L’art comme sens de la vie
Depuis plus de vingt ans, ce galeriste bruxellois exigeant et généreux nous fait partager sa passion pour le meilleur de l’art. Au programme de 2009 : une confrontation improbable entre les artistes contemporains Daniel Buren et Pae White.
Un coup d’£il circulaire sur le vaste espace épuré et silencieux et voilà que le tumulte de la vie extérieure s’apaise. Ici, dans la zone privée de sa galerie éponyme, Xavier Hufkens a réuni quelques rares £uvres complices de son état d’esprit du moment. Le regard s’attarde sur un dessin de la grande plasticienne Louise Bourgeois. Un opus signé de Willem De Kooning (1904 – 1997), le père de l’expressionnisme abstrait, contemple Antinous, l’inscription en lettres dorées appliquées sur le mur blanc, hommage de l’artiste américain Jack Pierson à la beauté » divine » de l’amant de l’empereur Hadrien. On se sent envahi par un état de grâce, aspiré par une sérénité douce et paisible.
Quand Xavier Hufkens apparaît, les lieux s’animent, l’espace se charge d’énergie positive. Yeux bleus pétillants, sourire enthousiaste, il parle avec chaleur de la passion qui gouverne son existence. » Je m’amuse tous les jours, confie-t-il. Le matin, quand je me lève, je ne vais pas au boulot, je vais vers ma passion. «
Pour commencer 2009, il a réuni un travail in situ du peintre et sculpteur français Daniel Buren et des £uvres récentes de l’Américain Pae White (lire aussi pages 30 et 31). D’une part, une rigueur absolue doublée d’une énorme sensibilité visuelle. D’autre part, une £uvre ludique et colorée, oscillant entre l’art et le design. » Il est intéressant de faire découvrir au public cette association qu’il n’attendait pas « , épingle le galeriste. Pour suivre, on pourra re(découvrir), grâce à lui, deux » grosses pointures » belges : le photographe, sculpteur et vidéaste Michel François puis le peintre et sculpteur Thierry De Cordier.
Xavier Hufkens, concentré et disponible, se penche sur son destin qui se construit dès l’enfance, à Hasselt. Ses parents sont » formidables « . Un père industriel, très généreux, et une mère » femme de goût « , toujours extrêmement bien habillée, créative et pleine d’humour. Ils montrent la voie en lui inculquant le goût pour l’art, le sens des contacts humains et l’amour de la liberté. » Quand j’étais petit, mon père m’emmenait pour une journée à Londres. Le matin, il me déposait dans un musée, allait travailler puis me récupérait le soir. «
Son apprentissage s’est fait ainsi, dans les musées, puis à travers expositions, discussions et livres d’art. Mais pour Xavier Hufkens, l’art est davantage qu’une passion. » C’est ma compréhension du monde, souligne-t-il. Elle passe par le regard que je porte sur les £uvres d’artistes. «
En 1987, à l’âge de 22 ans, sur un coup de tête et avec l’insouciance propre à la jeunesse, Xavier Hufkens ouvre sa première galerie à Saint-Gilles à Bruxelles. Ses choix d’artistes s’avèrent pertinents. Amateurs d’art et connaisseurs affluent. Pour se rapprocher des collectionneurs, il déménage, quatre ans plus tard, vers le quartier Louise, plus huppé. Succès oblige, l’élégant hôtel particulier devra être agrandi. L’espace d’exposition s’étend aujourd’hui sur 1 200 m2.
» En choisissant des £uvres diamétralement opposées, je veux rendre visible l’immense richesse et l’éclectisme de l’art contemporain. L’art est un regard sur le monde, c’est un outil qui rend la vie de tous les jours possible, martèle Xavier Hufkens. J’invite tout le monde à pousser la porte de la galerie, l’entrée est libre. Chacun est le bienvenu, y compris les enfants. J’insiste toujours sur leur présence, car si l’on croit que l’art rend le monde meilleur, nous avons la responsabilité d’amener nos enfants dans les musées et les galeries. «
Carnet d’adresses en page 63.
Barbara Witkowska
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