Le pari parfumé éco-friendly
La parfumerie de qualité utilise encore un très grand nombre (environ 190) de filières naturelles comme le jasmin, l’iris, la fleur d’oranger (2.), la lavande (1.), la fève tonka, le bois de santal (4.) ou le benjoin. » Givaudan est l’un des leaders de l’industrie de la parfumerie et il est de notre responsabilité de préserver ces filières, explique Remi Pulvérail (6.), responsable des achats des matières premières naturelles de la société. Or, certaines d’entre elles sont menacées par l’instabilité politique du pays ou des cueillettes sauvages. Notre devoir est de répondre à des risques environnementaux ou sociaux en mettant en place des programmes susceptibles de protéger ces ressources à long terme et pouvoir continuer dans le futur à créer des parfums uniques et de qualité. »
Une » nouvelle » fève tonka. Le programme GIN (Givaudan Innovative Naturals) réunit deux volets : achats éthiques de matières premières naturelles et recherche-développement de nouvelles matières qui pourront enrichir la palette des parfumeurs. Le premier opus a démarré en 2007, au Venezuela, pour encadrer l’approvisionnement en fèves tonka dans le bassin de la rivière Caura. Il est mené en association avec Conservation Internationale, une ONG américaine qui connaît bien la forêt amazonienne et les populations locales.
Guillaume Flavigny (5.), l’un des parfumeurs de Givaudan, a passé plusieurs jours au Venezuela. Il y a donné un coup de main aux sarapieros qui récoltent les fèves. » L’odeur de la tonka, douce et moelleuse, se développe très vite lors du séchage à l’air libre, s’enthousiasme-t-il. L’idée m’est venue de torréfier les graines. J’ai ainsi obtenu une facette plus moelleuse et caramélisée, avec une note de croissant beurré. La tonka torrefiée (3.) est une vraie révolution. Elle est l’aboutissement d’un nouvel accord gourmand, pas sucré et très addictif, rassurant et confortable. » De retour à Paris, Guillaume Flavigny a composé une superbe fragrance avec cette nouvelle matière première. Une maison importante s’y intéresse déjà de très près. La sortie n’est prévue qu’en 2010… et le projet est secret-défense.
Benjoin et santal : des filières durables. Très récemment, les projets d’encadrement de l’approvisionnement en benjoin au Laos et en santal en Australie ont démarré. » Sur chaque filière le travail est différent et sur mesure, il n’y a pas de recette standard, souligne Remi Pulvérail. Notre but est d’engager des partenariats avec des sociétés bien établies, solidement impliquées dans le développement durable. En Australie, nous travaillons avec Steve Birkbeck, fondateur de Mount Romance qui se bat pour la reconnaissance de la culture et de l’art des aborigènes. Ces derniers récoltent une qualité particulière de santal qui nous intéresse. Ils toucheront des royalties sur chaque kilo d’essence de santal qu’on leur achètera. Au Laos, nous sommes en partenariat avec la société Agroforex et avons financé la construction d’une école pour 100 élèves. » Et les projets de Givaudan ne s’arrêtent pas là. D’autres matières sont en évaluation : le baume de l’arbre copahu au Venezuela, le gingembre rouge au Laos…
Barbara Witkowska
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