Le Maître Architecte bruxellois

Barbara Witkowska Journaliste

La Région bruxelloise vient de nommer son premier Maître Architecte. Olivier Bastin a reçu pour mission de définir la vision et la qualité urbanistiques de la capitale. Un vaste chantier qu’il entame avec ferveur.

La prestigieuse fonction s’inspire du modèle néerlandais de  » bouwmeester  » (instauré il y a vingt-cinq ans), importé en Flandre à la fin des années 90. Elle n’existe pas encore en Wallonie mais Bruxelles suit déjà l’exemple en accordant le titre de Maître Architecte à Olivier Bastin. Belle récompense pour cet homme de l’art de 51 ans, auteur de projets publics ambitieux qui revendiquent toujours une dimension culturelle et artistique.

Content ? Oui. Mais surtout impatient de bosser et de relever le défi.  » Ce n’est pas uniquement une fonction honorifique. Je serai entouré d’une équipe de cinq personnes de très grande compétence. Notre mission sera de garantir la qualité des projets publics dans la Région bruxelloise, issus des pouvoirs régionaux ou établis dans le cadre des accords Beliris, pour assurer la vision urbanistique harmonieuse et cohérente de la capitale. Il y a une grosse attente dans ce domaine-là depuis des années « . Olivier Bastin continuera toutefois à £uvrer au sein de l’atelier des architectes l’Escaut où l’on s’affaire, notamment, à mettre la dernière main au projet Cheval Noir : la rénovation des anciennes brasseries situées rue du Cheval Noir, à Molenbeek. Flanquées d’une tour nouvellement construite, elles serviront, dès ce printemps, de logements et d’ateliers pour artistes.

Né au Congo, Olivier Bastin découvre la Belgique à l’âge de 2 ans. L’enfance se passe à Charleroi.  » J’y ai laissé mon c£ur.  » Sa première vocation de psychologue fait long feu. Il quitte l’UCL au bout de trois mois. Un ami lui conseille l’architecture. A l’institut Saint-Luc, à Tournai, il est dans son élément. Surtout quand il rencontre l’architecte Gérard Béthune qui lui ouvre les yeux sur l’art, passion qui ne le quittera plus jamais. Diplôme en poche, ses premières réalisations architecturales le laissent un peu sur sa faim, alors il fait une incursion dans le monde du spectacle et travaille pendant deux ans comme scénographe et régisseur à l’Atelier Sainte-Anne, à Bruxelles.

En 1989,  » tout se resserre en même temps « . La rencontre avec Philippe Van Kessel, directeur du Théâtre National, débouchera sur la nouvelle construction de la grande institution culturelle – boulevard Jacqmain, au c£ur même de la capitale – recouverte d’une étonnante façade en rideau de verre, très médiatisée lors de son inauguration en 2004. En 1989 aussi, Olivier Bastin initie l’atelier des architectes l’Escaut.

Le boom immobilier de l’époque lui donne l’opportunité d’acquérir les anciens dépôts d’une entreprise de transports internationaux situés à Molenbeek. La bâtisse est vaste et se déploie sur quatre plateaux. Très proche des artistes, fortement impliqué dans la mouvance culturelle de son temps, Olivier Bastin s’installe au dernier étage et met les autres plateaux à la disposition des artistes. Le CIFAS (Centre International de Formation des Arts du Spectacle) profite de l’hospitalité pendant plusieurs années puis cède la place à la troupe Charlie Degotte. Depuis 2008, le collectif Vrac a pris la possession des lieux.

La vie partagée avec les artistes crée des synergies intéressantes avec les recherches en architecture. Un exemple ? La rénovation par petites touches du Musée de la Photographie à Charleroi, puis la construction d’une extension a modifié complètement le profil du bâtiment pour l’inscrire davantage dans le quartier.  » Tous les projets de l’Escaut ont une dimension sociale, politique et culturelle. Notre réflexion porte toujours sur tout un ensemble pour contribuer à réveiller la dynamique locale. « 

Barbara Witkowska

Charleroi ?  » J’y ai laissé mon c£ur. « 

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