent pas. Footballeur pro, il était aussi l’universitaire, le commerçant et le festoyeur notoire. Promoteur d’événements, on lui colle son fantôme de sportif aux basques.  » Même quand j’ai présenté une émission de football sur Belgacom TV, on m’a reproché de ne pas être journaliste.  » Trajectoire biscornue que celle de Daniel Camus.

Plutôt beau mec, visage économe en angles, coupe courte, chemise cintrée. Sur son bureau, installé à Uccle, deux bouteilles d’Heineken style champagne. Daniel Camus peine à masquer sa fatigue. Fin de journée. Fin de semaine aussi. Et contexte propice à la grimace. Sa boîte d’événements, 5ème Saison, traverse la crise en boitillant : la plupart des avoirs de la société, récemment entrée en Bourse, se trouvaient sur des comptes de la banque islandaise Kaupthing, toujours en quête de salut. Coup de mou pour celui à qui l’on doit quelques concepts délibérément éphémères, mais bien ancrés dans le paysage de la  » trendy attitude  » version plat pays : les chics soirées  » Wooomen on Top « , les aériennes  » Cointreaupolitan « , les lounge  » Terrace Beach « ,  » Winter Terrace « à Ou encore  » Martini Terrazza « , de retour ce vendredi 15 mai sur l’avenue de la Toison d’Or, à Bruxelles : un espace de détente estivale mi-ouvert, mi-couvert (la terrasse a été redessinée tout spécialement pour contourner le capricieux climat belge) à l’effigie de la boisson apéritive chère à George Clooney.

Pour le grand public, Daniel Camus, c’est avant tout le pro, parfois controversé, du ballon rond. Dix-sept années de haut niveau, entre la Belgique et l’Allemagne. Une fin de parcours en 2007, mais une reconversion mitonnée à la racine des crampons.  » J’ai vu trop de carrières brisées prématurément pour ne pas m’inquiéter de l’après-football. « 

Côté face, ce débrouillard – trop turbulent pour l’internat, il kote dès l’âge de 15 ans – grimpe, toujours à l’adolescence, en multipliant les jobs, les échelons noctambules d’une boîte bruxelloise. Pour des raisons financières d’abord. Par attrait pour la nuit ensuite.  » Ce n’est pas pour rien si je connais bien ce monde. « 

Côté pile, et le fait est plutôt rare dans nos stades, ce natif de Sambreville décroche une licence en Sciences sociales à l’ULB, grâce à des horaires largement aménagés. L’oiseau de nuit jouera dès lors le double emploi à Gand, où il est transféré en 1997 : footballeur età commercial. Il apprend les rouages, dégote les contacts, démarche les sponsors. Là encore, l’expérience s’accumule. Pas rassasié, Daniel Camus ouvrira une, puis deux boutiques d’ameublement et de décoration. Grand écart, encore.  » J’ai toujours rêvé d’être architecte, de dessiner des plansà « 

Son amour pour le design, pour le beau mobilier, il le transposera dans ses créations d’événements, notamment en 2008 à la  » Terrace Beach  » de Knokke.  » Ma plus grande fierté au niveau design.  » Cette histoire-là démarre par une décoration florale de l’Elysette, le lieu de résidence du gouvernement de la Région wallonne, à Namur, durant les Fêtes de Wallonie. Le grand sachem sudiste de l’époque, un certain Jean-Claude Van Cauwenberghe, l’encourage à déborder vers l’événementiel, un créneau florissant. 5ème Saison naît en 1999. Sauteries  » corporates  » d’abord, soirées massives ensuite : son premier essai, l' » Ultima Ice White Night « , tourne au fiasco. Apprentissage. Avant le succès. Et ce projet ambitieux : la création, d’ici à 2010, d’un club international pouvant accueillir 2 000 personnes dans le centre de Bruxelles. En attendant, 5ème Saison a décidé, pour élargir le spectre des options en temps de crise, de miser sur le culturel et les grand-messes sportives.

A 37 ans, papa d’un gamin de 7 ans, Daniel Camus prend, quant à lui, une nouvelle fois la tangente : c’est désormais le poker, passion qu’il partage avec sa compagne Lygie, qui lui fait briller les yeux. Piqué au jeu – au sport, pardon -, il s’est qualifié pour les championnats d’Europe de Monte-Carlo.  » Le poker, c’est l’American dream « , lance-t-il.  » Belgian dream « , vit-il.

Guy Verstraeten

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